Nicolas de l'Espoisse, notaire et secrétaire du roi, greffier des présentations au Parlement de Paris
Nicolas de l'Espoisse, originaire de la Chapelle-Gauthier en Brie, représente un de ces habiles praticiens dont le savoir et l'expérience étaient fort appréciés; toute son existence s'écoula auprès ou au sein même du Parlement, et pendant une période de cinquante années il vit se succéder autour de lui des générations de plaideurs. Dès 1370 il figure en qualité de procureur dans les accords homologués au Parlement; à partir de cette époque, la conduite de presque toutes les affaires de quelque importance fut remise à ses soins. Une lettre missive de Tristan vicomte de Thouars, du 19 septembre 1378, en rend le témoignage le plus explicite ce seigneur prend soin de lui notifier, ainsi qu'à Jean Canard et Pierre de Fétigny, avocats en la Cour, le transport du comté de Dreux à la couronne, et l'invite à déposer entre les mains des gens du roi « toutes chartes, tous titres », aveux et enseignemens quelconques en matière de procédure restés par devers lui et ses confrères (Arch. nat., J 173 III, n° 15). Maître de l'Espoisse, dans l'exercice de sa profession, rendit des services si considérables à tout l'entourage du roi que Charles VI, par lettres du mois de mars 1385, l'anoblit avec sa femme Emmeline et leur postérité (Arch. nat., JJ 126, n° 151). Le 11 juillet 1390, lorsque la mort de Jean Jouvence laissa vacant le greffe du Parlement, l'intérim fut confié à Nicolas de l'Espoisse, clerc notaire du roi, qui reçut mission de tenir les registres de la Cour tant aux Plaidoiries qu'au Conseil; il remplit les fonctions de greflier jusqu'à la clôture du Parlement de 1390 et jusqu'à la nomination de Jean Willequin, lequel prit possession du greffe au mois de novembre de la même année. Dès cette époque, Nicolas de l'Espoisse était greffier des présentations; le Journal du Trésor (aux dates des 26 décembre 1390 et 27 avril 1391) nous permet de [fol. 365] constater qu'il touchait, comme Jean Willequin, neuf livres deux sous Parisis de gages par mois (Arch. nat., KK 13, fol. 78 r°, 154 v°). Cité parmi les membres de la Cour qui prêtèrent serment de fidélité au roi le 5 août 1417, il perdit son office lors de la révolution bourguignonne de 1418, qui renouvela complètement le Parlement, et fut remplacé par Jean de la Péreuse, que nous voyons tenir la plume de greffier dans la séance de réouverture du 2 juillet 1418; mais son éloignement ne fut pas de longue durée le Parlement décida, le 2 septembre suivant, que, « pour certaines, justes et raisonnables causes ,» Nicolas de l'Espoisse serait réintégré dans sa charge de greffier des présentations. Bien qu'il ne fût point notaire de la Cour, le chancelier lui permit de signer comme notaire et lui donna l'assurance qu'une création spéciale de notaire supra numerum serait demandée au roi en sa faveur, avec promesse des premières bourses qui viendraient à vaquer. Le même jour, Jean de la Péreuse reçut ordre de délaisser l'office dont il avait été momentanément pourvu (Arch. nat., X1A 1475, fol. 85 r°; X1A 1480, fol. 100 v°, 145 v°).
Les actes du Parlement nous fournissent quelques renseignements sur Nicolas de l'Espoisse et sa famille; ainsi l'on sait que la maison qui lui servait de demeure en 1377 était située oultre Petit Pont, dans la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève, à l'enseigne de la Pomme rouge (Arch. nat., X2A 10, fol. 37, 38; Y 5232, fol. 45 v°). Le greffier eut un fils licencié en droit civil et canon, pour lequel il sollicita en 1404 une charge de notaire au Parlement; la Cour lui répondit qu'elle ne pouvait adhérer à sa demande, les offices de notaire étant à la nomination exclusive du roi; mais considerant que maître Nicolas de l'Espoisse avait « longuement, louablement, notablement et sagement et aussi loyaument exercé son office de greffier, » elle donnait par avance son agrément à ce qu'il plairait au roi d'ordonner (Arch. nat., X1A 1478, fol. 184 r°). A la mort de Nicolas de l'Espoisse, vers le milieu de décembre 1420, sa fille et unique héritière, Jeanne, qui avait épousé Jean d'Aulnay, voulut recueillir la succession paternelle; mais comme son mari suivait le parti du dauphin et combattait dans les rangs des défenseurs de Meaux, les biens du greffier furent mis sous séquestre, et Jeanne n'obtint main levée de la saisie que le 11 février 1422, à condition de payer au Trésor 120 livres Parisis pour les biens meubles et une redevance annuelle de 40 livres sur les immeubles, tant que durerait son mariage avec Jean d'Aulnay; encore fallut-il « l'advis et deliberacion du grant conseil du roy et des finances, » qui voulut bien approuver la transaction à intervenir, lorsqu'il lui fut démontré que Jeanne de l'Espoisse avait vécu depuis quatre ans loin de son mari dans la maison de son père (Arch. nat., X1C 123). Par suite des variations monétaires, le payement des legs institués par Nicolas de l'Espoisse souleva quelques contestations; ainsi, l'un, [fol. 366] des filleuls du greffier ayant demandé que la somme à lui léguée lui fut délivrée en bons francs et en forte monnaie, le Parlement décida, par un arrêt du 18 février 1422, que les legs seraient acquittés en francs d'or, à raison de seize sous Parisis le franc (Arch. nat., X1A 1480, fol. 246 v°; X1A 4793, fol. 124, 126, 127). Nicolas de l'Espoisse eut pour successeur, dans sa charge de greffier des présentations, Pierre de la Rose, notaire du roi.
