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MCCXCVIII

Permission à François de Vendel, chevalier, de fortifier son hôtel de l'Ebaupinaye, mouvant d'Argenton.

  • B AN JJ. 188, n° 37, fol. 20
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p.
D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l'umble supplicacion de nostre amé et feal François de Vendel, che- [p. 95] valier, seigneur dé l'Esbaupinaye1 en nostre seneschaucie de Poictou, contenant que ledit lieu et hostel de l'Esbaupinaye, qui est tenu noblement du seigneur d'Argenton2,[p. 96] de tout temps et d'ancienneté a esté fermé de douves et fossez et jusques à puis huit ou dix ans ença, que ledit suppliant, considerant les dangiers qui chacun jour pevent survenir à nobles gens demourans ou plat païs, voulant obvier aux entreprinses et voyes de fait que on vouldroit contre luy faire sans cause, a commencé à remparer et fortifier sondit hostel, par le congié de bouclie dudit seigneur d'Argenton, et soit ainsi que ledit suppliant, considerant qu'il n'avoit eu ledit congié que de bouche, doubtantque pour le temps avenir on luy en peust aucune chose demander ; doubtant aussi que, à l'occasion de ce qu'il n'avoit de nous congié de fortiffier et emparer sondit hostel, nostre procureur et aultres voulsissent proceder à demolir ou faire demolir et abatre sondit hostel et les fortiffications et emparemens qui y ont esté faiz, et contre luy lendre en amende, nous ait fait humblement supplier et requerir nostre grace et provision luy estre sur ce imparties. Pour ce est il que nous, les choses dessus dictes considerées et les bons et agreables services que ledit de Vendel nous a faiz en maintes manières, et esperons que encores face ou temps avenir, ladicte fortifficacion et emparement faictes par ledit suppliant en sondit lieu et hostel de l'Esbaupinaye avons eue et avons agreable, et de nostre plus ample grace luy avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces dictes presentes congié et licence de parachever, fortiffier et emparer ledit lieu et hostel de l'Esbaupinaye de fossez, murailles, tours, paliz, barbacannez, bonlevars, machicoliz, eschiffes, portaulx, pons levys et autres cloustures et fortifficaeions acoustumées a fortifficacions de placés, et qu'il verra estre neccessaires pour la seureté dudit hostel, pourveu toutesvoyes que ce ne porte dommaige ou[p. 97] prejudice à lachose publicque du païs. Si donnons en maii dement, par ces dictes presentes, au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers ou à leurs lieuxtenans, presens et avenir, et à chascun d'eulx, si, comme à luy appartendra, que, se, appellé nostre procureur et autres qui seront à appeller, il leur appert ladicte fortiffication n'estre dommageable à la chose publicque du païs, ilz facent, seuffrent et laissent ledit suppliant joyr et user plainement et paisiblement de noz presente grace, don, congié, licence et octroy, sans luy faire, mettre ou donner, ne souffrir estre fait, mis ou donné aucun empeschement au contraire, ores ne pour le temps avenir, pourveu que à ce se consente ledit seigneur d'Argenton, de qui est tenu ledit lieu et hostel de l'Esbaupinaye, se ja fait et consenty ne l'a, et que les habitans et subgetz de icelluy lieu de l'Esbaupinaye, s'aucuns en y a, seront tenuz de faire guet et garde là où ilz l'ont acoustumé de faire d'ancienneté, non obstant ladicte fortifficacion, et aussi que ledit suppliant garde ou face garder ledit lieu tellement et si seurement que aucun inconvenient n'en adviengne à nous ne à noz subgetz du païs d'environ. En tesmoing de ce, nous avons fait mettre nostre scel à ces presentes. Sauf en autres choses nostre droit et l'autruy en toutes. Donné à Montbason, ou mois de fevrier l'an de grace mil cccc. cinquante huit, et de nostre règne le xxxviie.

Ainsi signé : Par le roy, maistre Jehan Tudert3 et autres presens. Rolant. — Visa. Contentor. J. Du Ban.


