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Rémission accordée à Pierre Maya pour un meurtre. Le prieur de Chavagnes-en-Paillers ayant donné deux écus à un compagnon dudit Maya pour aller donner « une buffe » à un nommé Jean Meschin, ils s’adressèrent par erreur à Jean Dousset qui, à la suite des mauvais traitements dont il fut victime, succomba au bout d’un mois.
- B AN JJ. 166, n° 174, fol. 115 v°
- a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 26, p. 213-215
Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, à nous avoir esté exposé de la partie de Pierre Maya que, le vendredi avant la feste de Nostre Dame Chandeleur derrenierement passée, il et aucuns autres en sa compaignie se alerent esbatre chez le prieur de Chaveignes en Pailliers1, le quel leur fist bonne chiere en les faisant boire et mengier, et en ce faisant ou assez tost après le dit prieur pria à Thevet Hebertin, l’un des diz compaignons du dit exposant, qu’il alast donner une buffe à Jehan Meschin2, demourant [p. 214] en la parroisse du dit lieu de Chaveignes, lequel lui respondi que si feroit, mais qu’il l’en paiast, et finablement pour la somme de deux escuz d’or que le dit prieur bailla au dit Herbertin, icellui Herbertin promist d’aler donner la dicte buffe au dit Meschin. Et après ce, dist au dit exposant et à Geuffroy de Corcelles3, l’un des diz compaignons, qu’ilz vousissent aler avec lui pour donner la dicte buffe, et ilz auroient leur part des diz deux escuz ; lesquelx avec le dit Herbertin se misdrent à chemin pour ce faire, et de nuit arriverent à l’ostel de Jehan Dousset, de la dicte parroisse de Chaveignes, cuidans que ce feust l’ostel du dit Meschin et entrerent en icellui hostel, où ilz trouverent le dit Dousset couchié au feu malade de fievres. Auquel le dit exposant, cuidant de lui que ce feust le dit Meschin, dist qu’il se levast et qu’il lui alast monstrer le chemin pour aler au dit lieu de Chaveignes, lequel Dousset lui respondi que non feroit et qu’il ne pourroit aler, car il estoit trop malade. Lors le dit exposant lui dist que si feroit vrayement, et eurent sur ce paroles contencieuses ensemble, desquelles le dit exposant fut esmeu et frappa deux cops du plat de son espée le dit Dousset, l’un sur la teste et l’autre sur les espaules, sans ce qu’il y eust plaie ne sang en aucune maniere, ne qu’il y parust aucun cop. Depuis laquelle chose, le dit Dousset a vesqu [p. 215] un moys et deux jours, et fait besongne à ses ouvrages plus de xii. jours, et alé à la messe chascun dymenche, aussi bien comme il faisoit paravant, et depuis ce est allé de vie à trespassement ; et que pour la souspeçon que on a eue et a contre le dit exposant qu’il soit cause de la mort du dit Dousset pour les diz deux cops, icellui exposant a esté prins et mis ès prisons à Montagu4, et y est detenu prisonnier. Et se doubte que pour cause de ce on vueille proceder contre lui rigoreusement, dont il seroit en adventure d’estre gasté ou affolé de son corps à tousjours, se par nous ne lui estoit sur ce pourveu de nostre grace, si comme il dit, en nous suppliant humblement que, attendu ce que dit est et que il, qui est de l’aage de trente ans ou environ, a esté et est en tous autres cas de bonne vie et renommée, sans avoir esté convaincu ne actaint d’aucun mauvaiz cas, nous lui vueillons sur ce impartir nostre dicte grace. Nous, inclinans à sa supplicacion, voulans pitié et misericorde estre preferez à rigueur de justice, au dit exposant ou cas dessus dit avons quicté, remis et pardonné, etc. Si donnons en mandement au seneschal de Poitou et à tous noz autres justiciers, etc. Donné à Paris, ou moys d’avril l’an de grace mil cccc. et douze après Pasques, et de nostre regne le xxxiie.
Par le roy. Milet.