Marie, veuve de Pierre le Cerf.
- [R, Archives nationales, X1A 9807, fol. 384-385v , aujourd’hui manquants.].
- S, Bibliothèque nationale de France, Moreau 1161, fol. 772v-778v.
[1] A tous ceulx qui ces presentes lettres verront ou orront, Andry Marchant, chevalier, conseillier et chambellan du roy nostre seigneur et garde de la prevosté de Paris, salut.
[2] Savoir faisons que par devant Denys Yvier et Jehan Piece, clers notaires jurez du roy nostred. seigneur, de par lui establiz en son Chastellet de Paris, fu presente damoiselle Marie, vesve de feu honnorable homme et saige maistre Pierre le Cerf, en son vivant procureur et conseiller du roy nostred. seigneur, laquele estant enferme de corps, toutesvoies par la grace de Dieu nostre Seigneur saine de pensee et de bon et vray entendement, si comme il apparoit par sa face et par ses paroles, attendant et sagement considerant qu’il n’est chose plus certaine de la mort ne moins certaine de l’eure d’icelle, et que a toute creature humaine par le decours du temps approuche de jour en jour la fin de sa vie, pensant aux choses souveraines et derrenieres, non voulant trespasser de cest siecle intestate, mais tandiz que force et vigueur et sens et raison gouvernent sa pensee, voulant et desirant de tout son povoir remedier et pourveoir au salut et remede de l’ame d’elle, et des biens et choses que Dieu nostre seigneur par sa saincte grace et bonté lui avoit et a prestez et envoyez en cest mortel monde voulant disposer et ordonner par maniere testamentaire ou ordonnance de derreniere voulenté, de son bon gré, sans force ou contrainte aucuns, elle, sur ce bien advisee en son courage et pensee, si comme elle disoit, ou nom du Pere et du Filz et du benoit Saint Esperit, fist, nomma, disposa et ordena son testament en la forme et par la maniere que s’ensuit.
[3] Et premierement, elle, comme bonne et vraye christienne, donna et laissa l’ame d’elle a Dieu nostre seigneur, en suppliant trés humblement a la trés glorieuse vierge Marie, mere de nostre seigneur Jhesu Crist, nostre redempteur, a monsieur saint Michiel l’archange, a monsieur saint Jehan Baptiste, a tous les benois sains, et a toutes les benoites sainctes de la souveraine court de paradis, qu’ilz vueillent Dieu prier que tantost aprés son trespassement il lui plaise mettre l’ame d’elle en lieu de repos.
[4] En aprés, elle esleut sa sepulture en l’eglise de Saint Benoit le Bien Tourné, dont elle estoit parroissienne, sous une tumbe que sond. feu mary y fist faire.
[5] Item, voult, ordena et commanda expressement toutes ses debtes estre paieez et ses torsfaiz reparez et amendez deuement par ses executeurs cy aprés nommez.
[6] Item, elle voult et ordena son service, obseques, luminaire et funerailles estre faictes a la voulenté et selon la disposicion et ordenance de ses executeurs, ausquelx elle s’en rapporte du tout. Item, elle voult et ordena que le jour de ses obseques et lendemain ensuivant cent basses messes de requiem feussent et soient dictes en ycelle eglise pour le salut et remede de l’ame d’elle.
[7] Item, elle laissa a l’euvre de lad. parroisse de Saint Benoit vint s. p. et deux orilliers blans a mettre sur l’autel. Item, elle laissa pour le cuer des chanoines d’ilec une belle touaille ouvree qu’elle avoit pour servir a lectrin, avecques demie aulne ou environ de cramoisy noir ; item, au curé dud. lieu vint s. p. ; item, aux clers d’icelle parroisse cinq s. p. ; item, aux jacobins de Paris qui diront vigiles sur le corps et le convoieront avec ceulx dud. Saint Benoit huit £ pour estre emploiees et converties en une baniere ou en ordonner autrement au proufit d’icelle eglise par sesd. executeurs ainsi comme bon lui semblera.
[8] Item, elle voult et ordena que par ses heritiers feussent et soient paiees a Margarite et a Katherine, ses filles qui sont religieuses, l’une a l’abbaye d’Avenay et l’autre a Longchamp, par chascun an durant les vies desd. religieuses, a chascune douze £ p. anuel ou pension a vie, qui donnees et promises leur furent par led. feu maistre Pierre, leur pere, jadiz son mary, et par elle, quant elles furent faictes et rendues religieuses esd. abbayes ; et que de ce leur feust et soit faicte bonne assiete des lieux et heritages ou elles les auront et prendront, a chascune au plus prés de soy que faire se pourra, c’est assavoir a celle d’Avenay sur les terres et revenues que sond. feu mary et elle avoient a Ay et ailleurs sur la riviere de Marne, et a celle de Longchamp sur ce que sond. feu mary et elle avoient a Paris. Et oultre et avecques ce ycelle testaterresse laissa et laisse a sesd. filles religieuses, c’est assavoir a chascune d’elle quarante huit s. p. de rente annuel ou pension a vie, oultre et par dessus lesd. douze £ p. de rente dessusd., ou, pour et en lieu de ce, a chascune d’elles un poinçon de bon vin chascun an, lequel que chascune d’elle vouldra avoir durans ycelles vies, lequel vin ycelle testeterresse voult et veult estre prins et perceuz comme dessus. Et de tout ce voult et veult que ses heritiers, qui auront les heritages qui seront chargiez desd. rentes, leur en facent bonnes lettres et valables, afin que sans empeschement elle et chascune d’elles puisse ou puissent prendre, avoir et percevoir chascun an leursd. rentes leurd. vies durans. Et ou cas que sesd. heritiers vouldroient vendre ou temps a venir aucuns des heritages sur lesquelx l’assiete de leursd. rentes leur auroit eté faicte, ycelle testaterresse voult et ordonna que, en asseiant et baillant a chascune d’elles bien et souffisamment lesd. rentes au plus prés desd. religieuses que faire se pourra, que lesd. heritages en soient et demeurent deschargiez et que ilz les puissent vendre franchement.
