MCCCXXXIV
Rémission en faveur de Louis Gendron, demeurant au port du Gué en la paroisse de Vouillé-les-Marais, soupçonné d'avoir causé par ses mauvais traitements la mort du fils d'un premier lit de Berthomée Gabillon. sa femme.
- B AN JJ. 190, n° 51, fol. 27
- a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p.
Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l'umble supplicacion de Loys Gendron, pouvre homme de labour, chargé de jeune femme, demourant ou port du Gué en la parroisse de Saint Maixent de Voilhé, contenant que, puis aucun temps ença, il a esté conjoinct par mariaige avec Berthomée Gabilhonne. qui par avant avoit esté mariée avec feu Jehan Jouhot, duquel et de ladicte Berthomée estoit yssu ung enfant nommé Andry Jouhot, lequel suppliant, le lundi après la feste saint Pierre d'aoust mil cccc. cinquante et huit ou environ, en alant de son hostel au lieu de la Taillée pour aucuns ses affaires et, lui estant en son vaisseau et passant l'eaue, raencontra deux de ses voisins qui pareillement estoient sur l'eaue en leurs vaisseaux, lesquelx avoient noise et debat ensemble, telement qu'ilz vouloient batre l'un l'autre. Pour appaiser lequel debat, ledit suppliant commença à les tencer et blasmer très fort, et pour les cuider departir, s'approucha d'eulx si hastivement et sans y penser que lesdiz vaisseaulx hurtèrent les ungs contre les autres en telle manière que ledit suppliant [p. 248] tumba en l'eaue, et après se releva et tout moulhé se departit d'eulx et s'en ala en sa maison qui estoit fermée de clef, parce que sa femme s'en estoit alée à la messe assés loing d'illec et l'avoit fermé de clef, et par ce s'en ala à l'uys derrière de sadicte maison et fist tant qu'il entra dedans. Et quant ledit Andry Jouhot, filz dudit feu Jehan Jouhot et de ladicte Berthomée, lequel n'avoit que troys ou quatre ans et estoit ou lit, quant il oyt ledit suppliant, cuidant que ce feussent autres gens, se prist à crier très fort, et lors ledit suppliant lui dist qu'il se teust et n'eust point de paour, car s'estoit lui, ce neantmoins ledit Andry ne se voult taire, ains cria encores, et lors icelui suppliant qui estoit tout desplaisant et courroucé dont il estoit ainsi moulhé, pour le cuider faire appaiser lui donna seullement deux ou troys cops de la main, et après s'en ala en son ayrepour l'apprester à batre du blé, et rencontra sadicte femme qui venoit de l'eglise et la blasma très fort dont elle avoit tant demouré, et ce fait s'en alèrent tous deux ensemble en ladicte maison ; et quant ilz y furent, ladicte femme ala ou lit où elle avoit laissé ledit Andry son filz et le trouva qu'il estoit trespassé, ne scet ledit suppliant bonnement se ce fust pour lesdiz deux ou troys cops qu'il lui avoit donnez de la main seullement ou pour la toux qu'il avoit lors, dont il estoit fors passionné. Mais ce nonobstant, icelui suppliant, à l'occasion d'icelui cas ainsi avenu, doubtant rigueur de justice, n'oseroit seurement converser ne repairer ou païs, se noz grace et misericorde ne lui estoient sur ce imparties, humblement requerant, etc. icelles. Pourquoy nous, ces choses considerées, voulans misericorde preferer à rigueur de justice, audit suppliant oudit cas avons quicté, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement, par ces presentes, au seneschal de [Poictou1] et à tous noz autres justiciers, etc. Donné [p. 249] à Tours, ou moys d'avril l'an de grace mil cccc. soixante, et de nostre règne le xxxviiie.
Ainsi signé : Par le roy, à la relacion du conseil. Reynaut. — Visa. Contentor. Chaligaut.