Otinel

Geste

Otinel: Transcription du témoin M (fragment de Mende, BnF, nouv. acq. fr. 5094) de la Chanson d'Otinel , éd. par Jean-Baptiste camps, , France Paris Bibliothèque Nationale de France Département des manuscrits Nouvelles acquisitions françaises 5094-II France Mende Archives départementales G 236 M Chanson d'Otinel Chanson d'Aspremont Angleterre fin du XIIe ou début du XIIIe siècle

  1. dDe queiı fraɑnceiısſ unt liı plusſur envuiı́e .
  2. ............esſt laɑ leiı empliı́ .
  3. ..ptiıze .....aɑvuez vostreurẽ leiı gerpiı́e .
  4. prenez meaɑ fiılhe beliısſsſent aɑ aɑmiı́e ;
  5. purR liı vuosſ doiınsſ vuercelesſ e iınoriı́e1 ,
  6. chaɑsſte .2 e plaɑcence,melaɑ .3 e paɑvuiı́e .4
  7. siıre sſerez de tute lum̃baɑrdiıe .
  8. oOtiınel l'ot,vuersſ laɑ ter͛re sſe pliı́e,
  9. lLesſ piıez luiı beiısſe,formeñt sſe humiıliı́e :
  10. siıre faɑiıt iıl ço ne rufsſ jıo miı́e,
  11. siı laɑ pucele cum̃maɑnde e jıo l otriıe .
  12. dDiısſt beliısſsſaɑnt :e jıo me tiıent pur gariı́e ;5
  13. dDe bon maɑrriı ne me deiı́t pesſerR miı́é .
  14. lLaɑ meiı aɑmurR n'ert jJaɑ vuersſ luiı́ guenchiı́e .
  15. dδiıt otiınel :quaɑnt vuus esſtesſ m'aɑmiı́e,
  16. pur laɑ vostreurẽ amur fraɑiı jıo chevaɑleriı́e
  17. dDevuaɑnt aɑtiıliı́e6 aɑ m'esſpéé forbiıéé .
  18. mMort sſunt paɑen quaɑnt aɑiı baɑptesſmeriı́e .
  19. dDreiız empereresſ aɑ vuus com̃maɑnt m'aɑmiıe
  20. tresſke nosſ vuenum̃sſ aɑl pleiınsſ de lLumbaɑdiı́e .
  21. lLesſ nocesſ sſerrunt7 aɑprez toz aɑteliı́e,
  22. qQuaɑnt aɑvueraɑiı8 mort l'emperur9 gGaɑrsſiı́e ..10
  1. dDen sſun paɑlaɑiısſ enest liı reiısſ muntez,
  2. ciısſ graɑnz baɑrnaɑgesſ aɑpresſ luiı esſt aɑlez ;
  3. lLiı maɑngiı́r esſt presſt e cuñrez11 ;
  4. ciıl le maɑngerent aɑ quiı iıl fudδ donez .
  5. apresſ liı sſupersſ esſt liı vuiınsſ aɑportez
  6. enz en laɑ chaɑm̃bre uv liı reiı́sſ esſt entrez .
  7. dDormiırR sſ'en unt12 .;13 sſiı unt lesſ husſ fermez
  8. dδesſque aɑl demaɑn que liı sſoleiıl est levuez .14
  9. lLiı reiı sſe liı́vue siı15 aɑdδ sſesſ baɑrunsſ maɑndez ;
  10. sur une table dDe sſaɑniı́e16 esſt muntez,
  11. tiınt un baɑsſtun tut aɑ or néélez :
  12. seiıgnrursſ ço diı́t un petiı́t m'aɑtendez !
  13. consſeiılliı́ez meiı́ kaɑr fere le devuez
  14. dDel reiı gaɑrsſiı́e dunt vusoiı l'aɑvuez,
  15. kiı paɑr laɑ force esſt en maɑ ter͛re entrez .
  16. mMesſ chaɑsſtelsſ aɑer e briısſe me ciı́tez :
  17. Jaɑ ert desſtruiıte sſeiınte criısſtiıentez .
  18. iJrum nosſ iaɑiınz que vuenge esſtez,
  19. uv nusſ aɑtendrum desſque iıvuerR sſet paɑsſsſez ?