[9] Item, elle voult et ordonna un annuel de messes estre fait, dit et celebré en lad. eglise de Saint Benoit par telz et tant de prestres qu’il plaira a yceulx ses executeurs pour le salut et remede des ames d’elle, de ses feux pere, mary et parens.
[10] Item, elle laissa a sa mere deux liz et deux coutepointe qui estoient chiez Estienne Coustet, clerc du tresorier de monsieur le duc d’Orleans.
[11] Item, elle voult et ordonna estre baillez, renduz et restituez liberalment et sans aucun empeschement a sad. mere tous et chascuns les biens meubles que sad. mere fist venir, apporter et mettre en son hostel et avecques elle qui estoient et seroient en nature de chose, et l’en voult et veult estre creue par sa simple parole.
[12] Item, elle laissa a Margot, sa chamberiere, qui ne gagnoit que quatre fr. par an, pour tout ce que on lui pourroit devoir et pour laiz, huit fr. Item, elle laissa, donne et quicta a Guillemin, son varlet, la moitié de tout ce que il pourra lui devoir au jour que elle yra de vie a trespassement. Item, elle voult et ordonna que a Marguerite, qui la gardoit et avoit gardee en sa maladie, feust et soit paié pour chascun jour qu’elle y a vacqué et vacquera deux s. p., et avec ce lui laisse une cotte hardie ou simple de drap noir qui n’est point fourree.
[13] Item, elle laissa a Belon, femme de Guillaume qui vendoit le vin, une vieille houppelande fourree de penne noire et une cotte simple fourree d’aigneaulx de Gresse et un de ses chaperons. Item, laissa au filz de lad. Belon, appellé Julian, vint s. p. ; item, a la fille Huguette, fillole de Ysabel, une cote simple vert des cotes de lad. Ysabel, avec un des chaperons d’icelle Ysabel ; item, a son filleul de Vannes, qui fu né en l’ostel de lad. testaterresse, vint s. p. ; item, aux filles Jehanne la Coldayere, a chascune vint s. p. ; item, a Jehan le Cerf d’Ay, laissa et quicta ce qu’il lui poroit devoir d’un an pour le louage de sa maison. Item, elle laissa a cellui qui demouroit en son hostel d’Ay le drap d’un chaperon.
[14] Item, ycelle testaterresse laissa et laisse franchement du tout a tousjours a maistre Nicolas le Cerf, son filz, pour lui et ses hoirs, tous ses biens meubles et conquestz quelz et quelquepart qu’ilz soient, sans ce qu’il soit tenu de paier aucunes de ses debtes, ses obseques ou funerailles, ne aucuns des laiz dessusd., mais voult que tout ce feust et soit prins sur ses propres heritages.
[15] Pour toutes et chascunes lesqueles choses en ces lettres contenues enteriner et acomplir deuement, ycelle testaterresse fist, nomma, esleut et ordena ses executeurs et feaulx commissaires, c’est assavoir maistre Regnault Rabay, Jehan le Gay d’Ay, led. maistre Nicolas le Cerf, maistre Pierre de Villiers et Jehan Livaige, ausquelz ensemble aux quatre, aux trois et aux deux d’iceulx, dont led. maistre Nicolas, son filz, soit tousjours l’un, elle donna et donne plain povoir et auctorité de cestui sien present testament acomplir et mettre a fin et execucion deues selon sa forme et teneur et y faire et dire en toutes choses tous ce que bons et loyaulx executeurs pevent et doivent faire. Es mains desquelx ses executeurs elle se dessaisi et desmist de tous ses biens meubles et immeubles, voulant et consentant expressement dés maintenant pour lors et dés lors pour maintenant oud. cas que tantost elle alee de vie a trespassement sesd. executeurs en feussent et soient saisiz et vestuz, mis et receuz en saisine et possession par cellui ou ceulx par tout et si comme il appartendra, en les soubzmettant du tout avecques la reddicion du compte de cestui sien present testament, l’execucion et dependences d’icellui a la jurisdicion, cohercion et contrainte de la noble court de parlement, de lad. prevosté de Paris et de toutes autres cours et jurisdicions ou ilz seront et pourront estre sceuz ou trouvez, pour ces lettres et leur contenu du tout enteriner et loyalment acomplir. Et rappella et revocqua tous autres testamens, codicilles ou autres ordonnances de derreniere voulenté par elle autresfoiz faiz et ordonnez par avant la confection de cestui sien present testament, auquel elle s’arresta et arreste du tout ; et le voult et veult estre et demourer valable, ferme et stable, par force de testament, de codicille ou autrement par les meilleurs voye et maniere que de droit, de us, de coustume et autrement estre et valoir pourra et devra, nonobstant quelzconques choses a ce contraires.
[16] En tesmoing de ce, nous, a la relacion desd. notaires, avons mis a ces lettres testamentaires le seel de lad. prevosté de Paris l’an de grace mil CCCC et quatorze, le samedi XXI jour du mois de juillet.
D. Yvier ; Piece.