[p. 1]

MCCCXCVIII

Permission de fortifier Bourneau près Fontenay-le-Comte, accordée à Jacquette de La Ramée, veuve de Jean du Puy-du-Fou, chevalier, dame du lieu.

  • B AN JJ. 199, n° 492, fol. 310 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 38, p. 1-3
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receu l’umble supplicacion de Jaquete de La Ramée, dame de Bourneau, veufve de feu Jehan du Puy du Fou1, en son vivant chevalier, [p. 2]contenant que ledit lieu et place de Bourneau est assiz ou pays de Poictou près Fontenay le Conte, pays marchissant et en frontière de la mer, et à ceste cause est souventes foiz fort foullé et endommagé par gens d’armes et autres passans, retournans et sejournans par ledit pays, et pour ce feroit ladicte suppliant, affin de y garder et sauver soy et ses biens et ceulx de ses hommes, subgetz et pays d’environ, volentiers clourre et fortiffier lesdiz hostel et place de Bourneau, qui sont à ce faire bien avantageux, se sur ce il nous plaisoit leur donner noz congié et licence, humblement requerant que, attendu ce que dit est, que … …2 les moiens soubz nous dudit hostel est d’accord que icelluy hostel et place soit close et fortiffiée et que ce sera le prouffit de nous, desdiz habitans et dudit pays d’environ, nous lui vueillons sur ce pourveoir de nostre grace et octroyer [p. 3] nos diz congié [et licence]. Pour ce est il [que nous] à icelle suppliante, ses hoirs, successeurs et ayans cause ou cas dessus dit, avons donné et octroyé, donnons et octroyons de grace special, par ces presentes, puissance et auctorité, congié et licence de clorre et faire clorre et fortiffier lesdiz hostel et place de Bourneau de murs, tours, foussez, portes, carneaulx et autrement ainsi que bon lui semblera, pourveu toutes voyes que ce ne nous tourne à prejudice ne au pays d’environ, et que, nonobstant ladicte fortifficacion, les habitans dudit lieu facent le guet où ilz sont tenuz le fairé et ainsi qu’ilz ont acoustumé. Si donnons en mandement, par ces presentes, au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers et officiers, ou à leurs lieuxtenans, et à chacun d’eulx, que, se appellez les nobles dudit pays d’environ et autres gens en ce congnoissans, qui pour ce feront à appeller, il leur appert de ce que dit est, ilz facent, seuffrent et laissent ladicte suppliante, ses hoirs, successeurs et ayans cause joir et user plainement et paisiblement de noz presens grace, congié et licence, sans sur ce lui faire ou donner, ne souffrir estre fait ou donné, ores ne pour le temps avenir, aucun destourbier ou empeschement au contraire, nonobstant quelzconques ordonnances, mandemens ou deffences à ce contraires. Et affin, etc. Sauf, etc. Donné à Chinon, ou mois de janvier l’an de grace mil iiiiclxiiii, et de nostre règne le quatriesme.


1 La famille de La Ramée était établie dans cette partie du Poitou au milieu du xive siècle ; nous avons publié, dans un précédent volume, le don que fit Charles V à André de La Ramée, écuyer, de la terre et seigneurie d’Ardenne, non loin de Fontenay-le-Comte, en récompense des services qu’il avait rendus au roi comme compagnon d’armes d’Olivier de Clisson et de Jean de Bueil, par lettres du 12 août 1372. (Arch. hist. du Poitou, t. XIX, p. 129.) Yvonnet Sauvage, seigneur du Plessis-Guerry et de la Salle-de-Fenioux, avait épousé, avant 1430, une Marguerite de La Ramée. (Id., t. XXIV, p. 364, note.) Les deux frères Jean et Louis de La Ramée étaient en procès au Parlement de Poitiers contre Jacques Boussart, appelant des juges commis à connaître des causes des sujets de la vicomté de Thouars, qui l’avaient condamné à payer aux demandeurs les arrérages d’une rente de blé et à rendre à Louis un « harnais d’armes ». La cour confirma la sentence de première instance, le 4 avril 1425. (Arch. nat., X1a 9190, fol. 335 v°.) Louis de La Ramée, le même sans doute, qualifié écuyer, seigneur de Bourneau, rendit au comte de Richemont, seigneur de Parthenay, le 29 mai 1428, aveu de l’hôtel et hébergement dudit Bourneau, mouvant de Mervent, tenu à foi et hommage lige et au devoir de rachat, quand le cas y advient. (Arch. nat., R1a 204, fol. 47 v°.) Jacquette de La Ramée était très probablement sa fille. Quant à Jean du Puy-du-Fou, mari de celle-ci, il est assez difficile de déterminer ce qui se rapporte particulièrement à lui dans les textes de l’époque, car il y eut, vivant au même temps, deux personnages de la même famille au moins qui portaient le même prénom. Peut-être est-ce le nôtre dont il est question dans un acte émanant de Louis d’Amboise, vicomte de Thouars, en juillet 1438, comme devant à celui-ci trente réaux de la ferme du rachat de la terre de Saint-Vincent-de-Jard. (Cartulaire d’Orbestier, publié par M. de La Boutetière, Arch. hist. du Poitou, t. VI, p. 466 et suiv.) Il est qualifié chevalier, capitaine de Surgères, dans une quittance de trente livres à lui ordonnées par le roi, datée du 8 avril 1443. Charles VII lui fit don aussi de quatre cents livres, pour avoir aidé à recouvrer la place forte de la Roquette en Guyenne, occupée par les Anglais ; il en donna quittance le 22 juin 1451. (Bibl. nat., ms. fr. 28888, pièces 18 et 19.) Nous ne parlerons pas ici de deux procès criminels qui se rapportent certainement à l’autre Jean du Puy-du-Fou, dont la femme se nommait Jeanne des Serqueux. Un fils de Jean du Puy-du-Fou et de Jacquette de La Ramée, Pierre, écuyer, seigneur de Bourneau, avait épousé Aliénor de Juch et vivait encore le 19 mai 1492, date d’un paiement de cent vingt livres qui lui fut fait par le receveur des tailles de Poitou, pour sa pension de cette année (Bibl. nat., id., pièces 20 et 22.)

2 Sic. Le scribe paraît avoir omis en cet endroit tout un membre de phrase.