- S, Bibliothèque nationale de France, Moreau 1161, fol. 463 r°.
A tous ceulx qui ces presentes lettres verront, Giles, seigneur de Clamecy et de Prouvays, conseillier du roy nostre sire et garde de la prevosté de Paris, salut. Savoir faisons que par devant Giles Hanage et Helie Prestic, clers notaires jurez du roy nostre dit seigneur de par lui establiz en son Chastellet de Paris, fut pour ce present en sa personne honnorable homme et saige, maistre Nicolas de l'Espoisse, notaire et secretaire du roy nostre sire et greffier des presentacions de la court de Parlement, sain de corps et d'entendement, si comme il disoit et qu'il apparoit de prime face, lequel voulant pourvoir au salut de son ame et ordonner des biens a lui donnez en ce monde par la grace de Dieu et de sa glorieuse mere, considerant qu'il n'est chose tant certaine que de la mort a toute creature humaine ne plus incertaine que de l'eure d'icelle, fist, disposa et ordonna par devant les diz notaires, et par la teneur de ces presentes fait, dispose et ordonne son testament ou ordonnance de derreniere voulenté, ou nom du Pere, et du Filz et du saint Esperit en la maniere qui s'ensuit :
- Premierement, le dit maistre Nicolas recommanda et recommande devotement son ame a Dieu nostre createur, a la saincte Trinité, a la benoite Vierge Marie et aux glorieux apostres saint Pierre, saint Pol et saint Jaques, a saint Michiel l'archange, saint Anthoine, saint Martin, saint Mathurin, saint Nicolas, a la benoite Magdalene, saincte Katherine, et a tous les angles et archanges, sains et sainctes, patriarches, et a toute la glorieuse compaignie de Paradiz.
- Item, voult et ordonna le dit maistre Nicolas testateur, que premierement et avant toute euvre ses debtes et torfaiz, dont il apperra deuement et sommierement sans grant difficulté de preuve, soient paiees et amendees, et esleut sa sepulture en l'eglise madame Saincte Genevieve [fol. 367] de Paris, comme cy dessoubz est contenu et que les religieux de l'eglise lui ont accordé par leurs lettres; et le fait de ses obseques en luminaire, escripture de sa tumbe et autres choses, dont il n'est en especial ordonné cy apres ou sera avant son trespas, met et laisse du tout en la disposicion et ordonnance de ses executeurs cy apres nommez, ausquelx il prie qu'ilz le facent bien et honnestement selon son estat et sans pompe.
- Item, il laissa a la confrarie Saint Estienne et Saincte Genevieve, ordonnee en l'eglise parrochial de Saint Estienne, dont il est confrere et parroissien, pour estre acompaignié aux messes, aumosnes et biensfaiz d'icelle, quatre frans; a la confrarie Saint Denis en la dicte eglise, deux frans.
- Item, au luminaire Nostre Dame, au cierge et aux autres questes d'icelle eglise deux frans.
- Item, il laissa au cierge, a la lampe et a la torche que l'en a acoustumé de quester en l'eglise de la Chapelle messire Gauthier en Brie, dont il est nez, ung franc, au curé du dit lieu qui sera pour le temps de son trespassement, ung franc.
- Item, pour faire ung obit solennel en la dicte eglise par le curé, chanoines et clers d'icelle eglise, et ceulx de la ville qui ont acoustumé de aidier a faire le service, dedens deux mois apres son trespassement a vigiles precedens messe et commandaces, au curé et chanoines qui y seront presens, a chascun iiii solz Parisis, et aus diz clers de la ville et parroisse seulement, a chascun deux solz Parisis.
