2 Chevalier breton, qui ne paraît avoir aucun lien de
parenté avec les Beaumont de Bressuire ; il était neveu de Du Guesclin
et avait un frère nommé Jean. Tous deux avaient accompagné leur oncle en
Espagne. Dans les premiers mois de 1370, ils assiégeaient Soria, bourg
qui avait été donné par don Enrique à Du Guesclin, mais refusait de
reconnaître celui-ci comme seigneur. Du Guesclin était venu renforcer
ses neveux, quand il reçut de Charles V plusieurs messages pressants
pour rentrer en France. Après la prise de Soria, il vint en effet
retrouver le duc d'Anjou à Toulouse, dans la première quinzaine de
juillet. (S. Luce, édit. de Froissart, t. VII, p.
xcxvii,
note.) Alain et Jean le suivirent et prirent part à toutes ses
campagnes. Nous ferons remarquer que dans plusieurs montres du
connétable des années 1370 et 1371, on trouve parmi les chevaliers sous
ses ordres deux Alain de Beaumont ainsi désignés :
Monsr Alain de Beaumont l'aîné, et monsr
Alain seigneur de Beaumont (1
er déc.
1370, à Caen ; 1
er mai 1371, à Pontorson ; 1
er juin 1371, à Bourges ; dom Morice,
Hist. de
Bretagne, Preuves, t. I
er, col. 1644,
1650 et 1651). Qu'il s'agisse de l'un ou de l'autre de ces deux
chevaliers, les documents relatifs à Alain de Beaumont que l'on trouvera
dans ce volume et ceux dont il va être question se rapportent à un seul
et même personnage.
Un acte de novembre 1378 publié plus loin
contient de nombreux détails sur les exploits d'Alain de Beaumont en
Poitou pendant les années 1371 et 1372, et notamment sur la prise de
Melle de Lezay, de Chef boutonne et d'autres places voisines, faits
importants dont nous essaierons de déterminer la date. Il fut nommé
capitaine du château et de la ville de Saint-Maixent, après la
capitulation du château, c'est-à-dire dans les premiers jours de
septembre 1372. Nous avons vu en effet (ci-dessus, p. 155, note 3) que
Saint-Maixent ouvrit ses portes à l'armée française le 1
er septembre, et que le château résista pendant trois jours.
Alain de Beaumont avait eu part à ce succès ; le 28 septembre suivant,
il s'engageait en qualité de capitaine de la ville et du château, par
acte passé devant notaire, à rendre dans un certain temps fixé, à
Guillaume de Vezançay, abbé de Saint-Maixent, les clefs de la porte
Charraud, qui lui avaient été remises pour les nécessités militaires,
mais qui étaient ordinairement sous la garde de l'abbé. (Collection dom
Fonteneau, t. XVI, p. 281.) C'est vers cette époque, mais
postérieurement au 27 octobre, comme on a pu le voir dans l'acte de
donation à Imbaud du Peschin (ci-dessus, p. 149), qu'il convient de
placer la prise de Sainte-Néomaye, dont les présentes lettres de Charles
V attribuent tout le mérite à Alain, et que lui-même dit ailleurs avoir
exécutée à ses propres coûts et dépens. (Arch. nat., X
1a 1472, fol. 292.) La donation du château et de la
châtellenie de Sainte-Néomaye, qu'Alain de Beaumont conserva pendant
quinze ans, lui fut confirmée et amplifiée le 10 février 1377 par lettre
du roi qui sera publiée à sa date. Nous renvoyons à cet endroit tout ce
qui a trait aux divers possesseurs de ce domaine et au procès qui fut la
conséquence de la libéralité royale.
Alain, au témoignage de
Froissart, assista au combat de Chizé, le 21 mars 1373, où Du Guesclin
remporta une victoire si complète sur les Anglais. (Edit. S. Luce, t.
VIII, p. 111-114, 312.) Pour reconnaître ses éminents services, le duc
de Berry lui conféra les fonctions de sénéchal de Poitou. Sur la liste
de ces officiers, le nom d'Alain de Beaumont figure entre Jean La
Personne, vicomte d'Aunay, et Perceval de Cologne (pour ce dernier voy.
ci-dessus, p. 200, note), mais on ne connaît pas la date de ses
provisions ni l'époque précise où il fut remplacé. On sait seulement
qu'il n'en exerçait pas encore la charge le 4 juillet 1373 et que, le 26
octobre suivant, il en portait le titre. En effet, à cette première
date, Jean de France envoya de Poitiers un messager, porteur de lettres
pour messire Alain,
pour le sénéchal, et pour le receveur
de Poitiers, qui se trouvaient alors réunis à Saintes. (Registre de
comptes de l'hôtel du duc, KK. 251, fol. 94 v°.) Le 21 juillet suivant,
c'est avec Jean de Beaumont, le frère, que le duc de Berry correspond de
Niort ; il lui envoie un chevaucheur à Sainte-Néomaye, où il était
encore le 30, et le 20 août à Saint-Maixent. (
Id. ibid.,
fol. 127 r° et v°.) Le 14 octobre 1373, le duc avait rendu à Poitiers
une ordonnance portant injonction aux commissaires chargés de lever
certaines impositions dans les châtellenies de Poitiers, de Chauvigny,
de Mortemer, de Gençay, de Château-Larcher, et dans plusieurs paroisses
y dénommées, d'apporter sans délai à Poitiers les sommes reçues par eux,
et le 26, daté de la même ville, l'on a un mandement d'Alain,
sénéchal de Poitou, pour l'exécution de cet ordre.
(Archives de la ville de Poitiers, I. 7, carton 23.) Il remplissait
encore les mêmes fonctions, le 14 mars 1374, comme le prouve l'extrait
de compte suivant : « A messire Alain de Beaumont, seneschal de Poitou,
que monseigneur (le duc de Berry) fit paier pour ses despens faiz à
Vovent, mardi
xiiiie jour de mars, qu'il
ala en sa compaignie veoir madame de Partenay,
vi livres
tournois. » (KK. 252, fol. 18 v°.) Nous le retrouvons ensuite au siège
de Bergerac (1377), sous les ordres du duc d'Anjou et du connétable.
(Froissart, édit. Kervyn de Lettenhove, t. IX, p. 4 et suiv.) A la fin
de l'année suivante, il était retenu pour servir en Guyenne et en
Bretagne avec quarante hommes d'armes de sa compagnie et 200 fr. pour
son état par mois. (Voy. lettres du 13 février 1379 n. s., L. Delisle,
Mandements de Charles V, p. 895.) Après la mort de Du
Guesclin, il s'attacha à Olivier de Clisson, assista à l'entrée de la
reine Isabeau de Bavière à Paris (1389) et fut l'un des arbitres des
différends entre le duc de Bretagne le comte de Penthièvre et Clisson,
en 1394-1395. (Froissart,
id., t. XIV, p. 21 ; t. XV, p.
208.) On trouve encore des lettres de Charles VI, permettant à Alain de
Beaumont de fortifier son hôtel du Molay-Bacon, au bailliage de Caen, 2
juillet 1387 (JJ. 131, n° 79, fol. 44 v°). Ses armes étaient :
trois pieds de biche au bâton en bande brochant ; penché,
timbré d'un heaume couronné et cimé d'un pied de biche dans un vol,
supporté par un lion et un dragon ailé ; dans le champ, deux
trèfles, comme on le voit sur son sceau appendu au bas d'une
quittance de gages desservis pendant la chevauchée de Bourbourg, le 6
septembre 1383. (G. Demay,
Inventaire des sceaux de la coll.
Clairambault, t. I, p. 83.)