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MCLXXXII

Rémission en faveur de Jean de La Roche, écuyer, de Verrines, qui avait frappé mortellement un enfant de douze ou treize ans, nommé Thévenin Rocher, parce qu’il faisait paître des bestiaux sur ses terres.

  • B AN JJ. 179, n° 341, fol. 193
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 32, p. 149-152
D'après a.

Charles, etc. Savoir, etc. nous avoir receu l’umble [p. 150] supplicacion des parens et amis charnelz de Jehan de La Roche1, escuier, demourant ou bourg et parroisse de Verines en nostre païs de Poictou, contenant que, le mercredi après la feste de Pasques derrenierement passée, ledit Jean de La Roche estant en l’ostel de Jehanne Dauvergne, sa mère, povre damoiselle vefve, avec laquelle il est demourant, il oy environ huit heures devers le matin et entendi que aucuns crioient à haulte voix et disoient telz choses ou semblables aux ouailles qui sont ou pré de Jehanne Dauvergne…2 Lequel Jehan de La Roche, quand il oy ledit cry, se parti de la maison de sa dicte mère et print une forche de boys en sa main, et ala auprès de la fontaine de la Revolvinère assis oudit village de Verines, auquel lieu il rencontra Thevenin Rochier, dudit lieu de Verines, aagié de xii. à xiii. ans ou environ ; lequel Thevenin gardoit illec certain nombre d’asnes, bestes belines et porcines. Auquel Thevenin ledit de la Roche avoit paravant dit plusieurs foiz, ainsi que ledit Thevenin gardoit les bestes de son dit père qu’il gardast bien lesdictes bestes d’aller et qu’elles ne alassent ès prez et garennes de sa dicte mère, dont ledit Thevenin n’avoit riens fait ne voulu faire, mais avoit plusieurs foiz laissié aller ès prez et garennes de ladicte Dauvergne, mère dudit de La Roche, lesdictes bestes qu’il gardoit, lesquelles avoient fait dommage èsdiz prez et garennes, non obstant lesdictes choses dictes et deffenses faictes audit Thevenin par ledit Jehan de La Roche. Lequel de La Roche, cuidant que les bestes que gardoit ledit Thevenin auprès de ladicte fontaine, partie desquelles il trouva [p. 151] ou pré de sa dicte mère, feussent audit du Rochier, père dudit Thevenin, frapa ledit Thevenin deux foiz de la fourche qu’il avoit lors en sa main, sur les costez dudit Thevenin, telement que il en cheut à terre par le moyen desdiz coupz, et se escria très fort en disant qu’il estoit affollé. Après lesquelles choses, ledit Thevenin s’en ala audit lieu de Verines, comme fist ledit de La Roche, jusques près de la maison dudit de La Roche ; et luy estant illec, survint la mère dudit Thevenin, et s’en alèrent lesdiz Thevenin et sa mère ensemble en la maison dudit Jehan du Rochier, père dudit Thevenin. Et depuis ledit Thevenin, à l’occasion de ladicte bateure, fut malade au lit l’espace de vi. ou vii. sepmaines ou environ, et tant pour le fait de ladicte bateure, par deffault de gouvernement que aussi d’estre pensé, ou d’autre accident de maladie, ala de vie à trespassement. A l’occasion duquel cas ledit de La Roche, doubtant rigueur de justice, s’est absenté du païs et n’y oseroit jamais retourner, se nostre grace et misericorde ne lui estoient sur ce imparties, humblement requerant que, attendu ce que dit est et que ledit de La Roche ne cuidoit ne avoit entencion de blecier ledit Thevenin et qu’il fut esmeu de prime face et de chaudecolle, pour ce qu’il trouva les bestes que gardoit ledit Thevenin ou pré de sa dicte mère, et que autres foiz lui avoit dit et deffendu qu’il ne laissast aler lesdictes bestes ès diz prez ne garennes de sa dicte mère, et que les premiers mouvemens ne sont en la puissance de l’omme, que ledit Thevenin a vesqu vi. ou vii. sepmaines après ledit coup, et lui puet estre survenu autre accident de maladie durant ledit temps, etc., il nous plaise sur ce lui impartir icelles. Pour quoy nous, attendu ce que dit est, voulans misericorde preferer à rigueur de justice, audit Jehan de La Roche avons ou cas dessus dit remis, quicté et pardonné, etc. Si donnons en mandement par ces presentes aux seneschaulx de Poictou et de Xanctonge, et gouverneur de la Rochelle, [p. 152] bailly du grant fié d’Aulnis, et à touz noz autres justiciers, etc. Donné à Chinon, ou moys de juillet l’an de grace mil cccc. quarante neuf, et de nostre règne le xxviie.

Ainsi signé : Par le roy, à la relacion du conseil. Rolant. — Visa. Contentor. E. Froment.


1 Plusieurs personnages, portant ce nom et ce prénom, ont existé dans la première moitié du xve siècle, en cette partie du Poitou, comme on l’a vu dans le vol. précédent, p. 359, note, où quelques-uns sont énumérés. On peut y ajouter un Jean de La Roche qui, le 20 mai 1447, rendit aveu au roi du fief de vignes dit le fief Chauvet, mouvant de Fontenay-le-Comte. (Arch. nat., P. 1145, fol. 43 v°.) Il est difficile de les distinguer et de les identifier sûrement.

2 Passage omis par le copiste, qui a oublié de transcrire les mots annoncés.