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DCXCIII

Lettres de rémission données, à la requête du connétable de Clisson, en faveur de Nicolas Jehan, maître du vaisseau le Saint-Esprit de [p. 282] Guérande, et de Noël Galois, marchand dudit lieu, détenus prisonniers à la Rochelle. Avant la dernière expédition de Flandre, ils avaient chargé ledit vaisseau de sel pour l’aller vendre en Espagne et y acheter « des lances et autres harnoiz, pour en armer une barge qui est de nostre amé Eon de Lesnerac1, capitaine de Cliçon pour nostre amé et feal cousin et connestable le seigneur de Cliçon et de Belleville, et Hervé Chamiete, si comme il leur avoit esté enchargié par les diz Hervé et Eon, lesquelx, si comme il disoient, avoient entencion de la dicte barge, maiz que elle feust enarmée, faire mener à l’Escluse pour nostre armée que nous entendions lors faire pour aler en Angleterre2. » Les dits Nicolas Jehan et Noël Galois allèrent bien à Saint-Sébastien en Espagne, acheter les lances et harnais convenus, mais ils avaient fait relâche auparavant à Bayonne, où ils avaient vendu leur sel et autres denrées aux Anglais. A leur retour, ils furent pris par les « baleniers d’Olonne » et amenez à la Rochelle, où ils furent mis et tenus longtemps en procès devant le gouverneur de ladite ville, et pendant ce temps étroitement gardés dans les prisons. Paris, décembre 1385.

  • B AN JJ. 127, n° 283, fol. 174
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 21, p. 281-282
D'après a.


1 Éon de Lesnerac figure pour la première fois, parmi les pièces justificatives de l’Histoire de Bretagne, dans une montre d’Olivier de Clisson passée à Vannes, le 1er janvier 1375, au nombre des écuyers de sa compagnie, et on l’y retrouve dans toutes les montres de cette année et des années suivantes. (Dom Morice, t. III, Preuves, t. I, p. 100 et s.) A partir du 27 janvier 1383 n.s., il est à la tête d’une compagnie et se qualifie capitaine de Clisson, écuyer. (Id., p. 436.) Cette nouvelle montre, où il est mentionné, fut reçue à Paris ; Éon de Lesnerac avec quatorze chevaliers se rendait en Flandre au secours du duc de Bourgogne contre les Anglais. (Le P. Anselme, Hist. généal., t. VII, p. 381.) Son nom se retrouve sous la forme « Yon de Lizingnerat », capitaine de Clisson, dans des lettres de rémission en faveur d’un écuyer appelé Boniface de Primache (novembre 1383, JJ. 123, n° 218, fol. 109 v°). On apprend dans cet acte que la ville et le château de Tonnay-Charente, occupés par les Anglais, furent repris au mois de juillet 1383, que le capitaine de Clisson prit part à ce fait d’armes et qu’une rixe sanglante eut lieu entre des Bretons de sa compagnie et d’autres gens d’armes de la garnison. On s’étonne que M. Massiou (loc. cit. dans une note précédente, p. 279) place la reprise de Tonnay-Charente au milieu de l’année 1385, durant la chevauchée du duc de Bourbon ; on ne voit pas ce qui a pu le déterminer à identifier le « bourg Charente » du chroniqueur avec Tonnay-Charente.

2 Août 1383.