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DCCCCLXVIII

Rémission accordée à Jean Bernard, maréchal, demeurant à Notre-Dame de Plaisance. Venant au secours de sa femme que battait Guillaume Gentilz et attaqué par celui-ci, accompagné de son gendre, dans la lutte qui suivit il l’avait frappé mortellement.

  • B AN JJ. 167, n° 323, p. 466
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 26, p. 260-261
D'après a.

Charles etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l’umble supplicacion des parens et amis charnelz de Jehan Bernart, povre homme, mareschal, demorant à Nostre Dame de Plesance en Poictou, aagié de xxxiiii. ans ou environ, contenant que, le jour de la Concepcion Nostre Dame derreniere passée, le dit Jehan Bernart estant un peu avant le jour couchant en l’ostel d’un nommé Jehan Gentilz, frere de feu Guillaume Gentilz, en la compaignie de Mathelin Rossea, de Pierre de Biers, de Regnaut Richart et de pluseurs autres, le dit Jehan Bernart oyt bien sa femme et la femme du dit feu Guillaume Gentilz qui avoient paroles injurieuses ensemble, dont ledit Jehan Bernart dist : « Fy de paroles de femmes », et que l’en n’en devoit tenir compte, en disant à ceulz de sa dicte compaignie qu’ilz feissent bonne chiere et chantassent Noel, ce qu’ilz firent, sanz ce que le dit Jehan Bernart s’en eschauffast ou esmeust en aucune maniere, jusques à ce que Garite la Perriere, fillastre du dit Bernart, vint à lui ou dit hostel du dit Gentilz et lui dist : « Ha, sire, sire, l’en tue ma mere ». Oyes les queles paroles, le dit Jehan Bernart, esmeu d’icelles, se leva et sailli hors du dit hostel, un petit baston en sa main. Et quant le dit feu Guillaume Gentilz, qui batoit ainsi la dicte femme du dit Bernart, vit icelui Bernart, il laissa la dicte femme et s’en ala à son hostel ou autre part, où il prist une demie lance et une dague et vint, accompaignié d’un sien gendre, garny d’un [p. 261] grant baston, rencontrer le dit Jehan Bernart, et l’assaillirent en la rue, et de la dicte demie lance le dit feu Guillaume Gentilz cuida ferir et enferrer le dit Jehan Bernart par le corps, mais il se retray arrieres ou à costé telement qu’il failli à l’encontrer ; et quant le dit feu Gentilz ot failli de la dicte demie lance, il recouvra sa dague et la tira et en cuida ferir le dit Jehan Bernart, mais le dit Bernart en soy revanchant la lui osta et lui en donna un cop, duquel ou autrement par faulte de garde le dit feu Guillaume Gentilz ala, la dicte nuyt mesmes, de vie à trespassement. Pour lequel cas le dit Jehan Bernart, doubtant rigueur de justice, s’est absenté et rendu fugitif du dit pays, delaissié sa dicte femme et un enfant qui n’ont bonnement de quoy vivre, et ouquel pays le dit Jehan Bernart n’oseroit bonnement reperer ne converser, se noz grace et misericorde ne lui estoient sur ce imparties, si comme dient les diz supplians, en nous requerans humblement que, attendu que le dit feu Guillaume Gentilz fu premierement assailleur et invaseur, tant au dit Jehan Bernart que en sa dicte femme, et que en tous autres cas icelui Jehan Bernart a tous jours esté et est encores de bonne fame, vie, renommée et honneste conversacion, sans ce qu’il feust oncques mais repris, actaient ne convaincu d’aucun autre villain cas, blasme ou reprouche, nous lui vueillions icelles noz grace et misericorde impartir sur ce. Pour ce est il que nous, les choses dessus dictes considerées, etc., au dit Jehan Bernart ou dit cas avons quictié, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement par ces presentes au seneschal de Limosin et à touz noz autres justiciers, etc. Donné à Paris, ou mois d’avril l’an de grace mil cccc. et quatorze après Pasques, et de nostre regne le xxxiiiie.

Par le conseil. A. Gobin.