  20. dDiıent fraɑnceiısſ :de mer͛vuelle paɑrlez .
  21. celuiı n'iı aɑ aɑdδ tut ne sſeiı́t aɑpresſtez .
  22. mMaɑl erent autresſ termesſ noméz !
  23. siı erent,faɑiı́t kaɑrlesſ sſiı vuosſ tuz le loéz,
  24. a l entréé de aɑveriıl,quaͣnt maɑrz iıret paɑsſsſéz
  25. pPur laɑ meiı aɑmur loresſ vuosſ aɑpresſtez .
  26. dDiıent fraɑnceiısſ :sſiı cum̃ vuosſ com̃mondez .
  1. nNosſtre emperere faɑiı́t esſcriıre lesſ briıefsſ,
  2. paɑr sſun enpiırRe traͣmet lesſ mesſsſaɑgiı́ersſ,
  3. qQue ne remaɑiınent neiısſ un chevaɑliırRs,
  4. nNe hum̃me aɑ piı́é,ne aɑrchiır,ne aɑrblaɑsſtiıersſ,
  5. qQue dδunc ne vuiıenge ;e kiı n'iı put aɑlerR
  6. a sſeiınt deniı́se rende iıiıiıiı deniıersſ .
  7. oOre vuaɑ decebre,sſiı est paɑsſsſé genviıerRsſ17 ,
  8. fevuerRiıerR18 e maɑrz,e vuiınt liı tensſ liıgersſ .
  9. aɑ paɑriısſ esſt nostrenrẽ emperere fiıersſ,
  10. lLiı dunze perR,rRollaɑnt e oliıvuiırsſ
  11. e aɑnsſeiı̈sſ .,giırondδ .e engelersſ,
  12. esſtut de lengresſ e turpiın e guerriı́ersſ,19
  13. e nemesſ liȷ20 duc e liı daɑneiız ogiıersſ .
  14. aɑsſ graͣnz fenesſtresſ un miısſ lur chiıésſ ;
  15. e vuiırent vueniı́r aɑlemaɑnsſ e baɑiıvuersſ
  16. e loerengsſ,celsſ aɑsſ curaɑgGesſ fiıersſ,
  17. eagGevuiınsſ21 ,gaɑsſcunsſ e berruiıersſ22
  18. e petevuiınsſ e provuencelsſ lesſ guerriıersſ
  19. e burguiınusſ eflaɑmencsſ e puhersſ,
  20. dDe nNormaɑndδiı́e laɑ flur desſ chevuaɑliırsſ .
  21. bBretunsſ23 iı́n vuiı́eneñt aɑsſ esſcuz aɑ quaɑrtiıersſ,
  22. en desſtre meneñt lesſ aɑnfaɑnsſ24 desſtriıesſ .
  23. celuiı́ n'iı aɑdδ nen aɑiı́t quaɑtre esſqüiıersſ,
  24. siı mesſtiıer25 unt,dunt iıl frunt chevaɑliı́rsſ .
  25. dDe sſuz muñt maɑrtre sſ'aɑünent aɑ miılliıersſ .
  26. [ col. b ]
  1. lLe premiı́r jıor d'aɑvuriıl quaɑñt l'aɑub est÷ esſclaɑriıe,
  2. mMunte liı rReiısſ en sſaɑ chevuaɑleriı́e .
  3. dDe paɑriısſ vuiı́nent,sſiı vuunt aɑ sſeñdeniısſe,
  4. lLe congiı́é pernent,sſiı unt laɑ vueiıe aɑcuiılliı́e .
  5. pPlurent sſesſ daɑmesſ,sſiı maɑldiıent gaɑrsſiı́e .
  6. sonent cesſ corsſ,kiı unquesſ en aɑiıt enviı́e .
  7. or26 sſ'en vueiıt liı reiı́ en lum̃burdiı́e .
  8. lLi duc rRollaɑnt aɑl premiı́r chiıf lesſ guiı́e,
  9. dDe reiıre est nemesſ odδ laɑ baɑrbe fluriı́e .
