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MXXIII

Rémission accordée par Henri VI, roi d’Angleterre, à Simon Le Poulailler, prêtre, qui avait été au service de Louis d’Harcourt en Poitou.

  • B AN 174, n° 24, fol. 9 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 26, p. 436-438
D'après a.

Henry, par la grace de Dieu roy de France et d’Angleterre. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir esté humblement exposé de la partie de Simon Le Poullallier1, prestre, aagié de lxvi. ans ou environ que, au temps de la descente que fist à Touque2 en nostre duchié de Normandie feu nostre très chier seigneur et pere, cui Dieu pardoint, Loys de Harecourt3, jadiz arcevesque de [p. 437] Rouen se parti et se transporta ou païs de Poitou, pour demourer et vivre sur aucunes terres qu’il avoit oudit païs, auquel icelui Loys de Harecourt est alé de vie à trespassement. Et pour ce que le dit exposant, qui est natif de nostre ville de Paris et dès le temps de sa jeunesce desiroit acquerir estat et honneur, pour avoir sa vie honnestement, mist peine d’avoir service honorable et trouva le service du dit Loys de Harecourt, qui lors estoit jeune seigneur, de la personne duquel il eust le gouvernement et aussi de son hostel par aucun temps, icelui exposant se parti du dit païs de Normandie et s’en ala avec ledit Loys de Harecourt, son maistre, oudit païs de Poitou, où il a demouré par aucun temps et jusques après le trespas de son dit maistre, que icelui exposant, pour desplaisance qu’il avoit de ce qu’il estoit hors de sa nacion, a esté malade à diverses foiz par l’espace de quatre ans et demi ; et quant il a esté en convalescence et santé, acquis tous les moiens qu’il a peu pour soy retraire en nostre obeissance où il desiroit venir et finer ses jours, et finablement trouva une compaignie de grant nombre de pelerins venans de Saint Jaques en Galice et d’autres pelerinages, et en forme de pelerin s’est mis à l’aventure avecques eulx, et venu par deça où il a depuis mis peine de trouver tous moïens pour y demourer seurement et pour obtenir de nous grace de toute offense qu’il peut avoir commise envers nous à l’occasion dessus dicte, si comme il dit, requerant humblement que, attendu ce que dit est, et que en quelque maniere que ce soit, il ne s’est entremis de guerre en fait, en conseil ne autrement, nous lui vueillons octroier nostre dicte grace. Pour ce est il que nous, etc., au dit exposant, par l’advis de nostre très chier et très amé oncle Jehan, regent nostre royaume de France, duc de Bedford, avons ou cas dessus dit quictié, remis et pardonné, etc., pourveu toutesvoies que ès mains de nostre bailli de Rouen ou de son lieutenant icelui [p. 438] exposant fera le serement de la paix finale faicte entre noz deux royaumes de France et d’Angleterre et qu’il demourra à tousjours nostre bon et loyal subgiet et obeissant ; et pour le dit serement garder et entretenir, baillera caucion de la somme de mil saluz d’or, dont seront pleiges maistre Nicole de Venderes, arcediacre d’Eu, et maistre Jehan Alespée, chanoines de Rouen, et chascun d’eulx, se mestier est, etc. Donné à Paris, le cinquiesme jour de novembre l’an de grace mil quatre cens vint huit, et de nostre regne le septiesme.

Ainsi signé : Par le roy, à la relacion de monseigneur le regent le royaume de France, duc de Bedford. J. Milet.


1 Ce nom n’est pas étranger au Poitou, car nous avons vu que, le 23 septembre 1361, un Regnaut Poulailler fut institué prévôt de la ville de Poitiers pour le roi d’Angleterre. (Cf. notre troisième volume, Introduction, p. xlvi.) En 1394, il y avait encore à Poitiers un sergent du nom de Jean Poulaillier. (Arch. de la ville, cote J. 47.)

2 La descente d’Henri V, roi d’Angleterre, à Touques (août 1415), eut pour conséquence immédiate le siège et, au bout d’un mois, la prise d’Harfleur (18 septembre), suivie bientôt après du désastre d’Azincourt (25 octobre).

3 Troisième fils de Jean VI comte d’Harcourt, vicomte de Châtellerault, et de Catherine de Bourbon, né la veille de Noël 1382, Louis d’Harcourt obtint de son frère aîné Jean VII, par partage de la succession de leur père, le 28 février 1404, la jouissance, sa vie durant, de la vicomté de Châtellerault et autres terres pour lesquelles il fit hommage à Jean duc de Berry, en 1405 (Grand-Gauthier, Arch. nat., R1* 2171, fol. 7), et au dauphin Charles, comte de Poitou, le 8 mars 1419 n.s. (P. 1145, fol. 86 v°.) Nommé archevêque de Rouen le 16 janvier 1409, il quitta cette ville après qu’elle fut prise par les Anglais (19 janvier 1419) et se réfugia en Poitou, où il resta jusqu’à sa mort arrivée en novembre 1422. Il fut enterré dans l’église de Châtellerault, auprès d’Alix de Brabant, sa bisaïeule. (Voy. La Roque, Hist. généal. de la maison d’Harcourt, 4 vol. in-fol, 1662, t. I, p. 404.)