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CCXLVI

Philippe de Valois, du consentement des exécuteurs testamentaires du cardinal de Mortemart, permet à Raoul, comte d'Eu, connétable de France, de racheter une rente de deux cents livrées de terre, dans la châtellenie de Civray, qu'il avait vendue à ce prélat moyennant une somme de quatre mille livres.

  • B AN JJ. 69, n° 219, fol. 95
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 13, p. 124-127
D'après a.

Philippe, par la grace de Dieu, roys de France. Savoir [p. 125] faisons à touz, presenz et avenir, que, comme nostre amé et feal conseiller Pierre, arcevesque de Rouen1, et mestre Guy de la Calme, chanoine de Nevers, nostre amé clerc, executeurs du testament ou derreniere volenté de feu mestre Pierre de Mortemer2, jadiz cardinal de la sainte, eglise de Rome, aient gracieusement octroié à nostre amé et feal Raoul, conte d'Eu et de Guines, connestable de France, que deux cenz livres de rente, les quelles le dit conte avoit vendues au dit cardinal, assises, selon la coustume du païs, en la chastelerie de Syvray, avec toute justice, haute, moienne et basse en fiez et arrerefiez, et à touz autres droiz, quiex qu'il feussent, excepté tant seulement ressort et souveraineté, ainssi comme ès lettres sur ce faites est plus plainement contenu, puisse ravoir en paiant tout le pris, c'est assavoir quatre mil livres de bons petitz tournois que il en avoit euz, dedenz un certain temps ; les quelles deux cenz livres de terre nous avions par noz lettres octroié que le dit cardinal ou les genz de sainte eglise, en qui elles seroient transportées, peussent tenir paisiblement à touz jours, sanz estré contrains à les mettre hors de leurs mains, ou à poier pour ce finance, quelle que elle soit, avec autres cent livres de rente que le dit cardinal avoit acquis du dit conte, d'autre part, avant le dit achat, si comme les diz executeurs dient ces choses estre plus plainement contenues ès lettres sur ce faites. Nous consideranz que la dite grace ne doit estre nuisable aus diz executeurs ou à ceus, qui ont cause du dit cardinal, à la supplicacion du dit conte avons octroié et octroions, de grace especial, aus diz executeurs, ou nom et comme executeurs du dit cardinal et à touz ceus qui [p. 126] ont ou auront cause du dit cardinal, ès deux cenz livres de rente dessus dites, que ou cas ou le dit conte recouvrera paisiblement les dites deux cenz livres de terre, les diz executeurs puissent en lieu d'icelles, les quelles demourront souz le fié et souz les charges ou elles estoient avant la dite concession, achater ou acquerre, ensemble ou par parties, d'une ou de pluseurs personnes, là où il leur plaira, en un lieu ou en pluseurs, par quelconque tiltre loial, deux cenz livres de terre à tornois, assises ou à asseoir selon la coustume du païs, ainssi toutevoies que elles ne soient pas de plus grant value ne de plus grant assise ou noblece que les autres deux cenz livres de rente, quant acquises seront, nous voulons et octroions que il puissent tenir et possider paisiblement à touz jours, sanz estre contrainz à les vendre ou mettre hors de leurs mains, et sanz en paier, à nous ou à noz successeurs, roys de France, aucune finance quele qu'elle soit, ou temps avenir, en la fourme et en la maniere que nous avions octroié des autres deux cenz livres de rentes dessus dites avec les autres cent livres de terre, si comme il est dessus dit ; les quelles cent livres de terre demourront en la grace que faite avions par avant au dit cardinal. Et pour que ce soit ferme chose et estable à touz jours, nous avons fait mettre nostre seel en ces presentes lettres. Sauf en autres choses nostre droit et en toutes choses le droit d'autrui. Donné à Paris l'an de grace mil ccc. trente cinq, ou mois d'aoust3.

[p. 127] Par le roy en son conseil, à la relacion de vous et des autres du conseil. R. de Molins.


1 Pierre Roger, évèque d'Arras, puis archevêque de Sens, fut transféré, à l'archevêché de Rouen, le 12 décembre 1330. Il occupa ce siège jusqu'à la fin de 1338, époque à laquelle il obtint la pourpre, et enfin devint pape sous le nom de Clément VI (1342-1352).
2 Voy. le n° CLXV du premier volume de ce recueil et les deux notes de la page 383.
3 A la suite de cet acte, et sous la même date, se trouve l'accord intervenu et homologué au Parlement entre le comte d'Eu et les exécuteurs testamentaires du cardinal de Mortemart. En vertu de cet accord, le comte d'Eu pourra racheter cette rente de deux cents livrées de terre, en rendant les 4000 livres tournois qu'il avait reçues du cardinal, dans un an à compter de la prochaine fête de la Purification de la Vierge ; passé ce délai, les exécuteurs pourront en disposer de telle façon qu'il leur plaira. — Cette pièce assez longue n'apprenant rien de nouveau sur le cardinal de Mortemart ni sur les terres de la châtellenie de Civray, il m'a paru inutile de la publier.