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MCCCXIII

Rémission en faveur de Maurice Herpin, du Breuil-Barret, poursuivi comme complice du meurtre d'Hector Rousseau.

  • B AN JJ. 188, n° 118, fol. 57
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 24, p.
D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l'um- [p. 159] blé supplicacion de Morice Herpin, de la parroisse du Brueil Barret, contenant que le...1 jour de may l'an mil cccc. cinquante huit, ledit suppliant estant audit lieu s'en ala à la messe et, après qu'il l'eut oye et qu'elle fut dicte, s'en sortit hors de l'eglise et trouva maistre Hector Rousseau, lequel estoit avecques la femme Guillaume Jarrouceau2, seigneur de La Vau, lequel maistre Hector demanda audit suppliant où estoit Mathurin Herpin, son père, et icelluy suppliant luy respondi qu'il n'en savoit riens. Et dist oultre audit Rousseau ledit suppliant que ledit Mathurin, son père, avoit oy dire qu'il avoit ung mandement pour le prendre, et lors ledit Rousseau dist audit suppliant qu'il fist venir ledit Mathurin, son père, parler à luy, à heure de vespres, ou que, s'il n'y venoit, il luy feroit despendre quatre foiz plus qu'il n'avoit vaillant, et convya icelluy Rousseau ledit suppliant à disner avec luy, mais il n'y voult aler et luy dist qu'il devoit disner avec son frère en la ville. Et après disner, pour ce que le seigneur d'Appel- [p. 160] levoisin avant avoit dit audit suppliant qu'il luy sceust à dire où estoit Jacques Jousseaume et que, luy estant en ladicte eglise, avoit oy dire que ledit Jacques Jousseaume estoit au Teil en ladicte paroisse du Brueil Barret, s'en ala audit lieu du Teil où il trouva ledit Jousseaume, lequel luy demanda où estoit ledit seigneur d'Appellevoisin, et ledit suppliant luy dist quil cuidoit qu'il fust à son hostel à la Guerinère, et icelluy Jousseaume dist audit suppliant qu'il alast dire audit d'Appellevoisin que, comment que ce fust, qu'il se rendist audit lieu du Brueil Barret, et que Mathurin Marot, nostre procureur ou substitut de nostre procureur à Fontenay le Conte, se y devoit rendre ; lequel suppliant ala devers ledit seigneur d'Appellevoisin et luy dist que icelluy Jacques Jousseaume luy mandoit qu'il se rendist à luy audit lieu du Brueil Barret et que là ilz devoient trouver ledit Mathurin Marot ; lequel d'Appellevoisin dist audit suppliant qu'il se rendist audit lieu du Brueil Barret et alast tousjours devant, ce que ledit suppliant fist en l'ostel de Jehan Aubert. Et peu après arriva ilec ledit d'Appellevoisin, et trouva ledit suppliant auquel il bailla son cheval et se fist oster ses esperons, et dist audit suppliant qu'il mist son cheval en l'estable d'un nommé Guillaume de la Coussaye3 ce qu'il fist ; et après qu'il le y eut mis, ala dire audit d'Appellevoisin qu'il avoit mis sondit cheval en ladite estable ; et icelluy d'Appellevoisin luy dist qu'il alast querir une espaule de mouton en l'ostel dudit Guillaume de la Coussaye, laquelle ledit suppliant ala querir et l'aporta audit d'Appellevoisin et deux pains blancs qu'il print en l'ostel de Perrette Gaclète. Après lesquelles choses, icelluy suppliant ala vers ledit lieu du Brueil Barret et vit venir ledit Marot et ung nommé Guillaume Guerart, nostre sergent ; lequel Guerart dist de[p. 161] par nous audit suppliant qu'il gardast son cheval, lequel suppliant print ledit cheval dudit Guerart et le mist en l'estable de Huguet Goulart4 et après s'en sortit de ladicte estable ; et quant il fut hors d'icelle, oy dire que le feu estoit en la maison dudit Rousseau. Et lors s'en ala icelluy suppliant vers la maison dudit Rousseau, à un gect de pierre près ou environ, et oyt dire que icelluy maistre Hector Rousseau estoit mort, et vit les gens dudit Rousseau qui sortoient par dessus ladicte maison pour doubte du feu ; et ala ledit suppliant veoir ledit maistre Hector Rousseau tout mort, qui avoit ung traict parmy le corps. Après lequel cas advenu et pour occasion d'icelluy, ledit suppliant a esté adjourné par Jehan Corbeau, nostre sergent, à comparoir en personne en nostre court de Parlement, par deux ou trois foiz, sur peine de bannissement, de confiscation de corps et de biens ; et doubtant que rigueur de justice luy fust faicte, avant qu'il peust monstrer de ses justificacions et deffences, n'est aucunement audit jour ou jours comparu, et a esté mis en deux ou en trois defaulx en nostredicte court, si comme l'en dit. Et doubte icelluy suppliant, jaçoit ce que par luy ledit cas n'ait esté fait, que on vueille contre luy proceder à rigueur de justice, se noz grace et misericorde ne luy estoient sur ce imparties, humblement requerant que, etc., nous luy vueillons sur ce impartir nosdites grace et misericorde. Pourquoy nous, ces choses considerées, voulans misericorde preferer à rigueur de justice, audit suppliant avons quicté, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement, par ces presentes, à noz amez et feaulx conseillers les gens tenans et qui [p. 162] tendront nostre Parlement à Paris, et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Razillé, ou mois de juing l'an de grace mil cccc. cinquante neuf, et de nostre règne le xxxviie.

