[p. 448]

MCCCXCII

Rémission1 octroyée à Jean de Pérusse, dit des Cars, écuyer, âgé de vingt-un à vingt-deux ans, fils d'Audouin de Pérusse, chevalier, et d'Aliénor de Roquefeuille2. Après avoir été échanson de la reine Marie d'Anjou, puis homme d'armes des ordonnances de la compagnie de Saintrailles3, où il servit jusqu'à la mort de Charles vii, époque où le comte de Cominges4, maréchal de France, fut mis par le nouveau roi à la tête de cette compagnie, il était sous ce dernier capitaine à l'armée de Catalogne5, au mois de septembre 1463, quand un gentilhomme de ses parents et amis, Guillot de Giraing, dit de Linars, homme d'armes de la compagnie du sire d'Orval6, fut[p. 449] assassiné par un archer de la compagnie du sire de Grussol, sénéchal de Poitou, nommé Grandjean. Emu et courroucé du meurtre de son ami, il frappa d'un coup d'épée le meurtrier, bien que celui-ci fût prisonnier, désarmé et sur le point d'être jugé pour ce crime. Le maréchal de Cominges, indigné de cette action, se porta l'épée haute sur Jean de Pérusse et l'en voulut frapper à son tour. Celuici para ce premier coup, mais ensuite il fut blessé à la tête, sans chercher à se défendre, pour ne pas manquer à la discipline. Mais, à la suite, il changea de compagnie et se mit sous l'enseigne du comte de Foix7 espérant qu'un accord pourrait être ménagé entre son ancien chef et lui, ce qu'il ne put obtenir. Alors il quitta l'année, du congé du comte de Foix, et retourna auprès de la reine Marie, qu'il accompagna à Saint-Jacques de Compostelle et servit jusqu'au jour de sa mort8. Le maréchal de Cominges ne lui avait pas pardonné. Lorsque Jean de Pérusse fut privé de sa protectrice, il le fit ajourner par-devant lui et voulut le faire prendre au corps. Alors celui-ci adressa sa requête au roi et au conseil et obtint la rémission des cas ci-dessus déclarés. Abbeville en Ponthieu, le 30 décembre 1463.

  • B AN JJ. 199, n° 234, fol. 137
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p.
D'après a.


1 Le texte de ces lettres est très développé ; il suffit d'en donner la substance, d'autant que le mandement pour leur exécution est adressé aux sénéchaux de Limousin et de Saintonge, ce qui indiqué que Jean de Pérusse des Cars n'était pas établi en Poitou.
2 La femme d'Audouin IV de Pérusse des Cars, sr de Saint-Bonnet, Saint-Ibars, Chambon,etc., est nommée par les généalogistes Hélène, et non Aliénor, de Roquefeuille. Jean était leur second fils et fut chef de la branche de Saint-Bonnet ; il devint sénéchal de Périgord et fut marié à Catherine de Lévis, fille d'Eustache, comte de Caylus. dont il eut un fils et deux filles. (Dict. des familles du Poitou, 1re édit., t. II, p. 505, 514.)
3 Poton de Saintrailles, maréchal de France, mourut ie 7 octobre 1461.
4 Jean bâtard d'Armagnac, surnommé de Lescun, comte de Cominges et de Briançonnais, maréchal de France, gouverneur du Dauphiné, lieutenant général du duché de Guyenne, premier chambellan de Louis XI, avait gagné les bonnes grâces de ce prince, lorsqu'il était encore dauphin. Par lettres du 4 octobre 1454, il en obtint l'office de maréchal de Dauphiné, puis, le 24 janvier 1457, la charge de gouverneur de cette province, au lieu de Louis de Laval, seigneur de Châtillon. Après la mort de Charles VII, le nouveau roi le pourvut de l'office de maréchal de France, par lettres du 3 août 1461, et le même jour, lui fit don du comté de Cominges. Dans cet acte, il est qualifié bâtard d'Armagnac, maréchal de France, gouverneur et lieutenant général du pays et duché de Guyenne. On conserve une lettre du maréchal de Cominges à Louis XI sur les opérations des troupes françaises en Navarre, datée de Pampelune, le 4 mars 1462. (Bibl. nat., ms. fr. 20485, fol. 91.) Il mourut en 1473, après le 1er juin. (Voy. le P. Anselme, Hist. généal., t. VII, p. 94.)
5 Il s'agit de l'armée de secours que Louis XI avait envoyée à Jean II, roi d'Aragon et de Navarre, dans sa lutte contre Henri IV, roi de Castille, en conséquence du traité d'alliance conclu à Sauveterre, par lequel le roi d'Aragon engagea à la France lo Roussillon et la Cerdagne pour la somme de 300.000 écus.
6 Arnaud Amanieu d'Albret, sire d'Orval, troisième fils de Charles II d'Albret. (Voy. ci-dessus, p. 104, note 3.)
7 Gaston IV, comte de Foix et de Bigorre, vicomte de Béarn. (Cidessus, p. 289, note 2.)
8 Marie d'Anjou, femme de Charles VII, mourut dans l'abbaye des Châtelliers, le 29 novembre 1463.