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Rémission octroyée par Henri VI, roi d’Angleterre, à André de Nédonchel, dit Quartier, écuyer d’Artois, pour un meurtre commis à Parthenay, dix ans auparavant.
- B AN JJ. 174, n° 40, fol. 14 v°
- a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 26, p. 434-436
Henry, par la grace de Dieu roy de France et d’Angleterre. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receu l’umble supplicacion de Andry de Neudonchel1, dit Quartier, escuier du païs d’Artois, aagié de xxxvi. ans ou environ, contenant comme, dès dix ans a ou environ, le dit suppliant estant en la ville de Partenay2, ou service de feu nostre très chier et très amé cousin le duc de Bourgongne, cui Dieu pardoint, en la compaignie du sire de Partenay, et regardant ylec jouer aux boules, soubz les galeries d’un hostel, un nommé Pierre Lourdel, dit Fagot, et autres avec lui, le dit suppliant eust gagié ou parié par plusieurs foiz à autres compaignons regardans aussi le dit jeu, que [p. 435] icelui Pierre Blondel (sic) gangneroit ou yroit plus près de la bonne que les autres joueurs de sa compaignie. Et après ce que le dit suppliant y ot mis et gaigié par pluseurs foiz et perdu ce qu’il y mettoit, dist au dit Lourdel qu’il jouoit très mal et qu’il perdoit son argent et le sien ; lequel Lourdel lui respondi moult haultement qu’il n’y mist point, se bon ne lui sembloit, et que pour lui ne getteroit ne pis ne mieulx, en lui disant pluseurs autres grandes paroles injurieuses et haultaines. Lequel suppliant veant ledit Lourdel qui estoit très mal meu, desirant de faire noise et debat, se parti du dit lieu, afin de cuider eschever plus grant inconveniant ; et ainsi qu’il s’en aloit et que desjà estoit sur le sueil de l’uis du dit hostel, ycelui Lourdel en continuant tousjours en ses injurieuses paroles, poursuy et ala après le dit suppliant, tenant en sa main une petite hache à court manche et en cuida frapper le dit suppliant sur la teste. Et ainsi que le dit suppliant l’apperceut qu’il ne s’en donnoit en riens de garde, se retourna à cop et d’un espié qu’il tenoit en sa main frappa un seul coup le dit Pierre Lourdel en la poictrine, duquel cop il ala de vie à trespassement. Pour occasion duquel cas le dit suppliant, doubtant rigueur de justice, n’oseroit retourner, demourer ne converser seurement oudit païs d’Artois, ne ailleurs en nostre royaume, se sur ce ne lui estoit impartie nostre grace et misericorde, si comme il dit, en nous humblement requerant que, attendu que en tous ses autres faiz il a tousjours esté homme de bonne vie, renommée et honneste conversacion, etc., consideré aussi les bons et aggreables services par lui faiz à nous ou fait de noz guerres et autrement, fait chacun jour et est prest de faire ou temps avenir, et aussi que pour occasion du dit fait n’a aucunement esté appellé à noz droiz, et aussi consideré le long temps que le dit cas advint, nous lui vueillons impartir icelle. Pour quoy nous, ces choses considerées, etc., audit suppliant avons quictié, [p. 436] remis et pardonné, etc., parmi ce qu’il tendra prison fermée xv. jours au pain et à l’eau. Si donnons en mandement au bailli d’Amiens et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Paris, le xixe jour d’aoust l’an de grace mil quatre cens et vint sept, et de nostre regne le quint.
Ainsi signé : Par le roy, à la relacion du conseil. Chembaut.