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MCCCLX

Rémission en faveur de Guillaume Prévost, franc-archer de Chauray, coupable d'un homicide involontaire sur la personne de Jean Pinart.

  • B AN JJ. 198, n° 215, fol. 200 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p.
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons [p. 334] à tous, presens et avenir, nous avoir receu l'umble supplicacion de Guillaume Prevost, demourant au lieu de Grant Mauduyt, franc archier de la perroisse de Chaurray en nostre pays de Poictou, contenant que, le jeudi unziesme jour de ce present moys de mars, ledit suppliant s'en alla au marchié en la ville de Nyort, qui se tient toutes les sepmaines ledit jour, pour aucunes ses besoignes et affaires, et y demoura jusques environ trois heures après midy qu'il se mist à chemin pour s'en retourner audit lieu de Grant Mauduyt, et sur le chemin rencontra Jehan Pinart1, procureur et fabriqueur de la perroissse de la Revestizon, et Jehan Siguoigneau, franc archier ; lequel Pinart avoit sur sa teste une sallade. Et incontinant que ledit suppliant vit ledit Pinart ayant ladicte sallade, il tira sa dague en soy jouant et esbatant et en frapa ung coup sur ladicte sallade, en disant audit Pinart : « Veulx tu estre gendarme ? » et encores le veult frapper ung autre coup sur icelle salade, en soy jouant comme devant. Mais ledit Pinart leva la teste contremont et la visière de ladite sallade, et ledit suppliant l'ataigny de celle dague et de la pointe sur l'ueil et le blessa bien fort, dont icellui suppliant fut très desplaisant et courroucé. Et dix jours après, ledit Pinart, à l'occasion dudit coupt ou autrement, par faulte de gouvernement, est allé de vie à trespassement. Et doubte ledit suppliant que à ceste cause on le vueille molester et travailler, et proceder contre lui à pugnicion corporelle, par quoy il ne se oseroit tenir au pays ne y habiter ne converser, se nostre grace et misericorde ne lui estoit sur ce impartie, ainsi qu'il nous a fait dire et remonstrer, en nous humblement requerant, attendu qu'il [p. 335] ne cuidoit aucunement blecier ne villonnir ledit Pinart et ne se penssoit que jouer, car icellui Pinart el lui estoient bons amis et n'avoient l'un à l'autre noise, haine ne procès, et fut icellui suppliant bien courroucé et desplaisant quant il lui eut fait mal, que en tous autres cas il s'est tousjours bien et doulcement gouverné, etc., il nous plaise nos dictes grace et misericorde lui impartir. Pour quoy nous, ces choses considerées, voulans misericorde preferer à rigueur de justice, audit suppliant le fait et cas dessusdit avons quicté, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement, par ces mesmes presentes, à nostre seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Bourdeaulx, ou mois de mars l'an de grace mil cccc. soixante et ung, et de nostre règne le premier.

Signé : Par le roy, à la relacion du conseil. Daniel. Visa.


1 La veuve d'un Jean Pinart, nommée Berthomée Thibaut, conclut un échange le 11 mars 1482 n. s., par lequel elle cédait à Jean et à Colas Carrens, ses gendres, la maison de la Vergne, sise près de la Sauvagère, contre trois boisselées de terre, à la mesure de Saint-Lin, sises au champ de Lousme près la Béraudière. (A. Richard, Arch. du château de la Barre, t. II, p. 382.)