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MCCXC

Lettres de naturalisation et permission d'acquérir des biens dans le royaume, données en faveur de Robin Vernon, Ecossais établi et marié en Poitou.

  • B AN JJ. 187, n° 349, fol. 188
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p.
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, que, ayans consideracion aux bons et agreables services [p. 66] que nous a par cy devant faiz nostre bien amé Robin Vernon1, homme d'armes de la garde de nostre corps, natif du païs d'Escosse, fait chacun jour et esperons que plus face ou temps avenir, considerans aussi qu'il s'est marié en cestui nostre royaume, en entencion de y demourer le surplus de ses jours, à icellui Robin Vernon, qui sur ce nous a fait requerir, avons, pour ces causes et pour la seureté de lui et de ses hoirs, octroyé et octroyons par ces presentes, voulons et nous plaist qu'il puisse acquerir en cestui nostredit royaume tant de biens meubles et immeubles qu'il en pourra licitement acquerir, et disposer de ses diz biens et aussi de ceulx qu'il y a jà acquis, par testament, ordonnance de derrenière voulenté ou autrement, ainsi que bon lui semblera, tout ainsi que s'il estoit natif de nostre dit royaume. Et quant à ce l'avons habilité et habilitons de grace especial, plaine puissance et auctorité royal, par ces presentes, non obstans les ordonnances royaulx à ce contraires, en nous paiant pour ce finance modèrée pour une foiz. Si donnons en mandement, par ces dictes presentes, à noz amez et feaulx gens de noz comptes et tresoriers, au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers et officiers, ou à leurs lieuxtenans, presens et avenir, et à chascun d'eulx, si comme à lui appartendra, que le dit Robin Vernon et ceulx qui de lui auront cause facent, seuffrent et laissent joïr et user paisiblement de nostre presente grace, habilitacion et octroy, sans leur faire ne souffrir estre fait, ores ne pour le temps avenir, aucun empeschement où des- [p. 67] tourbier au contraire. Et afin que ce soit chose ferme et estable à tousjours, nous avons fait mettre nostre seel à ces presentes. Sauf en autres choses nostre droit et l'autruy en toutes. Donné à Tours, ou moys de mars l'an de grace mil cccc. cinquante huit et de nostre règne le xxxvime.

Ainsi signé : Par le roy; J. de La Loère. — Visa.


1 Il est plus que vraisemblable que ce personnage appartenait à la même famille écossaise que Laurent Vernon, chevalier, venu en France avec l'année de secours que le comte de Buchan et John Stuart de Dernley y amenèrent, et auquel Charles vii céda les château, ville et châtellenie de Montreuil-Bonnin, dont son fils Jacques était possesseur à l'avènement de Louis xi (Cf. notre précédent vol., Introduction, p. XXXI) ; mais nous n'avons rien trouvé qui permette de fixer leur degré de parenté. M F. Michel mentionne les lettres de naturalisation de Robin ou Bobert Vernon, sous la date inexacte du 12 août 1462, qui est celle de lettres semblables en faveur de trois autres Ecossais. (Les Ecossais en France, in-8°, t. I, p. 231.)