1 Guillaume de Bauçay ne figure pas sur le fragment de
généalogie que M. Beauch et-Filleau a donné de cette famille
(
Dict. des familles du Poitou, t. I, p. 234-238). Il
est nommé dans un arrêt du Parlement réglant définitivement la
possession des deux terres dont il est question ici, et sur lequel nous
aurons occasion de revenir plus loin. Mais pas plus dans ce dernier acte
que dans celui-ci, sa filiation n'est indiquée. On en peut inférer
seulement que sa mort arriva vers 1355, comme nous le verrons. Il était
sans doute fils d'un frère cadet d'Hardouin II de Bauçay. On sait en
effet qu'Hardouin I
er eut plusieurs fils, et entre
autres Jean, marié à une fille de Guillaume de la Rajace, et qui
pourrait bien être le père de ce Guillaume.
2 Jean de Bauçay
était fils d'Amaury et d'Aumur ou Ænor de Maillé. (Beauchet-Filleau,
op. cit., p. 238.) Il épousa la fille unique d'un
bourgeois de la Rochelle, Aimery Sudre, qui était lui-même marié à
Hippolyte de Bauçay, comme on le voit dans plusieurs arrêts du
Parlement. Si la filiation donnée par l'auteur précité est exacte,
Hippolyte était la sœur de Jean, qui aurait ainsi épousé sa nièce.
Aimery Sudre soutint un procès contre l'abbaye de Moreilles au sujet de
la possession d'un pré situé à l'embouchure de la Sèvre. Un arrêt rendu
en cette affaire, le 14 août 1374, contient le texte en langue vulgaire
d'un curieux acte de vente du pré litigieux, daté de janvier 1276 (X
1a 23, fol. 450). Le même personnage et sa femme
étaient appelants, en 1377, d'une sentence du gouverneur de la Rochelle
en faveur de Geoffroy de Kerrimel, de Geoffroy Budes, chevaliers, et de
Geoffroy Payen, écuyer. (Mandement du Parlement au sénéchal de
Saintonge, le 22 aoû't 1377, X
1a 26, fol. 96 v°).
Aimery mourut à la fin de 1378 ou au commencement de 1379. Un procès
qu'il avait au Parlement contre Jacques Poussart, de la Rochelle,
qualifié de
legum professor, fut continué par sa veuve et
son gendre, qui reçurent ajournement à comparaître le 15 mars 1379 n. s.
(X
1a 28, fol. 32).
Le 29 août de la même
année, la cour commit deux conseillers au Parlement pour procéder à une
enquête (
id. fol. 98 v°). Un arrêt du 18 février 1380 n. s.
(X
1a 29, fol. 130 v°) ne mit pas fin à
l'affaire, car nous retrouvons, au milieu de l'année 1382, Jean de
Bauçay prisonnier au Châtelet de Paris, à la requête de maître Jacques
Poussart. Il obtint, le 12 juin, son élargissement dans l'enceinte de
Paris, mais pour trois semaines seulement et sous peine de 500 livres
parisis d'amende, s'il s'éloignait de la ville (X
2a
10, fol. 144). Dans l'intervalle, il eut à soutenir un autre procès au
sujet de la succession de son beau-père contre la veuve de celui-ci qui
s'était remariée avec Thibaut Le Jau ou Le Jaut. (Voy. mandement au
gouverneur de la Rochelle, du 31 juillet 1380, et arrêt du Parlement, le
1
er septembre suivant, X
1a
29, fol. 78 et 185.) Dans les textes que nous venons d'indiquer, la
femme de Jean de Bauçay est appelée tantôt Amette, tantôt Guillemette
Sudre. Ils n'eurent que deux filles : Jeanne et Marie, dame de la
Motte-de-Bauçay. Cette dernière fut mariée deux fois : 1° à Jean
d'Ausseure ; 2° à Guillaume de Chaunay, chevalier, auquel elle survécut.
Elle vivait encore en 1437.
3 Il était dans la destinée de ces deux terres de
changer souvent de maîtres. A la mort de Guillaume de Bauçay, elles
étaient passées, par droit de succession, à l'héritière de la branche
aînée de Bauçay, Jeanne, femme de Charles d'Artois, comte de
Longueville. Ceux-ci en firent don, l'an 1367, au sire d'Aubeterre, dont
ils attendaient d'importants services, puis cherchèrent inutilement à
révoquer cette donation. Saisies sur ce dernier, comme nous le voyons
ici, et données à Jean de Bauçay, elles firent retour, à la paix, par
suite du traité du 15 décembre 1372, dont nous publions le texte dans ce
volume, au sire d'Aubetere. Charles d'Artois et sa femme les obtinrent
de nouveau par lettres du roi du 31 janvier 1374 (ci-dessous, à cette
date) ; mais nous verrons à cet endroit que le Parlement adjugea
définitivement la Motte-Fresneau et Nuaillé à Jean Raymond d'Aubeterre.
Jean de Bauçay d'ailleurs ne put guère jouir de cette donation ; car les
Anglais occupaient encore le pays à cette époque. On verra ci-dessous
deux actes de Charles V : le premier de mai 1371, qui promet à Amaury et
à Jean de Bauçay, son fils, de leur restituer leurs terres de Poitou et
de Saintonge, usurpées par les Anglais, quand ces provinces seront
replacés sous l'obéissance du roi de France ; le second qui ratifie
cette promesse et rend à Jean de Bauçay la terre que son père avait été
contraint d'abandonner à Gautier Spridlington, est du 26 novembre
1372.
4 D'après un arrêt du Parlement
du 5 mars 1379 (X
1a 28, fol. 147), que nous
analyserons ci-dessous, à l'occasion des lettres du 31 janvier 1374, le
seigneur d'Aubeterre se nommait, à l'époque dont il est question ici,
Gadicilde,
Gadicildus (aliàs Guardrade) Raymond. Il mourut
peu de temps après et eut pour héritier son frère Jean. Ils étaient tous
deux fils de Pierre Raymond, auquel la carde des clefs, tours et
forteresses de la ville d'Aubeterre avait été restituée par lettres du
roi Jean, en mars 1356 n. s. (JJ. 84, n° 508, fol. 266 v°). Le 9
décembre 1360, son fils aîné eut en don du roi les biens confisqués sur
Leger de Poyat et Naudonet de Nabinais (JJ. 89, fol. 179) ; dans cet
acte rédige en latin, il est appelé
Gerardradus
ou
Guardradus. Il était mort avant le 4 octobre
1376 (JJ. 110, fol. 70), d'après des lettres où son prénom est écrit
Gérardre. Son frère Jean obtint, à cette même date, des lettres de
rémission pour tout ce qu'il avait entrepris contre le roi de France,
pendant qu'il était au service des Anglais, et la restitution de ses
biens confisqués, notamment de Nuaillé, la Motte-Fresneau, Malval, les
Forges, la Remondière, etc. (JJ. 109, n° 294, fol. 140, et J. 623, n°
81).