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DXVII

Don à André de la Ramée, écuyer, de la terre d’Ardenne et de tous les autres biens et revenus confisqués sur Simon Burleigh et Jean Hulale, Anglais, dans la châtellenie de Fontenay-le-Comte.

  • B AN JJ. 103, n° 171, fol. 93
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 129-132
D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, que, comme Symon de Burlay, chevalier, et Jehan Hulale1, escuier anglois, qui ont tousjours tenu et tiennent le parti de nostre adversaire d’Angleterre, et l’ont servi en armes et servent en la guerre que il nous a nouvellement commancié, aient et tiengnent [p. 130] en la ville et chastellerie de Fontenay le Conte certains lieux, rentes et revenues, c’est assavoir le dit Symon le lieu d’Ardanne2, qui avec ses appartenances et appandances, tant en blez, vins, deniers, poulailles, terres, prez, justice, comme en autres choses, en tout pevent valoir quarente livres par an ou environ, et le dit Hulale certaines autres choses qui pevent valoir cinquante livres par an ou environ, les quielx et tous leurs autres biens meubles et heritaiges que il ont et tiennent en nostre royaume, en quelconques povoir et juridicion que il soient, nous sont acquis et nous appartiennent pour la cause dessus dicte, et nostre amé André de la Ramée, escuier, qui avant la dicte guerre, tenoit et avoit grant partie de ses biens, heritages et amis en la duché de Guienne, en l’obeissance de nostre dit adversaire, et qui pour nous y servir, les a tous laissiez et nous y a servi diligenment et loyaument, en la compaignie de nostre chier et feal cousin le sire de Cliçon3, et de nostre amé et feal chevalier et chambellain, [p. 131] Jehan de Bueil, et fait encores chascun jour. Nous, pour consideracion des dis services et autres choses dessus dictes, avons donné, de grace especial et de nostre auctorité royal et certaine science, et donnons et octroions par la teneur de ces lettres au dit André, pour lui et pour ses hoirs et successeurs, et ceulx qui de lui auront cause, le dit lieu d’Ardanne avec ses dites appartenances et appendences, que le dit Symon tient, et les autres rentes et revenues que le dit Hulale tient en la ville et chastellenie du dit Fontenay le Conte, en la valeur de quatre vins dix livres tournois de rente par an dessus dictes, à tenir par lui et par ses dis hoirs et successeurs paisiblement et perpetuelment, cessant tout empeschement. Pourveu toutesvoies que, se par traictié d’accort ou autrement, leur [p. 132] devoient les lieu, rentes, revenues et autres choses [dessus] dictes estre rendues en aucun temps avenir, le dit André ne nous en puisse demander, ne nous ne nos successeurs ne soions tenus de leur en faire aucune recompensacion. Si donnons en mandement, par la teneur de ces lettres, au seneschal de Poitou et à tous les autres justiciers de nostre royaume, ou à leurs lieux tenans, et à chascun d’eulx, si comme à lui appartendra, que le dit André ou son procureur pour lui mettent en possession et saisine des choses dessus dictes et l’en facent et laissent et ses dis hoirs et successeurs joir et user paisiblement et perpetuelment, cessant tout empeschement ou destourbier. Et que ce soit ferme chose et estable à tous jours, nous avons fait mettre nostre seel à ces lettres. Sauf en autres choses nostre droit et l’autrui en toutes. Donné au bois de Vincennes, le xiie jour d’aoust l’an de grace mil trois cens soixante et douze, et le ixe de nostre regne.

Par le roy. Yvo. — Visa.