  10. mMesſ otiınel n'iı vuolt leiısſiı́er sſ'aɑmiı́e ;
  11. bBeliısſsſent munte sſur hun mul de hungriı́e,
  12. kiı plusſ tot vueiıt l'aɑmblüer sſerriı́e
  13. qQue paɑr lamer ne vueiıt nef ne gaɑliı́e .
  14. set cenz baɑrunsſ aɑdδ aɑ sſaɑ mesſniı́e burniı́e,
  15. tot jJufne gent de graɑnt chevuaɑleriı́e .
  16. or27 iısſsſent de fraɑnce e burgnuiıe28 unt gerpiı́e,
  17. paɑsſsſent munguiı́ laɑ fiı́re compaɑiıgniı́e .
  18. iJsſsſent desſ munz sſiı vuiınent aɑ iı́vuoriı́e ;
  19. dDe sſuz vuercelesſ paɑsſsſent aɑ naɑvuiı́e ;
  20. mMunferaɑnt muntent sſiı vuiıent aɑteliı́e,
  21. lLaɑ forte ciıté uv esſt laɑ gent haɑiı́e .
  22. dDesſuz29 munpoum pernent herber͛geriı́e,
  23. dDelez l'ewe del ton en laɑ praɑrriı́e .
  1. nNosſtre enperere30 fet franceiısſ aɑresſterR,
  2. dDesſuz l'ewe de ton lesſ faɑiıt osſtelerR .
  3. uviı́t31 jıurz pleniıersſ lesſ ifet demurerR
  4. lLur chevaɑlsſ funt sſeiı́ner e reposſé32 ,

  • 1. les leçons Inorie de M, et Morie de B, pour Ivorie (Ivrée), sont fautives mais trop proches paléographiquement pour engendrer des conclusions généalogiques trop fermes.
  • 2. il est délicat de rétablir la leçon originale de ce mot. Si l'on suppose pour la ville d'Aoste une forme avec hiatus (Aüste), on se retrouverait avec un premier hémistiche hypermétrique. Toutefois, une forme disyllabique comme Uste (var. Anste, Ostes, Jouste) est attestée dans la tradition de la Chevalerie Ogier I: Enfances (v. 278)).
  • 3. Langlois («Deux fragments…») a lu Tuela.
  • 4. le vers est faux dans BM; on peut peut-être supposer que le deuxième hémistiche prenait la forme e Melan e Pavie.
  • 5. comme ailleurs, WOt donne une traduction très proche; il propose pour ce vers «Je suis d'accord, dit-elle, et désormais j'ai trouvé satisfaction (iechyt)»; ce mot peut également désigner le salut ou la santé, sens que l'on peut aussi retrouver dans le verbe français. Pour les deux vers suivant, il donne et il ne doit jamais me venir des regrets pour mon mariage, et moi je n'éprouverai jamais un faux amour à ton égard.
  • 6. il faut supposer une lecture /atil̮e̥/ de cette graphie (cf. la leçon de B) si l'on souhaite éviter un premier hémistiche hypermétrique (voir aussi infra, v. B 692 et M 120). De ce point de vue, la leçon de BM est peut-être inférieure à celle de A.
  • 7. cette variante, rend le vers hypermétrique dans M, contre BA.
  • 8. comme dans B, le e svarabhaktique entre /v/ et /r/ ne compte presque jamais dans la mesure du vers; il importe ainsi de lire avrai (voir introd. linguistique)
  • 9. lire emperëur
  • 10. il ne faut sans doute pas surestimer la portée généalogique des deux phénomènes (e svarabhaktique et réduction des hiatus) qui faussent, de manière identique, le vers dans BM, mais on pourrait être tentés d'y voir un trait hérité d'un ancêtre commun présentant déjà ces caractéristiques linguistiques.
  • 11. lire cunreez
  • 12. l'erreur s'explique très aisément par une confusion paléographique (u/n) et une mauvaise segmentation.
  • 13. on note ici la présence ici d'un des rares signes de ponctuation médiévale du ms.
  • 14. la leçon de BM est hypermétrique, tandis que celle de A, qui pourrait se garantir des v. B 224 et A 190 (et de ElieB et IpH), présente néanmoins une finale en -er dans une laisse en -ez. Langlois suggère de corriger que soleil.