1 Un Guillaume de Vendel était maître d'hôtel d'Artur, comte de Richemont, seigneur de Parthenay, connétable de France, et de Marguerite de Bourgogne, duchesse de Guyenne, sa femme. Il est fréquemment question de ce personnage, entre les années 1427 et 1442, dans la Chronique d'Arturde Richemont par Guillaume Gruel (édit, de M. Le Yavasseur pour la Société de l'hist. de France) et dans la récente biographie du connétable par M. E. Cosneau. Peut-être était-il le père de ce François de Vendel, seigneur de l'Ebaupinaye (aujourd'hui village de la commune du Breuil-sous-Argenton), dont nous n'avons point trouvé d'autre mention. Hardoin de Vendel, aussi seigneur de l'Ebaupinaye, sans doute fils de François, épousa Marie Chabot, fille cadette de Perceval Chabot, seigneur de la Turmelière et de Liré, et de Jeanne de risle-Bouchard. (Th. Courtaux, Hist. généal. de la maison de l'Esperoitnière, in-8°, p. 128, et Beauchet-Filleau, Dict. des familles du Poitou, 2e édit., t. II, p. 192.) On trouve encore Olivier de Vendel qui, le 28 mars 1481, rendit au vicomte de Thouars l'aveude la Ménardière, paroisse de Luché, fief relevant de Thouars à hommage plein, à cause d'Hérisson réuni à ladite vicomté. (Cf. Les fiefs de la vicomté de Thouars, par le duc de La Trémoïlle et II. Clouzot, in-4°, p. 151.) On voit dans cet ouvrage que les Vendel possédaient, à la fin du XVe et au XVIe siècles, plusieurs autres fiefs dans le Thouarsais.
2 Le seigneur d'Argenton était alors Antoine d'Argenton, sr de Gourgé, de l'Hérigondeau, Souvigné, etc., fils de Guillaume, seigneur d'Argenton, et de Jeanne de Naillac; il avait épousé, le 3 février 1455, Marguerite de Razilly, et décéda en 1461, sans postérité. (Dict. des familles du Poitou, 2e édit., t. I, p. 102.) Les Archives nationales possèdent quatre aveux rendus, le 1er avril 1451 n. s., par Antoine d'Argenton, à Artur comte de Richemont, à cause de la baronnie de Parthenay, le premier d'une borderie de terre désherbergée, appelée la «Borderie aux Milles », en la paroisse de Lhoumois, le deuxième de son hôtel et fief de Gourgé ; le troisième de son herbergement sis à Parthenay même, en la paroisse de Sainte-Croix, près des murs de la ville, et le quatrième de l'herbergement de l'Hérigondeau assis près de la ville de Parthenay. Le premier de ces fiefs était tenu à hommage plein, les trois autres à foi et hommage lige, avec devoir de rachat. Le seigneur d'Argenton possédait en outre, à la même époque, deux groupes d'arrière-fiefs en la même mouvance, le premier relevant de la Salle de Fenioux, qui appartenait alors à Yonnet Sauvage, comprenait plusieurs borderies de terre sises dans les paroisses de Secondigny, d'Azay, de la Pérate, de Gourgé, de Clessé et aux environs. Le second se composait de dix borderies de terre relevant de Saint-Pardoux, sises dans les paroisses de Cours, Soutiers, Beaulieu et Soulièvre. Elles s'appelaient la Fantinière, la Roulière, Puyreneau, la Rousselière, la Mouelière, la Lière, la Jamonnière, le fief de la Meule et le fief du Gastineau. (R1* 190, fol. 66 à 69, 251, 266 v°.) La veuve du sr d'Argenton, Marguerite de Razilly, était en procès au Parlement, Pan 1470, contre Jean de Chambes, sr de Montsoreau, par appel de Jean Favereau, prévôt de Poitiers. (Arrêt du 18 avril, X2a 36, fol. 288 v°.) En 1473, François Gibert, écuyer, et Pierre Marvillau, sr delà Vernaye, qui, douze ans auparavant, avaient fabriqué un faux au profit de cette dame, à la requête de Louis Chabot, sr de la Grève, obtinrent des lettres de rémission, pour l'enregistrement desquelles ils plaidaient en la cour les 3 et 10 juin, contre Jean de Chambes et Philippe de Commynes (X2a 39, à ces dates).
3 Sur Jean Tudert, cf. ci-dessus, p. 59, note.