[p. 179]

CCLXXIV

Don à Guillaume Gormont, prévôt de Paris, de deux maisons sises à Loudun, avec une rente de vingt setiers de froment.

  • B AN JJ. 73, n° 55, fol. 43 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 13, p. 179-181
D'après a.

Philippes, par la grace de Dieu, roys de France. Savoir faisons à touz, presenz et avenir, que nous, eu consideracion et regart aus bons et agreables services que nostre amé Guillaume Gormont1, à present nostre prevost de [p. 180] Paris, nous a faiz en noz presentes guerres et fait encore de jour en jour, tant en l'office de la dite prevosté comme autrement, des quelz services nous nous tenons pour enfourmez à plain, avons donné et octroyé, donnons et octroions par la teneur de ces presentes lettres, de nostre plain povoir et auctorité royal, de grace especial et certaine science, au dit Guillaume, à ses hoirs et à ceulx qui auront cause de luy, à touz jours mais perpetuelment et hereditablement, une maison assise à Lodun, appellée Champherbeus, [p. 181] tenant à la maison Thomas le Queuls, et une autre maison tenant à la porte de la Cerclerie de Lodun, avecques vint sextiers de froument, à la mesure de Lodun, et les cens qui y apartiennent, de annuelle et perpetuele rente ou moison, à prendre seur certains moissonniers en la chastellerie de Lodun ; les quels moisons, cens et autres choses furent jadis Perrot le changeur de Lodun, et sont appropriées et appliquées à nostre demaine, pour et en recompensacion et paiement de cent livres ou environ, ès quelles le dit Perrot avoit esté tenuz à nous pour certaine cause. Toutes lesquelles choses ne excedent ne ne valent pas plus de la somme des dites cent livres ou environ, si comme l'en dit. Si donnons en mandement au bailli et receveur de Touraine, qui à present sont et seront pour le temps, et à Jehan Cortchapiau, nagaires lieu tenant du dit receveur, et à chascun d'euls, que le dit Guillaume, ses hoirs ou ceuls qui de lui auront cause, ils laissent et facent user et joir paisiblement de nostre presente grace et don, et à lui rendre et delivrer sanz aucune difficulté ou contredit les lettres faites de et seur l'acquisicion des choses dessus devisiées avecques les arreraiges qui deuz li en seront. Et que ce soit chose ferme et estable à touz jours, nous avons fait mettre nostre seel en ces presentes lettres. Sauf nostre droit en autres choses et l'autruy en toutes. Donné à Poissi, l'an de grace mil ccc. et quarante, ou mois d'octobre.

Par le roy. Cordier. Sine financia. Justice.


1 Guillaume Gormont paraît être originaire de Loudun, où il possédait des biens considérables, outre les maisons dont il est question ici, comme on le verra dans d'autres actes publiés plus loin. Il fut d'abord procureur du roi au bailliage de Touraine. Une donation de Philippe de Valois au chapitre de Saint-Venant de Tours, du mois de janvier 1335 (n. s.), le mentionne en cette qualité (JJ. 69, n° 73, fol. 32). Il garda la Prévôté de Paris du 19 novembre 1339 au 5 avril 1349 (n. s.), et fut fait chevalier en 1346. Ces dates me sont fournies par M. Longnon, qui prépare un travail sur la chronologie des prévôts de Paris. En juillet 1349, on trouve Gormont qualifié maître des comptes du roi (voy. plus bas le n° CCCXLVIII) ; puis son nom figure sur les listes de conseillers au Parlement des années 1354 et 1355. Il avait épousé la fille de Guillaume de Ploermel, de Loudun, qui fut également procureur du roi au bailliage de Touraine. Comme le prévôt de Paris avait ouvertement pris le parti de son beau-père, dans un procès que celui-ci avait intenté à Jean Bigot, bailli de Touraine, en raison de plusieurs excès, crimes et délits, procès alors pendant au Parlement, et que, par suite, il se trouvait en butte à la haine, ou tout au moins à la malveillance de ce magistrat, il obtint du roi, pour lui, sa femme, ses enfants, ses familiers et commensaux, ainsi que pour tous leurs biens, exemption de la juridiction dudit bailli et de ses officiers, dont il était justiciable, à cause de ses établissements du Loudunais, et ce jusqu'à la décision de l'affaire criminelle. Le sénéchal de Poitou fut chargé de lui assurer cette faveur et de connaître provisoirement de ses causes et procès (Mandement du 4 avril 1345, X1a 10, fol. 213). Le 27 novembre suivant, cette exemption fut renouvelée, et le committimustransféré aux gens des requêtes du palais ( Id. fol. 326).
A la même époque, on rencontre un Guillaume Gormont, qu'il serait difficile d'identifier avec le prévôt de Paris. Peut-être était-ce le neveu ou le fils de notre personnage. Il est qualifié chevalier, de la sénéchaussée de Saintonge, dans un acte par lequel, en récompense des services qu'il avait rendus à la défense des châteaux de la Clotte et de Montguyon, et en dédommagement de la perte de son manoir et des terres en dépendant, qui étaient tombés au pouvoir du vicomte de Fronsac, le lieutenant du roi lui accorde une rente annuelle de cent vingt livres tournois, assignée sur différents revenus à Brossac, à Passirac, à Tonnay-Bouton ne et autres localités de Saintonge. Cette donation fut confirmée par lettres royaux, une première fois, en janvier 1342 (n. s.), et une seconde au mois de février 1356 (JJ. 72, fol. 185, et JJ. 84, fol. 327).