Ainsi signé : Par le roy en son conseil. Rolant. — Visa. Contentor. J. Du Ban.


1 Blanc au registre.
2 « Guillaume Jarroceau et Pierre Jarroceau, son filz, eulx disans nobles, composez à XV. livres, pour non avoir suy les armes par aucun temps passé », lit-on dans l'enquête faite en 1439 par Adam Hodon, secrétaire du roi, commissaire en Poitou pour la recherche de ceux qui s'étaient exemptés sans motif, soit du service militaire, soit du payement des tailles. (Bibl. nat., ms. fr. 24160, fol. 34 v°.) Ils sont inscrits parmi les personnes taxées dans la châtellenie de Mortagnesur-Sèvre. Voici une autre mention qui se rapporte avec plus de certitude au personnage nommé dans ces lettres de rémission : « Guillaume Jarrouceau, homme plain à cause d'un fief appellé le Chardonnoys, assis en la parroisse de Bruil Barret, sous l'hommage d'Appellevoisin, lieu et herbergement en la parroisse de Saint Pol en Gastine », novembre 1446. (Arch. nat., R1a 204, fol 23.) Cette famille noble était d'ailleurs originaire de cette région, du moins elle y était possessionnée dès le milieu du XIVe siècle. Un Jean Jarrousseau rendit aveu, en octobre 1368, pour la prairie de Saint-Médard-des-Prés, mouvant de Fontenay-le-Comte. (Id., P. 1145, fol. 44 v°.) Citons encore un accord passé, le 13 mars 1419 n. s., entre Jean Jarrouceau, fils de Pierre, neveu et héritier de Guillaume Jarrouceau, d'une part, et Catherine Rocher, veuve dudit Guillaume, alors remariée à Philippe Boscher. La contestation portait sur la jouissance de l'hébergement de la Thibaudière, avec étangs, garennes, prés, etc., sis en la paroisse d1 « Aubepère ». Guillaume Jarrouceau par son testament avait exprimé la volonté que sa veuve le tint et exploitât, tant qu'elle vivrait, et Jean Jarrouceau ne voulait pas lui en reconnaître le droit. (Id., X1c 117, vol. 209, n° 69.)
3 Guillaume de la Coussaye, dont il est question déjà dans les lettres de rémission en faveur de Mathurin d'Appelvoisin (ci-dessus, p. 132).
4 Dans les plaidoiries au Parlement, le 17 juillet 1439, on dit « l'hotel de messire Pierre Goulart et son fils ». On sait, d'autre part, qu'une branche au moins de cette famille nombreuse était établie près de Fontenay-le-Comte et dans la région voisine. Le 17 mai 1420, un Simon Goulart rendait aveu à Charles dauphin, comte de Poitou, pour le fief du Martrois en la paroisse de Saint-Médard-des-Prés. (Arch. nat., P. 1145, fol. 45.)