[p. 152]

DCCCCXXXIV

Rémission accordée à Macé Savary, écuyer, poursuivi pour avoir frappé mortellement, en se défendant de son attaque, Guillaume de Sazilly, entre Lemeré et la Tour-Saint-Gelin.

  • B AN JJ. 163, n° 64, fol. 29 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 26, p. 152-153
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, que de la partie des amis charnelz de Macé Savary, escuier, nous a esté exposé que, le mercredi devant la Chandeleur l’an mil cccc. et six, il et un nommé Raoulet de Karaleu se partirent à cheval de Meré le Gaulie pour aler à la Tour Saint Gelin, en aucunes besongnes qu’ilz y avoient à faire. Et en alant leur chemin, ainsi comme entre l’eure de vepres et de souleil couchant, vindrent au devant d’eulz près d’un hostel nommé Voise, à une lieue ou environ du dit lieu de la Tour Saint Gelin, deux personnes, l’une à cheval et nommée Guillaume de Sazillé, et l’autre à pié ; lesquelz Macé et Raoulet saluerent le dit Guillaume de Sazillé en disant de quel part il venoit, et il leur respondi teles paroles : « Mais vous, dont venez vous ? » Et atant passerent tout oultre, en alant leur chemin. Le quel Sazillé, semblant estre iré et courroucié, les poursuy un trait d’arc ou environ, disant qu’il sauroit quelz gens ilz estoient, dont ilz venoient et où ilz aloient, avant que il les perdesist de veue, et que il y avoit larrons sur le pays. Lesquelz [p. 153] Macé et Raoulet lui respondirent que il les laissast aler et qu’ilz n’estoient pas larrons, et que ilz estoient gentilz hommes du pays qui ne lui demandoient riens. Et en disant les paroles dessus dictes ou pareilles en substance, cellui qui estoit à pié s’avança et vint par le travers d’un champ ou forche au devant des diz Macé et Raoulet, et se mist au devant du premier d’iceulx Macé et Raoulet, en disant qu’ilz le comparroient, et mist main à l’espée. Et en icelle tirant et courant sus à iceulx Macé et Raoulet, dist audit Sazillé, son compaignon, qu’il descendist à pié et que les diz Macé et Raoulet feussent batuz. Lequel Sazillé, en obtemperant à la parole de son dit compaignon, descendi à terre et s’en ala près de son compaignon, et ce fait coururent sus aus diz Macé et Raoulet, leurs espées en leurs mains. Et quant les diz Macé et Raoulet se virent ainsi assailliz et de si près que ilz ne povoient fouir, pour resister à la force que l’en leur faisoit, et pour eulx deffendre se mirent à pié, et se defendirent, et tant que le dit Sazillé fu feru et navré telement que par après mort s’ensuy en sa personne. Pour lequel fait le dit Macé s’est deffuy et absenté, et ne se ose bonnement veoir comme il faisoit paravant. Et pour ce nous ont supplié ses diz amiz que sur ce lui vueillons impartir nostre grace et misericorde. Pour quoy nous, considerées les choses dessus dictes et mesmement que le dit Macé est nobles homs, de bonne conversacion et renommée, sans onques avoir esté reprins ou convaincu ne actaint d’aucun autre villain cas ou reprouche, voulans misericorde estre preferée à rigueur de justice, au dit Macé ou cas dessus dit, de nostre plaine puissance, etc., avons remis, quicté et pardonné, etc. Si donnons en mandement au bailli de Touraine et des ressors et Exempcions d’Anjou, du Maine et de Poitou, et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Paris, ou moys d’octobre l’an de grace mil cccc. et huit, et de nostre regne le xxixe.

Par le roy, à la relacion du conseil. Conflans.