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MCCCLXXXI

Lettres portant don en faveur de Mathurin Arembert, seigneur de Sepvret, de la haute justice dudit lieu.

  • B AN JJ. 199, n° 171, fol. 106
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p.
D'après a.

Loys, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et advenir, nous avoir receue l'umble supplicacion de nostre amé et feal conseiller, maistre Mathurin [p. 412] Arembert1, seigneur de Cevret en nostre païs de Poictou, contenant qu'il est seigneur dudit lieu de Cevret, qui est une belle, notable et ancienne place, bien emparée, bastie et ediffiée de belles tours, garites, eschiffes, foussez, pont leveis et donnant, basse court et dangeon et autres fortifficacions et emparemens neccessaires pour la garde de ladicte place et de ceulx qui y ont leur retraite et reffuge. Et est icelle place assise en bon et fertil païs, en nostre chastellenie, terre et baronnie de Lezignen, dont [p. 413] elle est mouvant et tenue à foy et hommage lige de nous, à cent solz de devoir à muance d'omme, quant le cas y avient. Et pour ce que audit lieu, terre et seigneurie de Cevret ledit suppliant n'a seullement que basse justice, qui lui semble peu de chose, veu la grandeur et estandue de sadicte seigneurie, il nous a humblement requis que en icelle lerre et seigneurie de Cevret nostre plaisir feust de lui donner les haulte et moyenne justice, que à nous y appartient, et sur ce lui impartir nostre grace. Pour ce est il que nous, consideré l'assiète de ladicte place, en laquelle nous avons puis naguères et par aucuns jours, pour nostre plaisir, habité, et les bons et agreables services que ledit suppliant et feu maistre Jehan Arambert, son père, ont par longtemps faiz à feu nostre très cher seigneur et père que Dieu absoille, et à nous en maintes manières, fait encores et continué chacun jour ledit suppliant, et esperons que plus nous face ou temps advenir, à icellui suppliant, pour ces causes et consideracions et autres à ce nous mouvans, avons, de grace especial, plaine puissance et auctorité royal, pour l'exaltacion et acroissement de sadicte terre et seigneurie de Cevret, donné et octroyé, donnons et octroyons, par ces presentes, que [en] icelle terre et seigneurie de Cevret et ès appartenances et appendences d'icelle il ait tout droit de justice et juridicion, haulte et moienne avec la basse qu'il y avoit par avant, et tous les droiz qui en deppendent et pevent deppendre, pour en joir et user par lui et ses hoirs et aians cause, seigneurs dudit lieu, terre et seigneurie de Cevret, à tousjours mès perpetuelment. Et voulons et nous plaist que icelle haulte justice et moienne soit tenue par ledit suppliant et sesdiz hoirs et aians cause soubz les foy et hommage lige et à tel et semblable devoir seullement que d'ancienneté on nous estoit tenu de faire pour cause d'icelle terre et seigneurie, sans aucun autre acroissement de charge ou redevance ; reservé à nous toutesvoyes le ressort et sou- [p. 414] veraineté. Si donnons en mandement à noz amez et feaulx gens de noz comptes et tresoriers, etc., au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers et officiers, ou à leurs lieux tenans, presens et advenir, et à chascun d'eulx, si comme à lui appartendra, que de nostre grace, volenté, don et octroy ilz facent, seuffrent et laissent ledit suppliant et ses successeurs, seigneurs dudit lieu de Cevret, joir et user plainement et paisiblement, sans lui mettre ou donner, ne souffrir estre mis ou donné aucun destourner ou empeschement. Et afin que ce soit chose ferme et estable à tousjours, nous [avons] fait mettre nostre seel à ces dictes presentes. Sauf en autres choses nostre droit et l'autruy en toutes. Donné audit lieu de Cevret, ou mois de janvier l'an de grace mil cccc. soixante et deux, et de nostre règne le deuxiesme.

Ainsi signé : Par le roy, les sires du Lau, de Beauvoir, de Bressure, le bailly de Sens et autres-presens. B. Meurin. — Visa.


1 Mathurin était fils de Jean Arembert, déjà seigneur de Sepvret et procureur du roi en la sénéchaussée de Poitou. C'est en cette qualité qu'il fut chargé, après la mort de Jean II Larchevêque, 1427, de prendre possession de Parthenay au nom du roi (cf. notre tome VIII, p. 95-96, note) et assista en 1431 à l'installation de l'Université de Poitiers. Il est ainsi qualifié dans le contrat de mariage (passé à Saint-Maixent, le 5 juillet 1434) de Maurice Claveurier, lieutenant général du sénéchal du Poitou, avec Louise Eschalart, fille de Simon, sr de Maillé, et de Jeanne Dixmier, auquel il fut présent comme témoin. (Arch. du château de la Barre, par A. Richard, t. I, p. 13.) Le 26 mai 1436, le Parlement de Poitiers lui enjoignit, ainsi qu'à Jean Baconnet, son collègue, aussi procureur du roi en Poitou, d'exercer des poursuites contre les seigneurs de Châteaularcher, de Brisay et autres pillards. (Arch. nat. X2a 21, à la date.) Jean Arembert rendit aveu à Charles vu, le 13 mars 1441 n. s , de son hôtel et place forte de Sepvret, mouvant de la châtellenie de Lusignan, que sans doute il avait acquis récemment (Id., P. 1145, fol. 70 v°), et le 7 août 1448, au seigneur de Melle, Charles d'Anjou, comte du Maine, de son lieu, terre et juridiction de la Revêtizon et autres terres, sis en la paroisse de Celles. (Id., P. 5203, fol. 41 v°.) Mathurin Arembert succéda à son père en l'office de procureur du roi en Poitou, nous ne savons à quelle date exactement. Le Dict. des familles du Poitou dit qu'il l'exerça de 1437 à 1467 (nouv. édit., t. I, p. 97). Quoi qu'il en soit, le 26 avril et le 24 mai 1436, on le trouve en procès au Parlement au sujet de l'office de procureur du roi sur le fait des fiefs en Poitou, qu'il disputait à Guillaume Rouillé ; il s'était porté appelant d'une sentence du lieutenant du sénéchal à Saint-Maixent, qui était alors Hugues de Conzay. (Arch. nat., X1a 9194, fol. 131 v° ; X2a 20, fol. 93 ; X2a 21, à la date du 24 mai 1436.) C'est sans doute le même Mathurin Arembert qui était en 1446 sénéchal de Civray (coll. dom Fonteneau), et le 10 juillet 1455, sénéchal de la Saisine. (Arch. du château de la Barre, t. Il, p. 193.) On peut citer encore une affaire criminelle portée au Parlement, le 20 décembre 1453, par Jean Brunet, appelant du sénéchal de Poitou et de Colin Autier, sergent royal, contre Mathurin Arembert, en sa qualité de procureur du roi en Poitou. (X2a 25, à la date.) En 1457, étant maire de Poitiers, Mathurin fit publier les statuts des corroyeurs de cette ville, et il assista, comme procureur du roi, l'an 1467, au ban des nobles du Poitou. ll avait épousé Louise Parthenay et en eut deux fils : Guillaume, sr de Sepvret, et Etienne, sr de Teillé. Nous publierons, à leur date, des lettres du même roi Louis XI, instituant en sa faveur deux foires à Sepvret, le 19 mars 1473 n. s. (JJ. 197, n° 405, fol. 214.)