- Item, il laissa deux frans a donner pour Dieu en la dicte ville de la Chapelle le jour que l'en fera les dictes obseques.
- Item, aux confraries de la Concepcion Nostre Dame et Saint Nicolas, fondees ou ordonnees en la dicte eglise, pour estre acompaignié aux messes, oroisons et biensfaiz d'icelles, a chascune deux frans.
- Item, laissa aux fabriques des eglises de Bombon, Mourmans, Breau, Saint Ouyn et Ladit, a chascune deux frans.
- Item, laissa aux eglises de Vanves et de Baubigny, a chascune deux frans. [fol. 368]
- Item, a l'euvre et fabrique de Nostre Dame de Paris quatre frans.
- Item, a l'Ostel Dieu de Paris, pour estre acompaignié aux messes, charitez et biensfaiz du dit lieu, dix frans, desquelx l'office de la prieuse aura la moitié.
- Item, ung franc a chascune des quatre ordres Mendians de Paris, pour estre a ses vigiles.
- Item, aux Quinze Vins, Filles Dieu et autres povres colleges de Paris qui ont acoustumé d'aller a vigiles de Trespassez, a chascun college cinq solz Parisis, pourveu qu'ilz seront a ses obseques et diront chascun vigiles par la maniere qu'il est acoustumé de faire a Paris en tel cas, ou les diront en leurs eglises et hostelx, se mieulx semble a ses executeurs.
- Item, aux povres ladres de la maladrerie de Saint Germain des Prez quatre frans.
- Item il laissa a Gauchier, son nepveu, filz de feu Estienne son frere, dix livres Tournois.
- Item, a Martinette, fille du dit Gauchier, qui a demeuré avecques Jehan d'Aunay et Jehanne sa fille, quarante livres Tournoiz par lui promises au traictié de son mariage et cent solz Parisis encores apres sa mort.
- Item, il laissa a Thevenin, filz du dit Gauchier, qu'il a fait aprendre a mestier de chaucetier et drapier a ses despens, dix frans, et cent solz Tournois qu'il lui a prestez pour aidier a paier sa raençon des Armignas, et la meilleur de ses houppellandes courtes a tout la fourreure, le chapperon de mesmes, et son roman d'Alixandre pour esbatre et aprendre a lire.
- Item, a Jehan son frere, filz du dit Gauchier, qu'il a tenu a l'escole a ses despens, pour le faire encore aprendre apres son trespas, vint frans.
- Item, lui laissa encore son livre de la Somme au Breton, ses Epistres de Pierre de Blois et de Vineis et son petit papier de Prothocoles, et lui enjoint qu'il y adjouste les autres lettres qui sont en l'autre gros papier, qu'il volt que on lui preste pour les y escrire. [fol. 369]
- Item, laisse six livres Parisis a une autre suer qu'il a encores a marier, et lx solz Parisis a ung leur frere, mon clerc.
- Item, laissa a la mere des diz enfans le drap de son meilleur mantel fourré.
- Item, a une povre femme qui repaire a l'ostel du dit testateur et y a servi autres foiz, nommee Marguerite, son autre mendre manteau sangle avec ung chapperon double, et a Cardine qui a servi la dicte Jehanne sa fille, deux frans.
- Item, a maistre Jehan Queniat laissa son livre de l'Istoire de Troye la grant et l'autre des Histoires d'oultremer.
- Item, a Thevenette, sa niepce, religieuse a Longchamp, deux frans.
- Item, a Katherine, sa niepce, fille maistre Giles l'Abbat, quatre frans.
- Item a maistre Jehan l'Abbat, son nepveu, laissa, pour avoir de lui memoire et prier pour son ame, son livre nommé Policraticon, a Colin, filz du dit maistre Giles, et a Guiot, ses nepveux, a chascun quarante solz Parisis.
- Item, le dit testateur eslit sa sepulture en l'eglise Saincte Geneviefve, ou est sa tumbe assise pres de la chapelle ou il a fondé trois messes, si comme les religieux d'icelle eglise lui ont accordé.
- Item, il laissa au curé de la dicte eglise Saint Estienne quatre frans, aux deux chapellains a chascun ung franc, et ung franc aux deux clers, et prie chascun des diz curé et chapellains de dire une messe pour lui dedens quinzaine apres son trespassement.