  • 15. lire s'
  • 16. lire savine, comme dans B; l'erreur, sur une séquence de cinq jambages, dans un mot rare, n'est pas étonnante.
  • 17. la lettre entre i et r pourraît être aussi un r.
  • 18. lire fevrier, en deux syllabes, comme ailleurs pour le e svarabhaktique entre v et r
  • 19. le vers suivant a été omis dans M, par suite d'un homéotéleute (Giriers / guerriers); même si le vers de B est faux dans son état actuel, il paraît néanmoins nécessaire pour obtenir une liste complète des douze pairs. Il est soutenu par le texte gallois (ac ertold. ac Otuel.). Ertold peut être une forme galloise pour Bertold
  • 20. il peut subsister un doute sur ce i, entre une forme plongeante et un trait de prolongement d'un accent de ligne inférieure.
  • 21. lire e Agevins
  • 22. le vers a été omis dans B, omission qui a pu être facilitée par un saut du même au même (tous les vers débutent par la même conjonction de coordination); le vers de M se corrige aisément en restituant la conjonction de coordination, systématiquement présente dans les autres vers: e Agevins, Gascuns e Berruiers. La présence de ce vers est soutenu par WOt, ac ang6eins. A g6asg6yn. a verriuers.[WOt-W beriuers], Le norrois, à la suite de la mention des Lorrains farouches (af Leoregna harðúðga menn), abrège comme souvent l'énumération (ok þar kómu þá af öllum löndum [þeir menn [þeim A, B, b.] er Karlamagnús konungr hafði ríki yfir (arrivent alors de tous les pays les hommes sur lesquels règne le roi Charlemagne)).
  • 23. La segmentation pose ici problème: le s de flexion, fautif au CSP, pourrait aussi s'interpréter comme un pronom réflechi, et il faudrait peut-être lire Bretun s'in vienent.
  • 24. lire auferans; l'erreur de M s'explique aisément par l'omission d'un tilde ondulé pour er, qui entraîne une lecture n par identification fautive du mot.
  • 25. cette correction est intéressante d'un point de vue linguistique: il semblerait qu'ici le scribe ait voulu corriger la réduction /ie/ > /i/, pourtant amplement attestée par ailleurs.
  • 26. lire ore, comme dans B?
  • 27. cet ajout, fautif, par le copiste, s'explique peut-être par une répugnance, d'ordre linguistique, à faire débuter le vers par le verbe (pour l'explication syntaxique de cette construction, fréquente dans les chansons de geste pour marquer un mouvement et une rupture dans la narration, voir l'introduction linguistique).
  • 28. la leçon paraît assez assurée d'un point de vue paléographique (la distinction n/u est généralement assez claire dans ce ms.).
  • 29. cette variante par dérivation pourrait s'expliquer par l'absence de perception du hiatus dans Munpoüm
  • 30. il ne s'agit pas de la seule laisse de la chanson à débuter de cette façon (cf. laisse XXI au moins). Ce début de laisse se trouve également dans ChGuillM (nostre emperere fait ses baruns mander, / si fait ses chartres e ses brefs seeler), GirVianeE (nostre enperere refraint son mautalant / qant ot renier parler si sagementnostre enperere ot le cuer irascu / por ce que cil li ot si respondu), AimeriD (nostre enperere se prist a dementer / et son neueu rollant a regreter), MortAymC (nostre emperere fu molt preuz et ientils : / les dames fist par deuant lui uenir, nostre emperere fu molt ientils et ber / qui les puceles fist deuant lui mener), AmAmD (:nostre empereres est par matin leuez, / isnellement a fait faire uns fossez, nostre empereres descent desoz un pin, / on li aporte un faudestuef d' or fin, etc.) et RCambr1M (nostre empereres ama molt le meschin / l'erme li donne qi fu au sarrazin).
  • 31. Les leçons vint et uit sont très proches paléographiquement, et de l'ordre du synonymisme fonctionnel; la leçon de M est commune avec WOt, tandis que, dans NOt, la famille B a gardé la leçon 7 nuits (7 nætr) contre 4 dans les autres manuscrits.
  • 32. la chute du -r final d'un infinitif se produit à deux reprises, en quelques vers, chez ce copiste, et nous la considérons donc comme un trait de langue, que nous ne corrigeons pas.