[p. 293]

DCCCXXXIX

Rémission accordée à Perrot du Fouilloux, qui s'était affilié à une bande de voleurs et avait pris part avec eux au pillage de la maison de Jean de L'Hôpital près Pamplie.

  • B AN JJ. 453, n° 1362, fol. 84
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p. 293-295
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receu l'umble supplicacion des amis charnelz de Perrot du Foulhoux1, povre homme, contenant que comme, IIII ans a ou environ, Collin Corpeau2 fust venuz en l'ostel du dit Perrot et lui eust amonesté et requis qu'il alast avecques luy, en la compaignie d'autres, lui aventurer en guerre ; lequel Perrot dist et respondi qu'il n'avoit point de cheval, et ce fait le dit Collin Corpeau se parti du dit hostel, en disant qu'il lui en feroit finance. Et tantost après, icelluy Collin envoya un appellé Jehan Roy par devers le dit Perrot et lui manda qu'il alast parler à luy en une ville appellée Malle ; lequel Perrot y ala et tantost le dit Collin lui bailla un cheval du poil grison. Et après se partirent du dit lieu et en alerent ailleurs, ne savoit le dit Perrot en quel lieu, et arriverent à un lieu appelle Pampalie [p. 294] , auquel lieu eulx tous ensemble laisserent leurs chevaulx à un buisson. Et lors deux de la dicte compaignie, l'un appellé de la Motte et l'autre Perrinet, alerent en l'ostel d'un appellé Jehan de L'Ospital et ouvrirent la porte du dit hostel. Et après ce qu'il eurent ouvert la dicte porte, ilz retournerent par devers le dit Perrot et autres qui estoient au dit buisson avec les dis chevaulx. Et ce fait, deux de la dicte compaignie entrerent en icellui hostel par une cheminée aux cordes de leurs chevaulx, et quant ilz furent dedans, ilz vindrent ouvrir les portes aux autres d'icelle compaignie et entrerent tous ou dit hostel et rompirent aucuns coffres ou arches où il ne trouvèrent riens. Et quant le dit Perrot vit le grant mal que ses compaignons faisoient, il s'en fuy et ala hors du dit hostel et n'y voult oncques mettre les mains. Et avant que les autres partissent dudit hostel, ilz trouverent dessus un dressouer IIII tasses d'argent, pesant chascune demi marcq ou environ, et IIII cuillers d'argent, prindrent une houppellande à homme fourrée de faines, II robes à usage de femme fourrées de gros vair, XXII lettices, II nappes, IIII drapsde lin, IIII aulnes de Brusselles et deux escroues d'autre drap, montant à IIII quartiers de drap ou environ ; les quelles choses ainsi par eulx prinses, ilz retournerent tous ensamble en une piece de seigle, où il avoient laissié le dit Perrot et autres. De tous lesquelx biens ainsi robés icellui Perrot ne voult oncques prandre aucune chose, excepté une nappe longiere, laquelle il bailla à un prestre en confession, afin d'estre restitué ou de la donner pour Dieu. Et aussi prist deux tiers de drap, lesquelx il retint pour luy. Pour occasion du quel fait le dit Perrot, doubtant rigueur de justice, s'est absentez du pays, ou quel il n'oseroit jamais retourner, et doubte qu'il n'ait esté appeliez à noz drois et bannis de nostre royaume, et par ce seroit à tousjours mais desert, se nostre grace et misericorde ne lui estoit sur ce impartie. Pour quoy nous, ces choses considérées, etc., ou cas; dessus dit [p. 295] lui avons quictié, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement au seneschal de Xantoinge et de Pierregort, et à tous nos autres justiciers, etc. Donné à Paris, ou mois de mars l'an de grace mil CCC IIIIXX et XVII, et de. nostre regne le XVIIIe.
Par le roy, à la relacion du conseil. Mignon.


1 Ce Perrot du Fouilloux était vraisemblablement gentilhomme comme son complice Colin Copeau, et appartenait sans doute à la famille noble originaire de la Gâtine, qu'a illustré au XVIe siècle Jacques du Fouilloux, le célèbre veneur. On n'a que peu de renseignements généalogiques sur cette famille.
2 Appelé Coppeau dans les lettres de rémission personnelle qu'il obtint pour le même fait,en novembre l393 (ci-dessus, p.151), ce qui prouve que la mise au pillage de la maison de Jean de L'Hôpital remontait à plus de quatre ans. Il y a d'autres petites divergences d'ailleurs entre ces deux versions et une troisième, celle de Jean Leroy, en faveur de qui furent délivrées aussi des lettres au mois de décembre 1396. ( Voy. ci-dessus, p. 258.) Ces textes se complètent et se contrôlent mutuellement, par exemple en ce qui touche la liste des affiliés à cette bande de voleurs, dont faisaient partie des gentilshommes. Ce fait curieux méritant d'être éclairci le plus possible, nous n'avons pas hésité à donner le texte des trois lettres, assez courtes du reste.