- Item, il laissa a la fabrique et marregliers de la dicte eglise Saint Estienne quinze solz Parisis de rente amortiz qu'il a et prent chascun an aux quatre termes a Paris acoustumez par egal porcion sur les maisons de Guillaume Garnier et Perrin Blondeau, charpentier, assises a Paris en la place Maubert et respondans l'une pour l'autre, pour faire dire et celebrer chascun an en la dicte eglise au grant autel ung anniversaire a vigiles, messe a note et commandaces a ung jour de la sepmaine ou il trespassera ou assez tost apres, pour lui, sa femme, et leurs peres et meres et enfans, et s'il semble que la charge du service [fol. 370] solennel soit trop grant, il veult et consent quelle soit diminuee et ordonnee par l'advis de ses executeurs et du curé de la dicte eglise, et se d'aventure les diz marregliers ne s'en veulent charger et bailler de ce lettres, soit la dicte rente, laquelle est amortie par les lettres de la fondacion faicte a Saincte Genevieve, vendue et l'argent converti en messes ou donné a autre eglise qui se vouldra charger du service.
- Item, le dit testateur voult et ordonna, et par ces presentes veult et ordonne que, en recompensacion et restitucion des choses mal acquises, mal prises et retenues par lui des biens d'autrui par convoitise, oubliance ou autrement, et pour le salut de son ame, soit donné et distribué pour Dieu la somme de cent frans d'or ou la valeur en autre monnoye le jour de son obit, qui tant trouvera lors de povres a donner quatre deniers Parisis a chascun, et le surplus, se demourant y avoit, dedens ung mois apres a povres creatures, mesnagiers honteux, et filles a marier, ou l'en verra qu'il sera bien employé en la dicte parroisse Saint Estienne et de la Chapelle Gauthier, selon la bonne ordonnance de ses executeurs.
- Item, il laissa a la confrarie et college des notaires et secretaires du roy nostre sire, dont l'en fait le service en l'eglise des Celestins, cinq frans, et aux religieux du dit lieu autant, pour estre acompaignié es messes, oroisons et biensfaiz des diz lieux.
- Item, il laissa et quicta tout ce qui lui est et pourra estre deu a cause d'office de practique, avant qu'il feust officier du roy nostre sire, au jour de son trespassement, et veult que tous les proces et lettres qui encores en seront trouvez par devers lui, se aucuns en y a, soient reuduz franchement sans riens en prendre ne demander.
- Item, il laissa et laisse pour dix annuelx et messes faire dire et celebrer dedens deux ans et deux mois apres sa mort trois cens frans, desquelx annuelx les deux seront faiz et celebrez pour le remede et salut de son ame en l'eglise Saincte Genevieve, en la chapelle des messes par lui fondees en la dicte eglise ou a l'autel plus prouchain du lieu ou il sera enterré, par aucuns des religieux du dit lieu ou autres bons et devotz chapellains. [fol. 371]
- Item, deux en l'eglise parrochial Saint Estienne, a l'autel Saint Estienne ou sa femme et trois de leurs enfans sont enterrez, en disant a chascune messe oroison propre pour la dicte femme avecques celles que l'en dira premierement pour le dit testateur, et quatre annueix en l'eglise Nostre Dame du Carme, en la chapelle et autel Saint Jaques et Saint Michiel, ou il a ordonné trois messes perpetuelles chascune sepmaine de l'an, dont les religieux du dit lieu sont chargiez, et deux anniversaires, chascun a leur grant autel, ou du moins ung selon ce qu'il sera trouvé par les lettres qu'il en a d'eulx; et est son entencion que les diz quatre annuelx soient diz et celebrez par bons religieux.
- Item, et les diz autres deux anuelz seront faiz et celebrez pour l'ame du dit testateur, de feue Ameline, sa femme, leurs enfans trespassez, et pour le bien et prosperité des vivans, et aussi pour les ames des pere, mere, seurs, freres, ayeulx, ayeules, progeniteurs, oncles, tantes, cousins, parens et bienfaicteurs du dit testateur, en la dicte eglise de la Chapelle Gauthier, a l'autel de Saint Soupplice, Saint Anthoine et Saint Loys, devant lequel le pere du dit testateur est enterrez, et aussi tant en la dicte eglise comme ou cymetiere d'icelle sont enterrez sa mere et pluseurs de ses freres, seurs, oncles, tantes, cousins, parens et bienfaicteurs; ainsi sont en tout les dix anuelz dessus diz.
- Item, il laissa a l'eglise de la dicte Chapelle son livre des Epistres saint Bernard.
- Item, est son entencion que tous les chapellains qui diront soient paiez chascun par mois, selon ce qu'ilz auront chanté ou celebré de messes, et que chascun chapellain quere a ses despens le vin et feu de sa messe, se autrement on ne le treuve d'avantage et courtoisie au lieu ou il celebrera.
- Item, ordonna et laissa le dit testateur vint quatre frans pour acheter ung petit calice blanc et aornemens legiers, dont la chasuble soit noire d'une part et blanche d'autre, pour servir aux messes qui seront dictes en l'eglise et autel de la dicte Chapelle Gauthier, lesquelx calice et aornemens apres les diz deux anueix acompliz demourront a la dicte eglise, et tousjours en auront les marregliers d'icelle la garde, et seront [fol. 372] tenus les chapellains qui les dictes messes diront de faire sonner chascune messe au matin par deux foiz avant qu'ilz la commencent.
