[p. 28]

CCCCLXXXV

Don à Jean Adeuil, écuyer, de cent livres tournois de rente, à prendre sur des biens et terres sis dans les châtellenies de Mirebeau et de la Guerche, confisqués sur plusieurs Poitevins, partisans déclarés du roi d'Angleterre.

  • B AN JJ. 100, n° 276, fol. 80 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 28-32
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, à nous avoir esté expousé de la partie de nostre amé Jehan Adeuyl1, escuier, que, comme il nous ait longuement et loyalment servi en noz guerres et ailleurs, et pour cause [p. 29] d'icelles ait esté moult grevé et dommagiez, et y ait perdu la greigneur partie de son vaillant, et il [soit] ainsi que Jehan du Vergier2, les airs Jehan Paien3, de Partenay, Perrot du Deffens, Guiot Quentin, Hilairet Larchier4, Jehan Bonneron, les hoirs Pierre de Chasteleraut, les hoirs Gieffroy de Teyl, chevalier, les hoirs maistre Aymery du Teyl, la femme feu Jehan Codeluz5, Bertaut David, de Poitiers, Aymery d'Argenton6, chevalier, et Jehan de Dercé7, qui ont et tiennent en nostre royaume certainnes terres et possessions, seans en la chastelerie de Mirebeau, [p. 30] ou pais d'Anjou, et en la chastelerie de la Guerche, ou pais de Touraine, c'est assavoir le dit Jehan du Vergier à cause de sa femme, les diz hoirs du dit Jehan Paien, de Partenay, à cause de eulz et en leurs noms, le dit Perrot du Deffens, à cause de sa femme, ledit Guiot Quentin, en son nom et à cause de sa femme, le dit Hylairet Larchier, en son nom et à cause de sa femme, le dit Jehan Bonneron, en son nom, les diz hoirs de Pierre de Chastelleraut, en leurs noms, les diz hoirs Gieffroy du Teil, chevalier, les diz hoirs maistre Aymery du Teyl, en leurs noms, la dite femme feu Jehan Codeluz, le dit Bertaut David, de Poitiers, le dit Aymery d'Argenton et le dit Jehan de Dercé, en leurs noms, valens la somme de cent livres tournois de rente par an, ou environ, soient demourans ou duchié de Guienne, tenans le parti des ennemis de nostre royaume et avec Edouart d'Angleterre, soy disant duc de Guienne, et ses gens ou aliez, en faisant guerre ou autrement, en soustenant, aidant et confortant nos diz ennemiz contre nous. Pour la quelle chose, les terres et biens dessus diz et quelconques autres choses que les dessus nommés ont en nostre royaume, les quieulx ilz ont fourfaiz, en commettant delit ou crime de lese majesté en ceste partie envers nous, nous sont acquis et confisqués de plain droit. Et pour ce, le dit Jehan nous a humblement supplié que de et sur les terres et choses dessus dites, à nous, comme dessus est dit, confisqués et acquises, nous li veuillons faire recompensacion des dites pertez et dommages. Pour coy nous, consideré les choses dessus dites, inclinans favorablement à la supplicacion du dit Jehan, li avons donné et donnons, de certaine science et grace especial, par la teneur de ces presentes, en recompensacion des dommages et pertes dessus dites, les terres et possessions dessus specifiées et contenues, avec toutes les appartenances et tous les autres biens, que les dessus nommés ont et tiennent ès lieux dessus diz, jusques à la somme et valeur [p. 31] des c. livres tournois de rente dessus dictes, à nous, pour les causes dessus dites, acquises et confisquées, comme dit est, à prendre, avoir et tenir perpetuelment et hereditablement, pour li et ses hoirs et pour ceulx qui de lui auront cause, ou cas que il aura autant perdu comme monte ou vault la somme des cent livres tournois de rente dessus dites. Toutevoiez nostre entente n'est pas que, se par traictié de pais ou d'accort, ou par quelque autre voye ou maniere que ce fust, les dessus nommés ou aucuns d'eulz revenoient à leurs dites terres, que pour ce nous soions tenuz à ycelui Jehan de restitucion ne de compensacion aucune. Si donnons en mandement, par la teneur de ces presentes, à nos amez et feaulz les gens de noz comptes à Paris, aus seneschalx de Tourainne et d'Anjou, et aussi à tous receveurs, collecteurs, commis et deputez, ou à commettre et deputer, sur le fait des dites confiscacions, qui à present sont et qui pour le temps avenir seront, et à chascun d'eulz, en commettant, se mestier est, que ou cas dessus dit ilz mettent le dit Jehan en possession et saisine des terres et possessions dessus dites, jusques à la valeur de la dite somme, en faisant joir et user paisiblement le dit Jehan et ses hoirs, ou ceuls qui de lui auront cause, d'icelles terres et possessions et des appartenances, et avec ce le facent recevoir par les seigneurs à qui il appartendra à foy et hommage des dictes terres et possessions, se mestier est, à telles subjections ou redevances comme pour cause d'icelles appartendra ; et ou cas que hommage nous en seroit deu, le reçoyvent à la feauté dedens iiii. mois par devers nous, pour nous en faire la foy et hommage, sanz contredit ou empeschement aucun. Car ainsi le voulons nous estre fait, de nostre dite grace especial, nonobstant autres dons par nous fais au dit Jehan, et ordenances, graces, remissions, mandemens ou lettres quelconques, subrepticement empetrées ou à empetrer de nous ou de nostre court, à ce contraires. Et pour ce que cet soit ferme, [p. 32] etc. Sauf, etc. Donné en nostre hostel de Saint-Pol lès Paris, l'an de grace mil ccc. lxix, et de nostre regne le sisieme, ou mois de decembre.

