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Confirmation du don fait par le duc de Berry, comte de Poitou, à Jean Ysoré, sire de la Varenne, et à Regnaut Chenin, sire de Mauzé, chevaliers, de tous les biens, terres et châteaux confisqués sur Guichard d'Angle, rebelle, leur beau-père, dans les sénéchaussées de Poitou, de Saintonge et d'Angoulême.
- B AN JJ. 104, n° 331, fol. 137
- a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 312-316
Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir veu les lettres de nostre très chier frere le duc de Berry et d'Auvergne, conte de Poitou, contenans la forme qui s'ensuit :
Jehan, filz de roy de France, duc de Berry et d'Auvergne, conte de Poitou et
de Masconnois, d'Angolesme et de Xanctonge, et lieutenant de monseigneur le
roy ès dis païs et pluseurs autres parties de son royaume, à tous presens et
avenir, salut. Comme pour cause du don à nous fait par monseigneur le roy
[des contés] de Poitou et de Xanctonge, les chasteaulx, terres, possessions
et autres biens de messire Guichart d'Angle, chevalier, ennemi et rebelle de
mon dit seigneur et de nous, nous appartiegnent par confiscacion, savoir
faisons que, pour les bons services que messire [p. 313] Jehan
Ysoré1, seigneur de la
Varenne, et messire Regnaud Chenin, sire de Mauzé2, chevaliers, ont fait à
mon dit seigneur et à nous, et esperons qu'il feront ou temps avenir, à
yceulx et à leurs hoirs et successeurs avons donné et octroié, donnons et
octroions par ces presentes les chasteaulx, forteresces, terres, rentes,
possessions et autres biens, tant meubles que heritages quelconques, qui
furent messire Guichart d'Angle et qu'il avoit et tenoit, par soy ou par
autres, ès seneschauciées de Poitou, Xanctonge et Angolesme, et ailleurs, au
pouvoir de mon dit seigneur et de nous3, des quelles choses la succession appartient aus dis [p. 314] chevaliers, à cause de leurs femmes, filles du dit messire
Guichart, à ce qu'il dient, [à] avoir, tenir, posseder et esploitier par les
dis chevaliers et leurs hoirs et successeurs heritablement, par vertu du dit
don, franchement et paisiblement. Et des choses par nous à eulx données les
avons mis en saisine et possession, en deboutant tous autres detenteurs
d'icelles, les quelx nous ostons et expellons par ces presentes, non obstant
quelconques donacions d'icelles par nous faites ou à faire, les quelles nous
revoquons et adnullons par ces presentes. Si mandons et commandons aus
seneschaulx de Poitou et Xanctonge, ou à leurs lieux tenans, presens et
avenir, et à tous autres justiciers et officiers de mon dit seigneur et de
nous, qui sur ce seront requis, que les dis chevaliers, ou leurs procureurs
pour eulx, il mettent et induient reaument et de fait en saisine et
possession des dis chasteaulx, forteresces et autres terres et choses dessus
dictes, et d'icelles et des profis d'icelles, et qui y appartiennent, les
laissent, facent et seuffrent user et joir, et à eulx respondre,
paisiblement et heritablement, sens les empeschier ou souffrir estre
empeschiez, en aucune maniere. Car ainsi le voulons et l'avons octroyé aus
dis chevaliers, de certaine science et grace especial, et de l'auctorité et
puissance royal dont nous usons. Et afin que ces choses soient fermes et
perpetuelment valables au proffit des dis chevaliers, de leurs hoirs et
successeurs, leur avons donné ces nos lettres, seellées de nostre seel
secret, en absence du grant, en las de soie et cire vert. Donné à nostre
ville de Saint Jehan d'Angely, le xxe jour de
septembre l'an mil ccc. lx. et douze4.
[p. 315] Les quelles lettres dessus transcriptes et tout le contenu en ycelles nous loons, ratifions, approuvons et par ces presentes, de nostre certaine science, grace especial et auctorité royal, confermons, et voulons que les dis chasteaulx, forteresces, terres, possessions et autres biens quelconques dessus devisés, aus quelx les dis chevaliers, à cause de leurs dictes femmes, deussent et doient succeder, se le dit Guichart d'Angle feust mort avant ce que il les eust forfais, comme dessus est dit, soient et demeurent aus dis chevaliers, à leurs dictes femmes, et à leurs hoirs et aians cause, et que d'iceulx et des proffis et yssues d'iceulx il usent et joissent paisiblement, non obstant quelconque don ou octroy fait des choses dessus dictes à autre personne quelconque, depuis la date de ces presentes lettres. Si donnons en mandement, par ces meismes lettres, aus bailli de Chartres, de Cepoy et des ressors et Exempcions de Poitou et de Xantonge, et à tous nos autres justiciers et officiers, ou à leurs lieux tenans, presens et avenir, et à chascun d'eulx, si comme à lui appartendra, que les dis chevaliers ou leurs procureurs pour eulx il mettent ou facent mettre de par nous, ou dit cas, reaument et de fait en saisine et possession des dis chasteaulx, forteresces, terres, possessions, biens quelconques dessus declairiez, et d'iceulx et des dis profis et yssues d'iceulx, et aussi de nostre presente grace et confirmacion, facent et laissent joir et user les dis chevaliers, leurs femmes et leurs hoirs, successeurs et ayans [cause] paisiblement et sans aucun empeschement, et tout ce qui seroit fait au contraire et contre la teneur de ces presentes, mettent ou facent mettre sans delay au neant et à pleine delivrance. Toutevoie nostre entente n'est pas que, se par aucune maniere le dit Guichart revenoit aus [p. 316] choses dessus dictes, nous, ne nos successeurs, soins tenuz à en faire aus dis chevaliers, ne aucun d'eulx, restitucion aucune. Et pour que ce soit ferme chose et estable à tousjours, nous avons fait mettre nostre seel à ces lettres. Sauf en autres choses nostre droit et l'autrui en toutes. Donné en nostre chastel du Louvre, l'an de grace mil ccc. lxxiii. et de nostre regne le xe, ou mois de septembre.
Par le roy, vous present. J. de Remis.