- Item, il laissa deux escus ou plus, s'il le convenoit, pour convertir en ung petit tableau que l'en mettra a Barbeel empres l'autel ou chapelle ou il a fondé deux messes, en faisant memoire de la dicte fondacion en briefves paroles, et aux religieux du dit lieu laissa quatre frans, c'est assavoir, les deux pour l'eglise et les autres deux frans pour pitance le jour qu'ilz feront son obit et service pour la premiere foiz apres sa mort, si comme ilz y sont tenus et l'ont promis de faire.
- Item, volt et veultque, pour ses clers, varles et chamberieres qui le serviront au jour de son trespas et l'auront servi demi an par avant, soit acheté et baillé a chascun des hommes trois aulnes et demie de brunette souffisamment selon l'estat d'un chascun, et a Gauchier, son frere, autant, et aux femmes deux et demie ou trois pour eulx vestir.
- Item, il laissa a maistre Jaques Phelippe qui longuement l'a servi et demoure avecques lui, afin qu'il prie pour lui, son Decret et tout l'argent qu'il lui doit, dont chascun d'eulx a cedule, et le requiert d'un anuel dire ou faire dire pour lui dedens deux ans apres sa mort ou plus tost, s'il puet; a Jehan Ragueneau, son varlet, laissa six frans et une de ses houppellandes ou manteaulx, sans fourreure.
- Item, il laissa a chascun de ses clers, variés et chamberieres qui le serviront au jour de son trespas et y auront demouré demi an par avant, lesquelx n'auront laiz en especial, deux frans, et autres deux frans oultre a Jehannette, la chamberiere qui le sert a present, se elle demeure avecques lui au temps de sa mort, et a Guibert le Normant, son premier clerc, quarante frans, et son livre de Manipulus florum, avecques son gros papier de Prothocolles.
- Item, quicta et quicte Poncelet Garin, qui l'a servi, de tout ce qui lui doit de la ferme de Baubigny et autrement, et aussi qu'il ne lui puisse riens demander a cause de services ne autrement, car il a esté de tout bien paié. [fol. 373]
- Item, laissa a Perrin Pichon cent solz Parisis et Boece de Consolacion avec son livre du Stile de Parlement.
- Item, a messire Nicole de Dole, son filleul, deux frans, et le requiert de deux messes.
- Item, laissa a Colin, son filleul, filz de Gilot Chauderon, pour lui aidier a nourrir et faire aprendre a l'escolle ou mestier, dix frans, et une de ses petites cottes doubles et le chapperon, et a tous ses autres filleux et filloles portans son nom, qui apperront dedens ung an apres son trespas a chascun ung franc.
- Item, volt et ordonna que toutes ses robes et pennes, excepté celles dont il a ordonné par dessus et cy dessoubz, avecques chausses, chapeaux, chemises et ses autres habiz de sa personne, soient donnez pour Dieu en l'estat qu'elles seront, ou vendues et l'argent donné et distribué a povres creatures, ou l'en verra qu'il sera bien emploié, tant fillettes a marier pour aidier a elles vestir, comme a autres miserables personnes et povres mesnagiers honteux des parroisses Saint Estienne et de la dicte Chapelle Gauthier, et a ses povres parens et serviteurs.
- Item, se aucuns arrerages estoient deuz au dit testateur de sa rente a vie de Mailly au temps de son trespassement, il les quicte des maintenant pour lors.
- Item, il laissa aux religieux, prieur et freres du Carme de Paris, afin qu'ilz soient plus astrains de prier et faire unes obseques solennelles pour lui dedens quinzaine apres sa mort ou plus tost a l'ordonnance de ses executeurs, dix frans, desquelx les deux seront convertiz en la pitance du couvent et les autres es necessitez de l'eglise.
- Item, aus diz religieux de Saincte Genevieve qui feront son service en leur eglise ou il doit estre enterré le jour de son enterrement ou obseques et prieront pour lui, quatre frans, desquelx les deux seront pour la pitance du couvent.
- Item, laissa aus diz religieux et a leur eglise, pour mettre en leur r librairie, et avoir memoire de lui a tousjours et prier pour son ame, son beau livre Catholicon, qui est moult notable.
- Item, ordonne encore que, le lendemain de ses obseques que l'en [fol. 374] fera au plaisir de Dieu a Saincte Genevieve, ungs autres en soient faiz en sa parroisse honnestement, et que ung franc soit lors distribué aux chapellains et clers d'icelle, et le curé sera content de son luminaire et offrandes avecques le lais qui lui est dessus fait.
