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MCVII

Lettres d’abolition en faveur de Jean Marin, homme de guerre, du Poitou, pour tous les pillages et violences auxquels il a pris part, depuis qu’il fut en âge de porter les armes.

  • B AN JJ. 177, n° 217, fol. 144
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 29, p. 326-328
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons, etc., nous avoir receu l’umble supplicacion de Jehan Marin, homme de guerre, aagé de xxxv. ans ou environ, de nostre païs de Poictou, contenant que, dès son jeune aage il s’est emploié en nostre service ou fait de nos guerres, ès frontieres de nostre païs de Guienne, soubz et en la compaignie de plusieurs capitaines et gens de guerre, sans avoir tenu autre parti que le nostre, ne fait guerre à l’encontre de nous. Et a esté au recouvrement des places de Bathefol1, Banes, Castelno de Barbeguieres, et aussi à Avrenches, en la compaignie du [p. 327] bastard de la Trimoïlle2, et si a residé et sejourné ès sieges que avons tenuz et fait tenir devant les lieux dessus diz et autres occuppez par noz ennemys, et s’est trouvé et exposé en plusieurs autres faiz et exploiz de guerre, en plusieurs parties de nostre royaume. En quoy il a despendu et fraié grant partie de ses biens, à petite recompensacion et sans soulde de nous. Et pour ce il s’est habandonné legierement à vivre extraordinairement en plusieurs contrées de nostre dit royaume sur les champs ou plat païs, sur nostre peuple et subgiez, en prenant et raençonnant, batant et destroussant, ou, s’il ne l’a fait, a esté present à plusieurs et diverses foiz prendre et destrousser, batre et raençonner gens et bestiaulx, maisons, grains et autres biens, et fait des maulx, inconveniens, pilleries et larrecins sur nostre dit peuple et subgiez, dont il ne se pourroit remembrer. Et doubte ledit suppliant que, pour cause desdiz cas et malefices, il soit ou puisse estre, ores ou pour le temps avenir aprehendé, contraint ou molesté en corps ou en biens, à requeste de partie, par rigueur de justice ou autrement, et que par ce il peust miserablement finer ses jours, se nostre grace ne lui estoit sur ce impartie, si comme il dit, en nous humblement requerant que, eue consideracion aux services par lui à nous ainsi faiz que dessus est dit, et que avons donné abolicion generale à tous ceulx qui ont suivy noz guerres, il nous plaise nostre dicte grace lui eslargir. Pour quoy nous, etc., à icellui suppliant avons quicté, remis, pardonné et aboly, etc., les faiz, cas et crimes dessus declairez et quelzconques autres, jasoit ce qu’ilz ne soient en ces presentes exprimez et que s’ilz feussent non advenus, etc., excepté toutes voyes meurdre commis d’aguet [p. 328] apensé, boutemens de feux, violence et ravissement de femmes et de filles, et crime de sacrilege, etc. Si donnons en mandement à noz amez et feaulx conseillers, les gens de nostre Parlement, au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Chinon, ou mois d’avril l’an de grace mil cccc. xlvi, et de nostre regne le xxiiiie.

Ainsi signé : Par le roy en son conseil. Rolant. — Visa. Contentor. P. Le Picart.


1 Richard de Gontaut avait obtenu de Charles VII, en 1431, des lettres de restitution de la terre de Badefol de Cadouin ; cependant la place fut occupée par Gantonnet d’Abzac, partisan des Anglais jusqu’en 1435, que Richard l’assiégea et fit la garnison prisonnière. (L. Dessalles, Hist. du Périgord, in-8°, t. II, p. 426, 428.) Des lettres de rémission d’avril 1446 en faveur de Jean de Santos, sr de Coignac, contiennent des renseignements sur la prise de cette ville et d’autres places du Périgord, entre autres Bannes. (JJ. 178, n° 219.)

2 Jean, fils bâtard de Georges de La Trémoïlle. (Ci-dessus, p. 274, note.) Louis d’Estouteville avait essayé de surprendre Avranches, dont Sommerset était capitaine, en juillet-août 1441, et cette ville fut encore les années suivantes le but d’autres tentatives infructueuses ; elle ne fit sa soumission qu’en mai 1450.