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MDCLXXXIX

Rémission octroyée à Foucaut Guesdon, jeune cordonnier de l’âge de vingt ans, demeurant à Mauzé, condamné à être pendu (appelant de cette sentence au Parlement) pour le meurtre de Jean de Saint-Benoist, aussi cordonnier audit lieu, qui avait été l’agresseur.

  • B AN JJ. 209, n° 51, fol. 27 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 41, p. 447-449
D'après a.

Loys, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, Nous avoir receue l’umble supplicacion des parens et amis charnelz de Foucault Guesdon, jeune enfant de l’aage de vingt ans ou environ, filz de Estienne Guesdon, demourant à Mausé en Xantonge ou gouvernement de la Rochelle, contenant que ou mois de may derrenier passé, à ung jour de dimenche après vespres, ledit Foucault Guesdon et feu Jehan de Sainct Benoist, tous deux courdouanniers, eurent en venant avecques autres en l’ostel de Huguet Meschinet audit Mausé, qui tenoit cedit jour vin à vendre, plusieurs parolles et noises ensemble, par [p. 448] le moien d’un nommé Loys Cousin, aussi cordouannier et maistre dudit Foucault Guesdon, pour envie que ledit feu Jehan de Sainct Benoist avoit sur ledit Cousin maistre dudit Guesdon, et tellement que icellui feu Jehan de Sainct Benoist, en hayne dudit maistre d’icellui Guesdon, baty et bleça au visaige ledit Guesdon. Et advint que le lundi ensuivant, ainsi que ledit Cousin et ledit Guesdon et deux apprentiz dudit Cousin tous ensemble se alloient esbatre hors la ville de Mausé et près le cimitiere dudit lieu, qui est hors icelle ville, où estoit ledit de Sainct Benoist, et sitost que icellui de Sainct Benoist les vit, il se caicha derierre ung buisson et tout incontinant après saillit hors dudit buisson et vint vers et contre ledit Guesdon, lequel, de felon et mauvais couraige, il poussa en arriere de ses deux poings, et non content de ce, lui donna d’un cousteau parmy la cuisse en telle maniere qu’il la lui persa jusques à effusion de sang, en jurant le sang Dieu qu’il le mectroit là où il en avoit mis d’autres. Et lequel se voiant ainsi blecié, navré et octragé par ledit de Sainct Benoist, de chaude colle et sang esmeu et en son corps deffendant, frappa d’un cousteau qu’il avoit sur ledit de Sainct Benoist sur la cuisse, dont il ne le entama point, comme l’en dit. Et pour ce que icellui de Sainct Benoist s’efforça de soy deffendre et frapper de son cousteau sur ledit Guesdon, icellui Guesdon, en soy revenchant et deffendant, donna de sondit cousteau par la poictrine audit feu Jehan de Sainct Benoist, au moien duquel coup icellui de Sainct Benoist tantost après alla de vie à trespas. Pour occasion duquel cas ledit Guesdon a esté prins et apprehendé par justice, et pour raison dudit cas a esté condampné à estre pendu et estranglié : dont il a appellé à Nous et à nostre court de Parlement à Paris. Et combien qu’il ait fait, commis et perpetré ledit cas en son corps deffendant et ait esté ledit deffunct tousjours agresseur, aussi ayent les parens et amis dudit Guesdon supplians pour raison dudit cas chemy [p. 449] pour l’interest civil aux parens et amis dudit deffunct, qui en son vivant estoit ung homme de mauvaise renommée et conversacion, renyeur de Dieu, et avoit autresfoiz tué ung homme en la ville de Poictiers : toutes voyes lesd. supplians doubtent que par rigueur de justice on voulsist proceder contre lui à pugnicion corporelle, se noz grace et misericorde ne lui estoient sur ce imparties1, humblement requerant que, actendu les choses et aussi que icellui Foucault Guesdon a esté tousjours de bonne vie, renommée et honneste conversacion, doulx et paisible, sans mal faire à aultruy, et ne fut jamais actainct ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, il Nous plaise nosdites grace et misericorde lui impartir. Pour quoy Nous, etc., audit suppliant avons quicté, remis et pardonné le fait et cas dessusdit avec toute peine, etc., en mectant au neant, etc. Et l’avons restitué, etc., satisfacion, etc. Et imposons, etc. Si donnons en mandement, etc., au gouverneur de la Rochelle et à tous, etc. Et afin, etc. Sauf, etc. Donné à Tours, ou mois de juillet, l’an de grace mil cccc. quatre vings et ung, et de nostre regne le vingtiesme.

Ainsi signé : Par le roy, à la relacion du conseil, Gontier. — Visa. Contentor. Texier.


1 Dans le texte : humblement imparties.