- Item, laissa a tous les povres de l'Ostel Dieu de Paris que l'en y trouvera pour une journee dedens ung mois apres sa mort, a chascun un deniers Parisis.
- Item, le dit testateur laissa a la confrarie monseigneur Saint Nicolas nouvellement fondee ou Palais en la grant sale, dont il est confrere, deux frans.
- Item, a l'autre confrarie, ou messes ordonnees d'ancienneté en la dicte sale par messeigneurs et le college de la dicte court de Parlement, deux frans.
- Item, a la confrarie des Sainctes Maries de nouvel ordonnance en l'eglise du Carme de Paris deux frans, et tout pour estre acompaignié aux messes, prieres et biensfaiz des dictes confraries.
- Item a l'autre confrarie de Nostre Dame de Recouvrance en la dicte eglise du Carme deux frans.
- Item, il laissa a Martin, son nepveu, religieux de Saincte Genevieve, et a present curé de Vanves, afin qu'il prie pour lui, son breviaire, et le requiert de huit messes dedens l'an de son trespassement.
- Item, pour faire de bonne painture en la dicte chapelle Saint Michiel et Saint Jaques en la dicte eglise du Carme ou autre lieu honneste en icelle, ou dedens le cloistre contre les murs de l'eglise ymages en parois de la representacion du dit testateur, sa feue femme et enfans, devant une ymage de Nostre Dame que l'en y fera, avecques memoire de la fondacion de trois messes la sepmaine ou memoire de la dicte fondacion et ordonnance en ung tableau de cuivre, douze frans.
- Item, volt encores et ordonna le dit testateur, se aucuns creanciers de feu maistre Jaques, son filz, qui a esté de foible gouvernement, autres que ceulx dont maistre Jaques Phelippe a esté chargié de paier, se apperrent ou demandent aucunes debtes en quoy leur feust tenu le dit feu maistre Jaques, s'il est trouvé et apperré souffisamment les [fol. 375] dictes debtes estre deues pour bonnes et loyaux marchandises et justes causes, et pour bons contraulx sans fraude, et ainsi le monstrent les creanciers par lettres ou tesmoins et aussi l'afferment par serement que par composicions amiables et autrement, au mieulx que faire se pourra, satisfaction leur en soit faicte de tout ou partie, pour l'acquit et descharge de l'ame du dit defunct, son filz.
- Item, il laissa a la fille illegitime de feu Estienne de l'Espoisse, son frere, quatre frans, a Jehan de la Feriere, son procureur et receveur en Brye, cent solz Parisis.
- Item, a Gauchier de l'Espoisse, son frere, curé de Nangis, sa terre de l'Espoisse au Lombart, a vie seulement, et son livre de Mendeville
- Item, a chascun des hospitaulx de Paris et des fourbours, et de la maladerie de Saint Ladre de Paris, deux frans.
- Item, pour deux anuelz, l'un pour maistre Jaques, son filz, et l'autre pour Estienne, son frere, la somme de cinquante frans, et a frere Jehan le Bailli, carmelite, deux frans, et le requiert de deux messes pour son ame, et pareillement autant et d'autel a frere Nicole de Reinville.
- Item, le dit testateur soubzmet le fait de son execucion, la reddicion du compte, la cognoissance, l'interpretacion et tout ce qui en dependra a la saincte et noble court de Parlement ou il l'a commise, et a esté nourry des qu'il estoit jeune enfant et ylec prins son estat et chevance.
- Item, et pour ce present testament acomplir fait et ordonne ses executeurs, les dessus nommez, maistres Jehan l'Abbat, Jaques Pheiippe, Guibert le Normant et Jehan Queniat, et les trois d'iceulx du moins, et leur transporta et transporte tous ses biens meubles et immeubles, la saisine et possession d'iceulx pour convertir ou fait de son execucion et acomplissement de son testament, jusques a ce qu'ilz aient en main largement la somme et valeur a quoy il pourra monter et les livres, robes et autres choses par lui laissees, pour les distribuer selon la forme de ce testament, et aussi pour tout le surplus de ses biens meubles et heritages garder et faire tenir en main seure par [fol. 376] justice, se mestier est, jusques a ce que Jehanne, sa fille, ou autres heritiers, se elle avoit empeschement, ou legataires se apperrent et en vieignent prendre ou requerir la possession; etaus diz executeurs donna et donne povoir de plus a plain declairer et interpreter partout ou ilz verront qu'il appartendra es clauses et cas ou il cherra aucune doubte ou obscurté, avecques toute autre tele faculté, auctorité et puissance que en tel cas appartient et que bons et loyaulx amis et executeurs doivent avoir, et de croistre le laiz de ses serviteurs, s'il leur sembloit que plus deussent avoir qu'il ne leur laisse.
