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MCCCIX

Rémission accordée à Colas Martin, praticien en cour laie à Saint-Pierre-du-Chemin, qui avait pris part à la même affaire.

  • B AN JJ. 188, n° 89, fol. 43 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p.
D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l'umble supplicacion de Colas Martin, praticien en court laye, demourant ou villaige de Saint Père du Chemin en nostre païs et conté de Poitou, contenant que ledit suppliant estant aux assises royaulx de Nyort, qui ilec furent tenues ou mois d'avril mil cccc. cinquante et huit derrenierement passé, Mathurin Marot, substitut ordonné et commis de par nous de nostre procureur en Poictou au lieu, siège et ressort de Fontenay le Conte, lequel estoit ausdictes assises de Nyort, dist et notiffia audit supliant que, par la deliberacion des gens de nostre conseil en Poictou estans assemblez ausdictes assises royaulx dudit lieu de Fontenay, lesquelles pou de temps avant celles de Nyort avoient esté tenues, et informacion precedent faicte sur les pilleries, roberies, abuz, force et violence, ravissemens de femmes et voyes de fait, port d'armes, rebellions, desobeissances et autres crimes, excez et delitz en moult grant nombre commis et perpetrez par feu Ector Rousseau, qui lors vivoit, et par Jehan Raillon, Guillaume Paluya, Guillaume Artault, ung autre nommé Paulet, ung autre nommé Lescalier et autres aliez et complices dudit Rousseau, nostre seneschal de Poictou ou son lieutenant avoit donné lettres pour prandre au corps ledit Rousseau et lesdiz complices, et les mener prisonniers en noz prisons à Poictiers, pour ilec ester à droit. Et dist oultre ledit Marot que il avoit esté et estoit commis pour faire executer lesdictes lettres par le premier sergent et que il avoit entencion de faire faire ladicte [p. 146] execucion, le dymenche xiiiie jour de may, en requerant ledit supliant de soy y rendre en habillement, pour ce que ledit Rousseau et sesdiz complices avoient esté et estoient rebelles et desobeissans à noz officiers et à justice et usoient de fait. Et après ce que ledit suppliant fut retourné desdictes assises de Nyort à son hostel audit lieu de Saint Pierre du Chemin, Jacques Jousseaume, escuyer, seigneur delà Geffardière, le samedy xme jour dudit moys, passa devers le soir avec ses gens et serviteurs, armé de brigandines, salade, dague et espée, et sesdictes gens en habillement par ledit lieu de Saint Pierre du Chemin, et parla audit supliant et lui dist qu'il se habillast et alast avec luy au lieu du Breuil Barret, pour donner secours et aide audit Marot, pour prandre ledit Rousseau et ses complices au corps et mener prisonniers à Poictiers, disant iceluy Jousseaume que ledit Marot lui avoit escript et mandé que se y rendist en habillement avec sesdiz gens, ledit jour de dymenche, et lui avoit envoyé le double desdictes lettres, qui données avoient esté pour prandre ledit Rousseau et sesdiz complices. A quoy ledit supliant respondi et dist que, luy estant ausdictes assises de Nyort, ledit Marot lui avoit semblablement dit et requis de soy rendre en habillement, icelui jour de dymenche, audit lieu du Breuil Barret, et qu'il estoit content de y aller en la compaignie dudit Jousseaume, avec lequel il avoit esté par plusieurs foiz en nostre service ou fait de noz guerres. Et se habilla ledit suppliant de ses brigandines et salade et print ung voulge en sa main et se mist en la compaignie dudit Jousseaume et prindrent le chemin à tirer vers ledit

Breuil Barret. Et quant ilz furent au vilaige du Tail...1, ung nommé Mathurin Hariau d'un traict par le bras, Et pendant icelui temps, presque tout le peuple d'iceluy bourg ou vilaige du Breuil Barret et des vilaiges et pais d'environ, [p. 147] qui savoient que l'en vouloit prandre ledit Rousseau et sesdiz complices pour les mener à justice, se rendit jusques au nombre de deux cens personnes ou environ, les aucuns embastonnez et les autres non, devant ladicte maison en laquelle ledit Rousseau et sesdiz complices estoient [et] tiroient tousjours traictz d'arbaleste et de coulevrine, comme dit est. Et environ souleil couchant, ledit Marot, substitut dessus dit, et Guillaume Guerart, nostre sergent...2 Donné à Razillé près Chinon, ou moys de may lan de grace mil cccc. cinquante neuf, et de nostre règne le xxxviime.

Ainsi signé : Par le roy en son conseil. Rolant. — Visa. Contentor. Chaligaut.


1 La suite du récit est exactement semblable au texte des lettres précédentes, données en faveur de Jacques Jousseaume.
2 La fin est la reproduction textuelle desdites lettres en faveur de J. Jousseaume.