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MCCLXXIII

Lettres de rémission octroyées à « François Paillete, natif du païs de Poictou, en l'evesché de Mailezais », établi et marié à Saint-Lô en Cotentin, où il exerçait « le mestier ou marchandise de quincaillerie et mercerie », lorsqu'il avait été poursuivi, emprisonné et mis à la torture, pour avoir donné cours à des monnaies fausses ou prohibées, comme étrangères, et s'était ensuite échappé, mis en franchise à l'abbaye de Saint-Lô, et enfin avait quitté la Normandie pour se soustraire au châtiment67. « Donné à Saint Priet en Daulphiné, ou moys d'avril l'an de grace mil cccc. lvi. avant Pasques, et de nostre regne le xxxvme. — Ainsi signé : Par le roy tenant ses requestes, èsquelles maistres Estienne Le Fèvre1, Jehan Le Boulengier2 et François Hallé3 estoient. Rolant. — Visa. Contentor. Chaligaut.

  • B AN JJ. 187, n° 271, fol. 145
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p.
D'après a.
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67 Tous les faits reprochés à François Paillete se rapportant à l'époque où il habitait loin du Poitou, il suffit de donner cette courte analysé des lettres de rémission qu'il se fit octroyer. Un Bernard Paillete, que l'on rencontre trente ans plus tard parmi les serviteurs de Jacques de Brézé, grand sénéchal de Normandie, et qui pourrait bien être le fils de François, se rendit coupable d'un meurtre et fut condamné par le Parlement à être pendu, le 19 février 1485 n. s. Comme il avait agi à l'instigation de son maître et pour lui rendre service, celui-ci ne l'abandonna pas ; il le fit enlever des mains du bourreau, au pied même des fourches patibulaires de Montfaucon, par le capitaine de Pontbriand et par Robin Heston, premier huissier d'armes du roi, qui s'étaient mis à la tête d'une troupe de quarante hommes d'armes. Grâce au crédit du grand sénéchal, l'affaire fut arrangée quelques jours après et Bernard Paillete obtint aussi des lettres de rémission. (Arch. nat., X2a 48, aux 19, 21 et 25 février, 22 mars et 11 avril 1485.)
1 Fils de Pierre Le Fèvre, président au Parlement de Paris, Etienne fut pourvu d'une charge de maître des requêtes de l'hôtel, par lettres de Charles VII du 24 décembre 1454, en remplacement de Guy Bernard, promu à l'évêché de Langres; son acte de réception au Parlement est du 10 avril 1455. (Blanchard,Généalogies des Maistres des requestes, p. 179.) C'est à partir de cette époque que le nom d'Etienne Le Fèvre se rencontre fréquemment parmi les membres du Conseil.
2 Jean de Montigny, dit Le Boulanger (beaucoup plus connu sous ce dernier nom), fut d'abord reçu conseiller au Parlement de Paris, puis maître des requêtes de l'hôtel, président à mortier en 1461 au lieu d'Arnaud de Marie, et enfin premier président, le 8 décembre 1471. Il mourut le 24 février 1481 et fut inhumé au cimetière des SS. Innocents, auprès de Philippe Cottereau, sa femme, décédée le 4 novembre 1473. (Blanchard,Les premiers Présidents du Parlement, in-fol., p. 43).

3 François Hallé se trouve au nombre des membres du Conseil royal à partir de l'an 1455. Peu après la date de ces lettres, qu'il souscrivit, il fut envoyé en ambassade, avec Richard Olivier, évêque de Goutances, Jean Le Boursier, seigneur d'Esternay, et Jean Le Roy, auprès du dauphin retiré à Genappe, pour lui demander de déclarer les raisons de son éloignement de la cour et du royaume, et auprès du duc de Bourgogne, qu'ils étaient chargés de mettre en demeure de s'employer à obtenir du dauphin qu'il reconnût l'autorité paternelle. Ils arrivèrent à Bruxelles le 21 septembre 1457. (De Beaucourt, Hist, de Charles VII, t. VI, p. 148, 354.) François Hallé devint avocat du roi au Parlement. Louis XI adressa, le 25 juin 1471, un mandement aux généraux des finances pour le faire rembourser d'une somme de 1.000 écus qu'il avait avancée au roi. (Bibl. nat., ms fr. 20497, fol. 24.)