Et volt et encores veult que ce present testament et ordonnance vaille comme testament et ordonnance de derreniere volenté, et qu'il soit enteriné et acomply au plus briefvement que faire se pourra bonnement, en rappellant tous autres testamens et codicilles par lui faiz et passez par avant, Et veult et ordonne que ses diz executeurs, qui entreprendront le fait et charge de son execucion, se paient des charges, missions, despens et travaulx qu'ilz auront euz, faiz et soustenuz a cause de l'execucion sur ses biens, et qu'ilz en soient creuz en leurs loyaultés et consciences.
Et defend et commande a sa dicte fille, prie et requiert Jehan d'Aunoy, son mary, et autres heritiers, se le cas y escheoit, que ou fait de son execucion, ne des lais et autres choses contenues en ce present testament, ilz ne mettent debat ne empeschement aucun, sur peine d'estre privez de sa succession et sur tout l'amour et obeissance qu'ilz lui doivent, et les prie et requiert, tant acertes qu'il puet plus, qu'ilz solicitent ses, diz executeurs, et preignent garde comment ilz lacent bien et loyaument leur devoir et bonne diligence de ce dit testament acomplir au plus briefvement que faire se pourra, pour la descharge et salut de son ame.
Et encores reserva et reserve de muer, changer, corriger, detraire et adjouster, toutes foiz que bon lui semblera, en ce present testament, tant comme il vivra, le surplus non mué ou changé demourant en sa vertu; et toutes voies est il l'entencion du dit testateur que ce que l'en trouvera qu'il aura paie et fait a son vivant des lais et [fol. 377] ordonnance contenuz en ce testament depuis la date d'icellui, dont il apperra par cedule ou cedules escriptes et signees de sa main ou autrement souffisamment, tiegne lieu et en soit son execucion deschargee sans plus le paier ne faire, car au plaisir de Dieu il a entencion et volenté, s'il vit longuement, d'en paier et acomplir encores aucune partie, sa vie durant. Et volt et ordonna, veult et ordonne icellui testateur que les laiz qu'il fait en florins soient paiez en florins ou en monnoye a la value, et les autres faiz en monnoye en tel monnoye comme il courra au temps de son trespas.
En tesmoing de ce, nous, a la relacion des diz notaires, avons mis le seel de la prevosté de Paris a ces presentes lettres testamentaires, faictes, passees et accordees le mardi premier jour du mois d'aoust, l'an de grace mil quatre cens et dix nuef.
Ainsi signé Helye Prestic. G. Hanage.
A tous ceulz qui ces presentes lettres verront, Jehan, seigneur du Maisnil chevalier, conseilliez maistre d'ostel du roy nostre sire et garde de la prevosté de Paris, salut. Savoir faisons que par devant Helie Prestic et Giles Hanage, clers notaires jurez du roy nostre dit seigneur de par lui establiz en son Chastellet de Paris, fut pour ce present et comparant en sa personne honnorable homme et saige, maistre Nicolas de l'Espoisse, notaire, secretaire du roy nostre sire et greffier des presentacions de la court de Parlement, enferme de corps, toutes voies sain de pensee et ayant bon memoire, vray sens, certain et notable entendement, comme il appert, de prime face, lequel de son bon gré, non contraint, comme il disoit, en confermant, ratifiant et approuvant ung sien testament ou ordonnance de derreniere voulenté par lui fait, passé et ordonné par avant le jour d'uy soubz le seel de la prevosté de Paris, sans aucunement deroguer a icellui, fist, disposa et ordonna en la presence et par devant les diz notaires, et par la teneur de ces presentes fait, dispose et ordonne par maniere de codicille ou ordonnance de derreniere voulenté les lais, ordonnances et choses qui s'ensuivent :
[fol. 378]- Et premierement, le dit maistre Nicolas de l'Espoisse volt et ordonna veult et ordonne que a frere Nicole de Rainville, religieux des Carmes a Paris, pour et en lieu de la somme de deux frans qu'il lui avoit laissiez en son dit testament, en ampliant le dit lais, feust et soit par ses executeurs par lui esleuz en son dit testament et cy dessoubz nommez paiee et baillee, et par ce present codicille lui laissa et laisse la somme de quatre escuz d'or, parmi ce que icellui frere Nicole sera tenuz de dire et celebrer pour icellui maistre Nicolas apres son trespas, pour le salut et remede de son ame, huit messes basses.
