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DLVI

Restitution faite à Nicolas Hary, graveur de la Monnaie de Poitiers, de ses biens de Paris qui lui avaient été confisqués parce qu'il était resté pendant la guerre à Poitiers, sous l'obéissance du roi d'Angleterre.

  • B AN JJ. 104, n° 69, fol. 33
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 292-294
D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, que, oye la supplicacion de Nicolas Hari1, contenant comme long temps paravant que le pays de Poitou, de Xantonge et de Lymosin feussent delivrez par nostre très chier seigneur et pere, que Dieux absoille, à Eddouard d'Angleterre, nostre ennemi, par le traictié de paix qui fu fait entre eulx, le dit suppliant se feust partiz de nostre bonne ville de Paris, dont il est nez et y avoit son domicilie, pour aler nous servir ès dis pais en l'office de la taille des coings de nos monnoies en yceulx pays, où il li convenoit demourer pour cause des dis service et office, avecques sa femme et ses enfans, et y a demouré, c'est assavoir en la ville de Poitiers, soubz l'obeissance de nostre dit ennemi, jusques à tant que, après ces presentes guerres meues et seurvenues entre nous et nostre dit ennemi d'Angleterre, la dicte ville de Poitiers avecques les pays dessuz diz sont revenuz à notre obeissance, et encores y demeure ; et pour cause de ce qu'il demouroit par delà, [p. 293] en l'obeissance de nostre dit ennemi, certaines maisons, heritaiges et possessions qu'il avoit en nostre dicte ville de Paris aient esté pris et mis en nostre main par nostre receveur de Paris, comme forfais et confisqués, et par le dit receveur levez et exploitiez à nostre proffit par certain temps, unis à nostre demaine, et depuis exposez en vente, si comme l'en dit, et il soit ainsi que le dit Nicolas soit revenu de nouvel à nostre vray obeissance, avecques les autres bourgeois et habitans de nostre dicte ville de Poitiers, ainsi que tous jours l'avoit desiré ; aux quelx et aux autres habitans des bonnes villes et pays d'environ, semblablement revenus à nostre obeissance, nous avons octroié de nostre grace especial, que chascun retourne à ses heritages qu'il avoit en nostre royaume, au commencement des dictes guerres, non obstant quelconques dons, transpors ou alienacions qui fais en aient esté par nous, nos lieuxtenans ou autres, si comme il dit, que de nostre dicte grace nous li vueilliens faire restituer ses dictes maisons et heritaiges. Nous, recordans la dicte grace generale avoir fait aux dis habitans des païs dessus diz, revenuz de nouvel à nostre dicte obeissance, au dit Nicolas Hari, de nostre dicte grace especial et en ycelle ampliant, et de nostre certaine science et auctorité royal, avons rendu, delivré et restitué, et ou cas dessus dit, rendons, delivrons et restituons à plain ses dictes maisons et heritages, et des droiz de nostre demaine et aussi de nostre recepte de Paris, se en aucune maniere y ont esté mis ne appliquez, les ostons du tout par ces presentes. Mandans par la teneur d'icelles à nos amez et feaulx les gens de noz comptes à Paris, au Prevost de Paris, et au dit receveur, et à chascun d'eulx, si comme à lui appartendra, que de nostre presente grace facent et seuffrent le dit Nicolas Hari, pour lui, ses hoirs, successeurs et aians cause, joir et user paisiblement, en lui delivrant et faisant delivrer entierement ses dictes maisons et heritages, et ostant tout empeschement qui mis y est, non obstant quelconques dons, [p. 294] alienacions ou transpors, soubz quelconque tiltre, qui en aient esté fais par nous, noz lieux tenans ou autres, et ordenances, mandemens ou defenses à ce contraires. Et que ce soit ferme chose et estable à tousjours, nous avons fait mettre nostre seel à ces presentes. Sauf en autres choses nostre droit et l'autrui en toutes. Donné à Paris, en nostre chastel du Louvre, l'an de grace mil ccc. lxxii, et de nostre regne le ixe, ou moys de janvier.

F. de Metis. — Par le roy en ses requestes. P. Cadoret.


1 Ses maisons de Paris confisquées avaient été données, en janvier 1371, à Guillaume Fouquaut (voy. ci-dessus n° DV, p. 88). Dans ce premier acte, il est nommé Colin Héry. Ce personnage ne doit-il pas être identifié avec un Nicolas Ory, orfèvre à Poitiers, qui acheta, le 10 juillet 1374, deux écuelles d'argent de la fruiterie du duc de Berry ? (Comptes de l'hôtel de ce prince, KK. 252, fol. 1 v°.) Les graveurs des monnaies exerçaient souvent en même temps la profession d'orfèvre.