Eustache de l'Aistre, chancelier de France
Eustache de l'Aistre, avocat au Parlement en 1395, puis conseiller au Châtelet, devint maitre des Requêtes de l'Hôtel en 1399, et, le 11 décembre 1409, remplaça comme président de la Chambre des comptes Jean de Montaigu, archevêque de Sens, tombé en disgrâce (Arch. nat., X1A 1479, fol. 96 v°; PP 118, fol. 40). Il figure dès cette époque parmi les membres du conseil royal; c'est à ce titre que nous le voyons, vers la fin de lin, négocier la reddition du château de Coucy (Religieux de Saint-Denis, t. IV, p. 585), et présider, en 1412, une commission chargée de procéder contre les Armagnacs; au mois de septembre de la même année, il se transporta à Nevers, Bourges, Auxerre et Melun, pour faire rentrer sous l'obéissance du roi « aucuns de ses sujets rebelles. » La faction cabochienne l'appela au poste de chancelier, qu'il occupa pendant un mois (Arch. nat., X1A 1479, fol. 212 v°, 257 r°). Destitué le jeudi ou vendredi 3 ou 4 août 1413 et banni par sentence prononcée au Châtelet le 14 mai suivant, il se réfugia auprès de Jean sans Peur, qui, au mois de décembre 1415 l'envoya en ambassade à Paris avec [fol. 381] Jean de Toulongeon; Eustache de l'Aistre, logé à la Sirène, rue de la Harpe, fut gardé à vue avec ses compagnons jusqu'au retour des ambassadeurs royaux auprès du duc de Bourgogne, et ne recouvra sa liberté que le 18 janvier (Juvénal des Ursins, édit. Michaud, p. 527; Chron. des Cordeliers, dans Monstrelet, édit. Douet d'Arcq, t. VI, p. 219). Après la surprise de Paris et le massacre des Armagnacs, Eustache de l'Aistre hérita de la charge d'Henri de Marie et, en sa qualité de chancelier, présida la réouverture du Parlement, le 25 juillet 1418; non content des 2,000 livres Parisis que lui valait annuellement cette charge, il se fit attribuer l'otfice de concierge du Palais (Arch. nat., X1A 1480, fol. 139; PP 118, fol. 98). Lors des négociations qui amenèrent la conclusion du traité de Troyes, le chancelier partit le 30 avril 1420 en compagnie du premier président, Philippe de Morvilliers, pour se rendre à Troyes. Il venait d'obtenir l'évéché de Beauvais et se trouvait dans le diocèse de Sens, lorsqu'il succomba, le vendredi i4 juin 1420, aux atteintes d'une maladie épidémique (Arch. nat., X1A 1480, fol. 214 r°, 217 v°). Suivant le P. Anselme (t. VI, p. 380) et Blanchard (Généalogies des maîtres des Requêtes de l'Hôtel, p. 75), Eustache de l'Aistre aurait épousé Marguerite de Thumery, fille de Gaucher, seigneur d'Ecuiryen Soissonnais; si le fait est exact, il s'agit d'un second mariage, car en 1395 on le trouve mentionné avec sa femme Marie, cousine d'Arnaud de Corbie; tous deux habitaient à cette époque une maison sise à Paris, rue du Chevet-Saint-Gervais (Arch. nat., Y 5220, fol. 81 v°). Sa fille, Marie de l'Aistre, s'unit à Jean Bonnet, chevalier; d'après le P. Anselme, son fils Arnaud, damoiseau, était encore mineur en 1432 on rencontre en 1420 un panetier du roi portant exactement le même nom (Arch. nat., KK 17, fol. 65 v°).
- S, Bibliothèque nationale de France, Moreau 1161, fol. 406 v°.
In nomine Patris, et cetera. Fait son testament monseigneur Eustace de l'Aictre, chancellier de France, esleu de Beauvais, en la maniere qui s'ensuit :
- Premierement, recommande son ame a Dieu, et cetera, et eslit sa sepulture en la plus prochaine eglise du lieu ou il trespassera.
- Item, veult et ordonne ses torfaiz estre amendez et ses debtes estre paiees avant toute euvre, et cetera.
- Item, veult que sur ses biens soient prins mil frans pour le fait de ses obseques et funerailles, et le residu d'iceulx pour le salut de son ame, selon l'ordonnance et ad vis de ses executeurs.
- Item, laisse a Juliete, sa niepce, cinq cens frans comprins en ce qu'il puet avoir d'elle.
- Item, quant a recompenser ses serviteurs, il s'en rapporte a ses [fol. 382] executeurs, lesquelx pour ce faire et acomplir il ordonne maistres Jehan l'Uillier, Guion l'Uiliier et Giles de Moulins, ses nepveux.
Acta fuerunt hec Senonensi (sic), anno Domini millesinio cccc vicesimo, in domo dicti domini cancellarii, presentibus magistris, Guillelmo Clerici, Johanne Doule, consiliariis domini nostri regis, Jolianne Drosay et Thoma d'Orgelet, secretariis, fratre Drocone Triboul, presbitero, Johanne Doublet, magistro Adam Milet, in artibus magistro, cum pluribus aliis testibus, et cetera.
Sic signatum Ita est : Ja. Ysambart.
Collacio facta est cum originali.