[p. 417]

MXIV

Lettres d’état en faveur de Jean Chauvereau, chevalier, seigneur de Pamplie, ordonnant que ses causes soient tenues en surséance jusqu’à la Saint-Michel prochaine.

  • B X1a 8604, fol. 67
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 26, p. 417-419
D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. A noz amez et feaulx conseillers les gens tenans et qui tendront nostre Parlement à Poictiers, les maistres des requestes de nostre hostel, au bailli des ressors et Exempcions de Touraine, d’Anjou et du Maine, et à tous noz autres justiciers, ou à leurs lieux tenans, salut et dilection. Nous vous mandons et estroictement enjoignons, et à chescun de vous, si comme à lui appartendra, que toutes les causes et quereles meues et à mouvoir, debtes, besoignes, possessions et biens quelxconques de nostre amé et feal chevalier, Jehan Chauvereau, seigneur de Pampelie1, lequel est monté et armé [p. 418] souffisanment pour nous servir soubz et en la compaignie de nostre amé et feal chevalier, Jehan de Torsay, seigneur de Lezay, maistre des arbalestriers de France2, et lieutenant, vous faites tenir en estat, du jour de la date de ces presentes jusques à la feste saint Michiel prouchaine venant. Et ce pendant ne faites ou souffrez aucune chose [p. 419] faire, attempter ou innover, ainçois, s’aucune chose estoit faicte, attemptée ou innovée au contraire, si la remenez et mettez ou faites ramener et mettre, chescun en droit soy, tantost et sans delay, au premier estat et deu. Car ainsi nous plait il estre fait. Donné à Poictiers, le xiiie jour de juillet l’an de grace mil cccc. vint et quatre, et de nostre regne le second.

Ainsi soubscriptes : Par le conseil, et signeez J. de Caours.

Et au dox d’icelles estoit escript :

Lecta et publicata Pictavis in Parlamento, vicesima die julii anno Domini m° ccccmo xxiiii. Blois.

Collacio facta est cum literis originalibus.


1 Jean Chauvereau, d’une famille noble de la Gâtine, était fils de Pierre Chauvereau, chevalier, seigneur de Pamplie, et de Jeanne d’Appelvoisin. Il avait servi sous les ordres de Gilles d’Appelvoisin, qui commandait à Parthenay, en 1419, lors du siège soutenu par cette ville contre les troupes du dauphin Charles, comte de Poitou. (Cf. Beauchet-Filleau, Dict. des familles du Poitou, nouv. édit., t. II, p. 345.) Dans un aveu de Pamplie par lui rendu, le 1er décembre 1445, au connétable de Richemont, comme seigneur de Parthenay, il désigne ce fief en ces termes : « Mon lieu, tour et herbergement de Pampellie, assis près de l’église de Pampellie ». (Arch. nat., R1* 190, fol. 200.) Le même registre nous apprend que Jean Chauvereau possédait en outre, dans la mouvance de Parthenay, une borderie de terre appelée la Gendronnière, sise dans les paroisses d’Alonne et de Pamplie, les terceries de Maintrolle, mouvant de Champdeniers, le fief des Groies et différentes choses à Champdeniers, une rente fieffée de six livres à Parthenay, ayant appartenu auparavant à Aimery Marteau, etc. (Id., fol. 245 v°, 259, 262, 275 v°.) Il était aussi seigneur de plusieurs arrière-fiefs de la baronnie de Bressuire, tels que l’Ysambardière en Chanteloup, relevant de la Beau-Regnault, quinze borderies de terre en Moncoutant et le Breuil Bernard, la Peleterie en Moncoutant. (Ledain, Histoire de Bressuire, p. 399, 414, 415.) Les registres du Parlement fournissent quelques renseignements supplémentaires sur ce Jean Chauvereau. En 1415-1416, il était en procès contre Jean Vignaud, prévôt et chanoine de l’église de Poitiers, secrétaire du duc de Berry, à raison de la possession et saisine de l’église paroissiale de Cuhon, au diocèse de Poitiers. (Ajournement du 22 janvier 1416 n.s., X1a 61, fol. 81 v°.) Plus tard, mécontent d’une sentence donnée contre lui par le lieutenant du sénéchal de Poitou, en faveur de Jean Odart, écuyer, et d’Yolande du Retail, sa femme, il interjeta appel au Parlement, mais après les délais réglementaires, si bien qu’il fut déclaré non recevable et condamné à l’amende par arrêt du 16 avril 1432. (X1a 9192, fol. 278.) L’année suivante, Chauvereau était en instance devant la cour ordinaire du sénéchal de Poitou à Poitiers, contre son parent maternel Gilles d’Appelvoisin, chevalier. Ce dernier étant mort au cours du procès, son frère et principal héritier, Jacques d’Appelvoisin, se porta partie en son nom. A une audience, après avoir argué de faux un acte présenté par Jean Chauvereau à l’appui de sa demande « en nouvelleté », le procureur de Jacques dut avouer que cette pièce contenait la vérité. Le lieutenant du sénéchal rendit sur cet incident un jugement condamnant d’Appelvoisin à l’amende. Celui-ci en appela au Parlement (1434) et l’affaire traîna. Enfin les parties se mirent d’accord pour que la cause d’appel fût mise à néant sans amende ni dépens et que le fond de l’affaire fût renvoyé devant le sénéchal de Poitou, au troisième jour des prochaines assises de Poitiers. Cette transaction est datée du 31 août 1436. (X1c 152.)

2 Cf. la longue notice consacrée à ce personnage, ci-dessus, p. 242.