Par le roy, en ses Requestes. P. de Vergny. L. de Faya. Visa.


1 On pourrait tout aussi-bien lire Adenyl ; mais on retrouve ce nom ailleurs écrit Adeulh. C'est dans l'un des registres de comptes de Jean, duc de Berry, comte de Poitiers. Jean Adeuil y est qualifié d'écuyer et échanson du duc, demeurant à Poitiers. Une première fois, il reçoit « tant comme don du duc de Berry qu'en récompense des frais, missions et despens qu'il a faiz avec Jean Chaveleau, en poursuivant certains traitez, pour le dit duc, au pays de Poitou, 80 livres tournois. » Quittance du 20 avril 1372 (KK. 251, fol. 75). Une seconde fois, « pour ses fraiz et despens, en alant de Poitiers porter lettres de par mond. seigneur à messire Loys de Harecourt, au sire de Parthenay et autres ses feaux, ou pays de Poitou, 6 livres tournois » (Quittance dud. Jean, le 10 août 1372, id., fol. 90 ; voy. aussi les fol. 96 v° et 101 du même registre). Au mois d'août 1374, Jean Adeuil servait le duc de Berry au siège du château de Lusignan (KK. 252, fol. 8 et 16 v°).
2 Sans doute Jean III, fils de Jean II, seigneur du Vergier, sur lequel M. Beauchet-Filleau donne un certain nombre de renseignements, entre les années 1368 et 1406. Il avait épousé, suivant cet auteur : 1°, le 16 janvier 1355, Jeanne Bouquin ; 2°, avant le 10 février 1370, Jeanne Massoteau (Dict. des familles du Poitou, t. II, p. 785). M. de Fouchier mentionne Philippe Seignoreau, veuve d'un Jean du Vergier, laquelle possédait en 1380 un hôtel à Massogne (La baronnie de Mirebeau, p. 205).
3 Un Jean Payen est mentionné dans deux actes du Parlement, des 7 mai et 1er juin 1375, en qualité de commissaire du roi et du bailli des Exemptions de Poitou, Maine et Anjou (X1a 24, fol. 10 et 56 v°).
4 On trouve mentionné, dans les comptes de l'hôtel du duc de Berry, Hilaire Larcher, marchand de draps à Poitiers, pour avoir vendu à ce prince, en juillet 1373, cinq aunes d'écarlate et autres marchandises (Arch. nat., KK. 251, fol. 119). Le 13 mai 1374, Hilaire Larcher, bourgeois de Poitiers, acheta, moyennant huit livres, une rente de dix-huit sous sur une maison et un verger situés aux Granges, en la paroisse de Saint-Germain (Archives de la ville de Poitiers, F. 43). Ce personnage ou un homonyme devint maire de cette ville, en 1390, 1391 (Bibl nat.. ms. fr. 20084). Un registre conservé aux Archives de Poitiers (K. 1) donne un état sommaire des travaux exécutés dans la ville pendant sa mairie. Voy. aussi un acte du 16 août 1388, relatif à Hilaire Larcher (id., C. XIIII, n° 4, p. 66).
5 Nommée ci-dessous la Codeluce, sœur de Jean Guérineau (acte de novembre 1370 en faveur de Pierre, Jean et Guillaume Ajaon, de Mirebeau).
6 Par lettre du 25 octobre précédent, Jean de Saint-Pierre avait eu déjà une partie de sa confiscation. (Voy. le vol. précédent, p. 416, 417 et la note, et notre tome II, p. 111 n., 335 n., 336 n.)
7 Jean de Dercé, chevalier, seigneur de Saint-Loup. Nous le retrouverons plus loin avec son neveu, de même nom et prénom (acte de novembre 1370, en faveur de Jean Bouin, garde de la ville de Mirebeau). Le 3 septembre 1373, le duc de Berry accorda aux habitants de Saint-Loup (Deux-Sèvres), la remise d'un fouage en récompense de leur récente soumission. (Arch. nat., KK., 251, fol. 105).