1 Jean Bigot fut également
maire l'année suivante, si l'on peut ajouter quelque foi aux listes
existantes. Celle du manuscrit 20084 de la Bibl. nat. porte son nom
encore à l'année 1374. Nous avons démontré, dans la note précédente, que
c'est une erreur et que Jean Regnault fut de nouveau maire cette
année-là. L'anoblissement personnel de Jean Bigot mentionné ici coupe
court aux prétentions émises dans un mémoire sur la famille Bigot, dont
parlent MM. Beauchet-Filleau (
Dict. des familles de l'anc.
Poitou, t. 1, p. 350, 351). Jean fut seigneur de Clazay et
épousa, suivant le même auteur, Agnès de La Forêt, dame de Brion, qui
lui donna trois fils. Ses armes étaient échiquetées d'argent et de
gueulles.
Un Jean Bigot, chevalier, appelé parfois le Bigot (nous ne
saurions dire s'il s'agit du maire ou d'un personnage différent), eut
plusieurs affaires au Parlement, dont une fort curieuse, que nous avons
déjà mentionnée dans une note du précédent volume, p. 352. Dans la
première, il s'agit de cas civils et criminels non specifiés ; Jean
Bigot avait pour adversaires Alaudon Vigier et André Levraut, écuyers de
Poitou, qui étaient appelants d'une sentence du connétable et s'étaient
constitués prisonniers à Paris. Par mandement du 16 décembre 1373, la
cour les élargit jusqu'à nouvel ordre (X
2a 8, fol.
344 v°). Les faits de la seconde remontent à une époque antérieure à la
réduction du Poitou, et on pouvait opposer à Bigot l'amnistie générale
qui avait été accordée, en décembre 1372, par le traité conclu entre le
roi et les trois états de la province. Ce procès criminel avait été
porté en appel du siège du bailliage des Exemptions de Poitou, Touraine
et Anjou, au Parlement de Paris. Jean Bigot était châtelain de Mareuil
(nous avons dit Moreille précédemment ; les textes latins portent
castrum de Marolio ou
de Morolio) pour
Amaury sire de Clisson, du temps que les Anglais étaient maîtres du
Poitou. Un jour, pendant qu'il était à la messe dans l'église de la
localité, des hommes d'armes, qui s'étaient introduits dans la place par
ruse, les uns couchés dans des charrettes recouvertes de fagots, les
autres portant sur leurs épaules des barils de vin, le firent
prisonnier, s'emparèrent du château et dépouillèrent le châtelain de
tout ce qu'il y possédait. Celui-ci poursuivait Pierre de Velors, Jean
Pascaud, Jean Meschin, Jean de La Forêt, Gilles Berchou, sieur de
Puiset, et Jean de Bègues, «
super facto capcionis persone sue,
ablacionisque bonorum suorum et aliorum dampnorum, necnon
occupationis castri de Mavolio in Pictavia, cujus erat capilaneus,
dum ducatus Aquitanie erat in manibus principis Wallie ». Il
avait été retenu prisonnier pendant dix-huit mois et estimait à 8,000
francs la valeur des biens qui lui avaient été enlevés ; il réclamait en
outre 3,000 francs et 100 marcs d'argent qu'il avait dû payer pour sa
rançon. Un accord intervint, le 10 juin 1376, entre le demandeur et les
quatre premiers accusés. Ceux-ci s'engagèrent à lui payer en trois
termes la somme de 900 francs d'or pour ses dommages et intérêts (X
1c 32). Gilles Berchou et Jean de Bègues n'avaient
point accepté cette convention, et les poursuites continuèrent contre
eux et plusieurs autres. Le 18 février 1380 n. s., ils furent de nouveau
ajournés au Parlement (X
1a 29, fol. 214), et
l'affaire n'était pas terminée le 16 juin 1385. A cette date, on trouve
de curieuses plaidoiries. Les défendeurs prétendent qu'ils ont agi
d'après l'ordre du sénéchal de Poitou, parce que, malgré un traite
conclu entre le prince de Galles et le sire de Craon, la garnison de
Mareuil courait sus aux marchands qui passaient dans le voisinage et
ruinait le pays, que d'ailleurs le château fut par eux remis entre les
mains du sire de Craon qui en confia alors la garde à Jean de Rougemont,
chevalier de Bourgogne. Ils disaient encore que cette mission ne leur
avait rien rapporté, « et s'aucune chose en orent, ce fu par l'ordenance
du sesnechal de Poitou ». Bigot répond que lors de cette affaire, il y
avait guerre ouverte et déclarée entre la France et l'Angleterre, et
qu'il n'était pas licite aux défendeurs d'obéir aux ordres du sénéchal
anglais, et que d'ailleurs ils ne faisaient pas foi de leur commission
par écrit. Ceux-ci répliquent et disent qu'en l'an 1370, il «
n'y
avoit nul tant fut grand, fut viconte de Thouars, ou sire de
Partenay, qui osast désobéir au seneschal de Poitou. » (X
1a 1472, fol. 286.) En 1375, Jean Bigot, chevalier,
soutenait un troisième procès criminel contre Jean Sanglier, seigneur de
Sainte-Gemme, dont nous avons dit un mot ailleurs, dans une note
relative à ce dernier personnage.