1 Cet écuyer anglais paraît être le même qui est nommé dans un acte de janvier 1373 ci-dessous, Jean Wilale. On trouve aussi la forme Willehale, qui est plus satisfaisante ; mais ces différences d’orthographe rendent fort difficile l’identification de ce personnage
2 Nous avons noté dans le précédent volume, à propos de la donation d’ Ardenne au maréchal Boucicaut (p. 140 note), les nombreux changements de seigneurs que ce fief eut à subir dans le cours du xive sicècle
3 Olivier IV de Clisson (voy. le vol. précédent, p. 325 note), rallié à la cause française et devenu favori de Charles V, avait reçu de ce prince le commandement suprême des forces chargées de combattre les grandes compagnies qui infestaient la Beauce et la Sologne ; il fit son mandement entre Tours et Vendôme en mai 1368. (S. Luce, édit. de Froissart, t. VII, p. xxvii, note 1, 66, 304.) L’année suivante, il était lieutenant général en Bretagne pour Jeanne, veuve de Charles de Blois (acte du 9 mai 1369 ; dom Morice, Hist. de Bretagne, Preuves, t. I, col. 1631). Le même auteur a publié le traité d’alliance et de fraternité chevaleresque que Clisson contracta avec Du Guesclin, à Pontorson, le 24 octobre 1370 (id., col 1642). Dès lors fidèle compagon du connétable, il le seconda dans toutes ses opérations militaires, et particulièrement dans les guerres de Poitou. Le 26 août 1371, étant lieutenant du roi dans les basses marches de Poitou et de Bretagne, Charles V lui donna commission et pouvoirs de lever une armée pour secourir Moncontour assiégée par les Anglais (id. col. 1666, et Delaville Le Roulx, Comptes municipaux de la ville de Tours, t. II, p. 340). Malheureusement, quand il fut prêt à entrer en campagne, la ville était au pouvoir des ennemis. Mais Clisson prit sa revanche l’année suivante et contribua avec Du Guesclin à la reprise de Moncontour. Le suivre dans toutes ses campagnes serait retracer l’histoire de la conquête du Poitou et de la Saintonge. Aussitôt après la capitulation de Thouars, c’est-à-dire au mois de décembre 1372, le sire de Clisson vint avec toute sa charge de gens d’armes mettre le siège devant Mortagne-sur-Sèvre (Froissart dit Mortagne-sur-mer, mais M. Luce a démontré la confusion dans laquelle le chroniqueur est tombé à ce sujet, loc. cit., p. lxxvii, note 2). Jacques Clerh, capitaine anglais de cette place, se sentant incapable de résister longtemps, envoya un messager secret à Niort pour demander à Jean Devereux de lui envoyer des renforts. Aussitôt celui-ci mit en campagne cinq cents lances qui chevauchèrent couvertement vers Mortagne, comptant bien surprendre les assiégeants Mais Clisson, averti par ses espions de la marche des Anglais, leva le siège avant leur arrivée et retourna à Poitiers. (Edit. Kervyn de Lettenhove, t. VIII, p. 216-218.) Mortagne ne fut reprise que plus tard, comme nous le verrons dans la suite. Après la bataille de Chizé (21 mars 1373), quelques villes tenaient encore pour les Anglais en Poitou, entre autres la Roche-sur-Yon, dont ils s’etaient emparés dès le début de la guerre ; mais elle ne tarda pas à être replacée sous l’obéissance du roi de France. Froissart, racontant les opérations qui amenèrent la capitulation de cette place, sans en préciser la date, comme c’est son habitude, parle de la levée de mille lances et de quatre mille hommes d’armes faite par le duc d’Anjou pour entreprendre ce siège et nomme parmi les capitaines Jean de Bueil, Guillaume des Bordes, Louis de Saint-Julien, etc. Ce n’est que dans une rédaction postérieure que le nom de Clisson est joint à cette liste (id. ibid., t. VIII, p. 261, 262, 268, 269). Le registre de comptes de l’hôtel du duc de Berry nous fournit la preuve que celui-ci prit part effectivement au siège et à la reprise de cette place, de mai à juillet 1373, Le 1er mai, le duc, étant à Poitiers, envoya un messager porteur de lettres pour le sire de Clisson à la Roche-sur-Yon ; le 28 juin et le 23 juillet, de Niort, nouveaux messages pour la même destination. (Arch. nat., KK. 251, fol. 94 v°, 126 et 127.)