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MCCCCLXXVI

Rémission octroyée à Mathé Maynard, d’Échiré, qui étant ivre avait cherché querelle à Jean Rouvereau, son beau-père, et avait été la cause involontaire de la mort subite de celui-ci.

  • B AN JJ. 196, n° 97, fol. 58
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 38, p. 215-216
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l’umble supplicacion des parens et amys charnelz de Mathé Maynard, contenant que, le samedi ixe jour du moys de septembre derrenier passé, environ l’eure de vespres dudit jour, Jehan Rouvereau dit Jolyaud, et Guillemette Gendrelle, sa femme, ledit Mathé Maynard et Catherine Roverelle, sa femme, fille dudit Rouvereau et de ladicte Gendrelle, et André Calucher, tous demourans ou bourg et parroisse d’Eschiré près Nyort en la chastellenie de Partenay, lesdiz Rouvereau, Maynard et leurs femmes et avec eulx ledit Calucher estans ensemblement en la maison des dessus diz assis à table, environ ladicte heure, où ils prenoient leur reffection et avoient pinte de vin prinse de leur maison, [p. 216] laquelle ilz beurent assembleement, et eulx estans à table, ledit Mathé cuidant qu’il y eust encores du vin en ladicte pinte, voult verser dudit vin en une escuelle ronde en laquelle y avoit du pain chault, et quant il vit qu’il n’y eut plus de vin, lors demanda icellui Mathé la clef du vin audit Rouvereau, son dit sire, lequel lui respondit qu’il ne l’auroit point. Et lors ledit Mathé print ladicte pinte et la remply d’eaue et la mist sur la table, en disant telles parolles ou semblables : « Tenez, buvez, vecy de l’eaue, puis que ne voulez que ayons du vin ». Lequel Rouvereau ne autres de la compaignie ne respondirent parolle, et ce voyant, icellui Mathé reprint ladicte pinte et retourna tumber et gecter ladicte eaue, et dist de rechief audit Rouvereau, son sire, qu’il failloit avoir du vin. Lequel Rouvereau respondit qu’il n’en auroit point. A quoy ledit Mathé dist que si auroit. Et en ce debat de parolles touchant ledit vin, ledit Rouvereau se leva de table et dist audit Mathé qu’il sortiroit de la maison, et ledit Mathé lui respondi que non feroit. Et alors ledit Rouvereau dit de rechief que il le feroit bien sortir, et en ces parolles s’en ala icellui Rouvereau à la porte de ladicte maison, et quant il fut à ladicte porte, s’en retourna le visage vers la table en regardant ladicte table et parlant de menaces. Et ce voyant, ledit Mathé despoulha sa robe et tout chault et esmeu, embu de vin, print une paelle plaine d’eaue, tenant une seille ou environ, et gecta paelle et eaue ensenblement au visaige dudit Rovereau. Et de ce ledit Rouvereau, par fortune et sans navreure de sa personne, cheut à terre mort soudainement. A l’occasion duquel cas ainsi advenu de fortune, ledit Mathé, doubtant rigueur de justice, s’est absenté, etc. Au seneschal de Poictou et à tous, etc. Donné à Tours, ou moys d’octobre l’an de grace mil cccc. soixante neuf, et de nostre règne le neufiesme.

Ainsi signé : Par le roy, à la rellacion du Conseil. P. Aude. — Visa. Contentor. Duban.