MCCCXCII
Rémission1 octroyée à Jean de Pérusse, dit des Cars, écuyer, âgé de vingt-un à vingt-deux ans, fils d'Audouin de Pérusse, chevalier, et d'Aliénor de Roquefeuille2. Après avoir été échanson de la reine Marie d'Anjou, puis homme d'armes des ordonnances de la compagnie de Saintrailles3, où il servit jusqu'à la mort de Charles vii, époque où le comte de Cominges4, maréchal de France, fut mis par le nouveau roi à la tête de cette compagnie, il était sous ce dernier capitaine à l'armée de Catalogne5, au mois de septembre 1463, quand un gentilhomme de ses parents et amis, Guillot de Giraing, dit de Linars, homme d'armes de la compagnie du sire d'Orval6, fut[p. 449] assassiné par un archer de la compagnie du sire de Grussol, sénéchal de Poitou, nommé Grandjean. Emu et courroucé du meurtre de son ami, il frappa d'un coup d'épée le meurtrier, bien que celui-ci fût prisonnier, désarmé et sur le point d'être jugé pour ce crime. Le maréchal de Cominges, indigné de cette action, se porta l'épée haute sur Jean de Pérusse et l'en voulut frapper à son tour. Celuici para ce premier coup, mais ensuite il fut blessé à la tête, sans chercher à se défendre, pour ne pas manquer à la discipline. Mais, à la suite, il changea de compagnie et se mit sous l'enseigne du comte de Foix7 espérant qu'un accord pourrait être ménagé entre son ancien chef et lui, ce qu'il ne put obtenir. Alors il quitta l'année, du congé du comte de Foix, et retourna auprès de la reine Marie, qu'il accompagna à Saint-Jacques de Compostelle et servit jusqu'au jour de sa mort8. Le maréchal de Cominges ne lui avait pas pardonné. Lorsque Jean de Pérusse fut privé de sa protectrice, il le fit ajourner par-devant lui et voulut le faire prendre au corps. Alors celui-ci adressa sa requête au roi et au conseil et obtint la rémission des cas ci-dessus déclarés. Abbeville en Ponthieu, le 30 décembre 1463.
- B AN JJ. 199, n° 234, fol. 137
- a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p.