DCCXCII
Rémission accordée à Perrot et Jean Abbeillon qui, dans une rixe à Saint-Michel-en-l'Herm, provoquée par un prêtre nommé Michel Quarrot, avaient frappé celui-ci mortellement.
- B AN JJ. 146, n° 40, fol. 17
- a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 162-164
Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l'umble
supplicacion de Perrot et Jehan diz Abbeillons, freres, contenant que comme, environ
la feste de Toussains derrenierement passée, Guillaume Abbeillons, pere des diz
supplians, feust en la ville de Saint Micheau en Ler ou pays de Poictou, en l'hostel
de Guillaume Marquel, où il avoit taverne, et beust à son escot avec autres de sa
compaignie, au quel escot survint Micheau Quarrot, prestre, le quel prestre, jasoit ce
que le dit Guillaume Abbeillon ne lui eust meffait ne mesdit, de fait s'adreça à
ycellui Guillaume, en lui disant : « Villain chassieux, qu'il vous fait boire seans? »
et gectant du vin au visaige, et qui plus est s'efforça de le vouloir ferir, la quelle
chose il eust fait, si comme il en monstroit le semblant, se n'eussent esté ceulx qui
buvoient avec lui qui se mirent au devant. Et après ce, le dit Guillaume Abbeillon se
departi d'illec et ala en l'abbaye du dit lieu de Saint Micheau ; et en soy en
alant, trouva au chemin les diz supplians, ses enfans, et dist au dit Jehan, son
filz : « Vien t'en avec moy, pour moy tenir compaignie, car Michiel Quarrot, prestre,
si me veult villener, et si ne lui ay riens meffait. » Et aussi tost que ilz furent en
la dicte abbaye, pour cuidier faire ce que à besongnier y avoient, le dit prestre, non
contempt de ce que dit est, s'adreça arrieres audit Guillaume, garny d'une espée, en
voulant sachier ycelle, pour en cuidier ferir le dit Guillaume Abbeillon, et l'eust
fait, se ne feussent plusieurs [p. 163] qui là estoient qui le reffrainerent et mirent
les diz Abbeillon et prestre à accord. Ce non obstant, ycellui prestre se ala
adrecier au dit Jehan, fils d'icellui Guillaume et lui osta une dague qu'il avoit et
l'en cuida ferir, ce qu'il eust fait, se n'eust esté ce que ycellui Jehan empoingna la
dicte dague et la lui osta, et en la lui ostant, le dit Jehan fu navré en la main; et
là survindrent plusieurs qui les départirent et atant s'en alerent chascun à son
afaire. Et ycellui propre jour, ainsi comme environ jour faillant, les diz supplians
eulx estans en ladicte ville de Saint Micheau, qui forment se doubtoient du dit
prestre qui les menassoit de les courroucier et villener du corps, le dit prestre
s'adreça à eulx garny d'une espée, laquelle il saicha toute nue sur les diz supplians,
pour les en vouloir ferir, et yceulx supplians, doubtans que par ycellui prestre ilz
ne feussent mis à mort, saicherent sur lui et en eulx defendant et reppellant force
par force, le ferirent et batirent que..1
jours après ou environ, il ala de vie à trespassement. Pour occasion du quel faict,
les diz supplians se sont absentez du pays, pour doubte de rigueur de justice ; et
pendant leur absence, ont esté et sont appeliez aux droiz de la juridicion du dit lieu
de Saint Micheau en Ler, et sont en aventure qu'ilz ne soyent bannys et à tousjours
absens du pays, se par nous ne leur estoit sur ce eslargie nostre grace et
misericorde, si comme ilz dient, requerans humblement que, comme en tous leurs autres
fais ilz ont esté toute leur vie de bonne fame, renommée et dehonneste
eonversacion, sans ce qu'ilz feussent oncques mais actains ne convaincuz d'aucuns autres
villains cas, crime ou malefice, nous leur veillons sur ce eslargir nostre dicte
grace. Nous adecertes, etc., à yceulx supplians et chascun d'eulx ou cas dessus dit
avons quicté, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement au bailli de Touraine et
des ressors et Exempcions d'Anjou, [p. 164] du Maine et de Poitou, et à tous noz
autres justiciers et officiers, etc. Donné à Paris, ou mois de juing l'an de
grace mil CCC IIIIXX et XIIII, et de nostre regne le XIIIIe
Par le roy, à la
relacion du conseil. N. de Voisines.