- Item, voit encores et ordonna le dit maistre Nicolas de l'Espoisse que a Guibert le Normant, son clerc, qui longuement et loyaument l'avoit et l'a servi, pour et en lieu de la somme de quarante frans que par son dit testament lui avoit donnez et laissiez, feust aussi par ses diz executeurs paiee et baillee, et par ce dit present codicille lui laissa et laisse la somme de cinquante escuz en or, afin qu'il soit tenus prier Dieu pour lui.
- Item. le dit maistre Nicolas, de sa certaine science, donna et laissa, et par ce present codicille donne et laisse a damoiselle Jehanne, sa fille, pour elle, ses hoirs et ayans cause, a tousjours perpetuelment sa terre, seignorie et revenue de l'Espoisse au Lombart, ensemble toutes les appartenances et appendences a ycelle terre et seigneurie, sans riens en excepter, pour tout tel droit de succession que la dicte damoiselle Jehanne pourroit avoir, pretendre et demander par maniere de hoirrie ou autrement en tous les biens meubles, debtes et possessions immeubles quelconques que aura, tendra et possidera le dit maistre Nicolas de l'Espoisse, son pere, au jour de son trespas, en voulant, ordonnant et expressement commandant a sa dicte fille que de ce feust, soit et veuille estre contente, attendu qu'elle avoit et a eu en son mariage grant quantité de ses biens, et que par long temps depuis ycellui manage l'avoit et a gouvernee a ses despens, et encores faisoit et fait de jour en jour.
Et en tant qu'il touche le residu et demourant de tous les biens meubles, debtes, heritages et possessions immeubles quelconques du [fol. 379] dit maistre Nicolas de l'Espoisse, icellui maistre Nicolas volt, ordonna, veult et ordonne tout icellui residu, son dit testament et present codicille et chascun d'iceulx premierement et avant toute euvre paiez, enterinez et acompliz en tous leurs poins et articles, estre et par ce present codicille le mist et met du tout a la disposicion et ordonnance de ses diz executeurs, pour icellui residu donner, aumosner et distribuer pour Dieu a povres filles a marier, povres eglises, hospitaux, povres orfelins et en autres oeuvres meritoires et charitables, ou autrement tout ainsi qu'il leur plaira et que en leurs consciences ilz verront estre a faire et bien emploié pour le salut et remede de l'ame du dit maistre Nicolas, de ses feux pere, mere, parens, amis, bienfaicteurs et de tous trespassez, et de ce le dit maistre Nicolas charga et charge du tout par ces presentes ses diz executeurs et chascun d'eulx. Et pour toutes les choses dessus dictes et chascune d'icelles paier, enteriner et acomplir de point en point le dit maistre Nicolas de l'Espoisse fist, nomma, esleut et ordonna ses executeurs et feaulx commissaires ceulx par lui faiz et nommez en son dit testament, c'est assavoir, maistres Jehan l'Abbat, Jehan Queniat, advocas en la dicte court de Parlement, maistre Jaques Phelippeet le dit Guibert le Normant, ausquelx ensemble et aux trois d'iceulx pour le tout il donna et octrova, donne et octroye plain povoir, auctorité et mandement especial de paier, enteriner et acomplir, et mettre a fin et execucion deue ce present codicille, les choses dedens contenues et chascune d'icelles selon leur forme et teneur, et de faire en oultre tout ce que au cas appartendra et que bons et loyaux executeurs pevent et doivent faire, en leur transportant et delaissant tous ses biens meubles, debtes et possessions immeubles, la saisine et possession d'iceulx, pour les prendre et apprehender de fait, tantost et incontinent lui alé de vie a trespassement, sans aucun contredit ou empeschement, pour les mettre, convertir et emploier ou fait de son execucion jusques a plain paiement et acomplissement de ses diz testament et codicille, et les distribuer selon la forme et teneur d'iceulx; lesquelx testament et codicille el ordonnance de derreniere volenté ou autrement, par la meilleur forme et [fol. 380] maniere que tenir et valoir pourront et devront, sans aucunement les rappeller ou revoquer, ainçois volt et veult iceulx estre enterinez et acompliz le plus tost que bonnement faire se pourra, en soubz mettant par le dit maistre Nicolas de l'Espoisse, comme autres foiz a fait son dit testament, avec ce present codicille le fait de sa dicte execucion, la reddicion du compte, la cognoissance et interpretacion d'iceulx, et tout ce qui en deppend a la dicte court de Parlement.
En tesmoing de ce, nous, a la relacion des diz notaires, avons mis le seel de la dicte prevosté de Paris a ces presentes lettres de codicille, qui furent faictes et passees l'an de grace mil quatre cens et vint, le mercredi xviiie jour du mois de decembre.
Ainsi signé G. Hanage. Helye Prestic.
Collacio facta est cum originali reddito Guiberto Normanni alteri executorum.