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MCCCVI

Lettres permettant à Jean de Montournois, chevalier, de continuer et d'achever les fortifications qu'il a commencé de faire faire à la place de Puymorin, dont il est seigneur.

  • B AN JJ. J88, n° 108. fol. 54
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p.
D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l'umble supplicacion de nostre amé et feal chevalier, Jehan de Montornoys, seigneur de Puymorin1 en la chastellenie de [p. 122] Bersuyre, contenant que, aucun temps ença, pour obvier aux inconveniens de guerre et entreprinses des mauvaises gens, et pour se tenir en seurté, luy et ses subgetz dudit lieu de Puymorin, il a fait faire certaine fortifficacion et emparement en sadicte place et forteresse dudit Puymorin, du congié, vouloir et consentement du seigneur dudit lieu de [p. 123] Bersuyre2 duquel est ladicte place de Puymorin tenue, et luy a donné pour la garde et seureté d'icelle droit de guet sur ses subgetz de sadicte terre de Puymorin, lesquelz d'ancienneté l'estoient tenuz de faire audit lieu de Bersuyre; et laquelle fortifficacion et emparement ainsi encommencez, ledit suppliant, pour obvier ausdiz inconveniens et afin qu'il se puisse doresenavant plus seurement tenir et demourer et sesdiz subgetz retraire en sondit hostel et place de Puymorin, il feroit voulentiers parachever et de tout point emparer sadicte place ; mais il doubte que à ce faire on luy voulsist mettre aucun empeschement, s'il n'avoit de nous prealablement sur ce noz congié et licence, si comme il dit, en nous humblement requerant qu'il nous plaise ladicte fortifficacion par luy encommencée avoir pour agreable et luy octroyer nosdiz congié et licence d'icelle parachever. Pour quoy nous, eue consideracion aux choses dessus dictes et aux grans services à nous faiz par ledit suppliant, ses frères, enfans et nepveuz, tant aux conquestes de Normandie et de Guienne que paravant, ladicte fortifficacion et emparement encommencez en ladicte place ele Puymorin par ledit suppliant, dudit consentement, congié et licence dudit seigneur de Bersuyre, avons eu et avons pour agreable et à icelluy suppliant avons donné et octroyé, donnons et [p. 124] octroyons de grace especial, par ces presentes, congié et licence de parachever ledit ediffice et fortifficacion de tours, machecos (sic), pons leveys et de toutes autres choses prouffitables et neccessaires ès fortifficacions, acoustumées à fortifficacion de placés et qu'il verra bon et convenable pour la seureté de luy, sondit hostel et place. Si donnons en mandement, par ces presentes, au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers, ou à leurs lieuxtenans et à chascun d'eulx, si comme à luy appartendra, que se, appellé nostre procureur et autres qui feront à appeller, il leur appert ladicte fortifficacion n'estre dommaigable à nous et à la chose publique dudit païs, ilz facent, seuffrent et laissent ledit suppliant joir el user plainement et paisiblement de noz presens grace, congié, licence et octroy, sans luy faire, mettre ou donner, ne souffrir estre fait, mis ou donné, ores ne pour le temps avenir, aucun destourbier ou empeschement au contraire, pourveu que ce ne porte dommaige ou prejudice, comme dit est, à nous ne à la chose publicque du païs, et que ledit seigneur feodal dudit lieu se soit à ce consenti ou consente, non obstant ladicte fortifficacion [sic), et aussi que ledit suppliant garde ou face garder icelle place bien et seurement, en manière que aucun inconvenient n'en adviengne à nous et à noz subgetz du païs d'environ. Et afin, etc. Sauf, etc. Donné à Razilly, ou mois de may l'an de grace mil cccc. cinquante neuf, et de nostre règne le xxxviie.

Ainsi signé : Par le roy, maistre Estienne Le Fèvre3, Denis Dausserre4 et autres presens. — Visa. Contentor. Chaligaut.

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1 La seigneurie de Puymorin, qui appartenait déjà aux Montournois au XIVe siècle, resta en possession de cette famille jusqu'au commencement du xvie siècle. Le 17 mars 1381 n. s., Guy de La Rochefoucauld, évêque de Luçon, confirma la fondation d'une chapelle faite par feu Terry de Mon tournois et l'augmentation des revenus de cette chapelle par Pierre de Montournois, écuyer, seigneur de Puymorin et principal héritier dudit Terry. (Coll, dom Fonteneau, t. VIII, p. 159, copie d'un acte conservé au château de la Flocelière.) Jean de Montournois, fils ou petitfils de Pierre, était poursuivi, en 1448, aux grandes assises de la châtellenie de Bressuire par le procureur du seigneur du lieu, «pour avoir fait édifier fortillesse audit lieu de Puymorin, sans congé de la cour ». Puis, en 4451, l'enquêteur désigné pour instruire cette affaire ayant rapporté qu'il n'y avait audit lieu ni forteresse ni trace de fortification, Jean fut mis hors de cause. (Arch. des Deux-Sèvres, chartrier de Saint-Loup, E. 1700, fol. 40 et 260.) Dans l'intervalle, en 1449, Jean de Montournois était en procès devant la même juridiction, qui lui fit commandement de remettre aux mains du sergent de la cour, avec les charges et informations qu'il pouvait avoir réunies contre lui, un nommé Guillaume Giraut, qu'il détenait depuis longtemps dans la prison de son autre seigneurie de Saint-Marsault, sans le vouloir entendre ni juger, lui faisant excès et violence, et sans tenir compte de l'appel dudit Giraut à la cour de Bressuire. (Id. ibid., fol. 112.) C'est en 1453 que le seigneur de Bressuire accorda à Jean de Montournois, chevalier, en récompenses de ses bons et loyaux services, le droit de forteresse en son hôtel de Puymorin. Par le même acte, il lui cédait en outre les droits de guet, garde et réparations qu'il possédait sur les hommes de ladite seigneurie, ainsi que des droits de criée, de sceau à contrats et de création de notaires, réservé au suzerain son droit de châtellenie, baronnie et juridiction souveraine, moyennant quoi ledit chevalier et ses successeurs, pour tout devoir et droit de rachat, devaient payer au seigneur de Bressuire un épervier garni de gets et de longes de soie et de deux sonnettes d'argent doré, plus la somme de cent sols tournois pour le droit de guet et garde. (Chartrier de Saint-Loup, E. 1478.) Sous la même cote on conserve l'acte de foi et hommage fait au sr de Bressuire par Jean de Montournois, pour le droit de fortification et les autres droits qui lui avaient été concédés à Puymorin (1453) ; un aveu rendu en 1495 par Mathurin de Montournois pour les châtel, murailles, Créneaux. tours, guette, canonnières, arbaletrières, fossés, pont-levis, etc., et deux autres aveux semblables émanant de Jean de La Forest, écuyer, en 1511, et par Louis de Souvigné, écuyer, en 1529. (Id., E. 1478.) Citons encore un acte donné par Louis de Beaumont, chevalier, seigneur du Plessis-Macé et de la Forêt-sur-Sèvre, chambellan du roi, sénéchal de Poitou, en date du 25 juin 1459, ordonnant l'entérinement des lettres royaux obtenues par Jean de Montournois, chevalier, pour faire ériger la terre de Puymorin en châtellenie. (Coll. dom Fonteneau, t. VIII, p. 205, acte provenant du château de la Flocelière.)

2 Jacques de Beaumont, chevalier, seigneur de Bressuire, Lezay, la Mothe-Saint-Héraye, la Haye en Touraine, etc., était le fils d'André de Beaumont, décapité à Poitiers le 8 mai 4431, et de Jeanne de Torsay. Placé, après la mort tragique de son père, sous la tutelle de son aïeul, Guy ou Guyard de Bressuire, il succéda à celui-ci comme seigneur de Bressuire, en 1440, à peine âgé de vingt ans. Louis XI, qui se l'était attaché, étant dauphin, le nomma son chambellan par lettres de décembre 1461, et le traita constamment comme l'un de ses principaux confidents. Jacques de Beaumont joua un rôle important et souvent odieux sous ce règne ; il sut néanmoins conserver la faveur de la régente Anne de Beaujeu et du roi Charles VIII. Il devint sénéchal de Poitou en 1489, en remplacement d'Yvon du Fou, et décéda, le 15 avril 1492, au château de la Mothe-Saint-Héraye, que Charles vin avait érigé en baronnie. (Voir B. Ledain, Histoire de Bressuire.)
3 Sur Etienne Le Fèvre, cf. ci-dessus, p. 15, note 2.

4 Denis d'Ausseure, licencié en lois, conseiller du roi et du comte du Maine, était fils d'Etienne d'Ausseure, bourgeois et échevin de Poitiers, et de Catherine de Beaupuy (vol. précédent, p. 332, note). Dans un acte du 13 janvier 1447, il est qualifié de seigneur des Roches, et fut maire de Poitiers en 1449-1450. On conserve aux archives municipales de cette ville (J. 1081) un compte des dépenses faites pendant sa mairie pour réparations aux ponts et portes de la ville, pour l'achèvement des grandes écoles, etc. M. de Beaucourt dit que Denis d'Ausseure entra au conseil du roi en 1456 ; cependant il souscrivit dès les derniers mois de 1452 des lettres de grande chancellerie, pendant le séjour que Charles vu fit alors en Poitou, notamment au château de la Villedieu ; il était à cette époque l'un des commissaires chargés d'instruire le procès de Jacques Cœur. (Hist. de Charles VII, t. V, p. 77, 109 et suiv. ; t. VI, p. 354.) Sous Louis XI, il fut maintenu comme membre du grand conseil ; on a une lettre signée de lui, adressée à ce roi, de Poitiers, le 8 janvier (sans millésime), dans laquelle il s'excuse de ne pouvoir se rendre auprès de lui, en raison de son état de santé. (Bibl. nat., ms. fr. 20485, fol. 113.) Denis d'Ausseure mourut vers la fin de 1466. C'est lui, et non son fils, comme le prétend le Dict. des familles du Poitou (nouv, édit., t. I, p. 185), qui avait épousé Marguerite Poussard. Celle-ci, en qualité de tutrice de leurs enfants, rendit divers aveux au roi le 8 janvier 1467 n. s. Dans cet acte, elle avoue tenir l'hébergement des « Forges-Aufrain, au dedans des douhes anciennes » (à Poitiers), à hommage-lige au devoir d'un homme de pied armé pour les guerres du roi pendant quarante jours, quand les hommes féodaux de la châtellenie de Poitiers s'y doivent rendre. Elle donne en outre le dénombrement de ce qu'elle est tenue de fournir pour la serrurerie des huis et portes de la grande Salle du roi à Poitiers. (Arch. nat., P. 1145, fol. 125.) Le 28 juillet 1477, Marguerite Poussard et ses enfants, Jacques et Jeanne d'Ausseure, Louis Chèvredent et Marguerite d'Ausseure, sa femme, étaient appelants au Parlement d'une sentence du sénéchal de Poitou donnée en faveur de Denis Lenoir et de Michaut Le Roux. (Plaidoiries de cette date, X2a 41.)