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MLXXX

Rémission accordée à Fleury Viguier, « povre compaignon de guerre, aagié de xxxvi. ans ou environ ». Douze ans auparavant, étant au service de Guillaume Philippes, écuyer, alors capitaine du château et place forte de Brissac, il avait causé la mort d’un habitant d’un lieu voisin nommé Vauchrétien, réfugié dans le fort, en le frappant à coups de pied parce qu’il s’était endormi étant de garde. Depuis, ledit Viguier avait quitté le pays, mais était resté au service du roi « ou fait de la guerre, tant en la compaignie de feu Gauthier de Brusac, ses ne pveuz1, que de nostre amé et feal conseiller et chambellan le sire de la Varenne2, et encores est soubz lui en la ville de Thouars, par l’ordonnance de nous, en la compaignie de Jacques de Cleremont3, avec les autres gens de guerre estans de present en la dicte ville à noz gaiges et souldes… Donné à Chinon, ou mois de decembre l’an de grace mil cccc. xlv, et de nostre regne le xxiiiie. »

  • B AN JJ. 177, n° 118, fol. 68 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 29, p. 221
D'après a.


1 La famille noble de Brusac était originaire du Périgord ; une de ses branches s’établit au xve siècle dans le Châtelleraudais. C’est précisément à cette branche qu’appartenait le Gautier de Brusac nommé ici, et qui est connu d’ailleurs comme chef de routiers. Écuyer d’écurie de Charles VII, sénéchal de Limousin de 1437 à 1439 environ, on voit ici qu’il était mort antérieurement au mois de décembre 1445. Le 23 avril 1439, il donna quittance de 2042 livres que les États de Limousin lui avaient votées à titre de remboursement ; il avait avancé cette somme de ses deniers pour faire évacuer le château de Courbefy. (A. Thomas, Les États provinciaux de la France centrale, t. I, p. 229 ; t. II, p. 96, 101.)

Les services de Gautier sont rappelés dans des lettres de légitimation octroyées plusieurs années après son décès, par Charles VII (Saint-Priest en Dauphiné, février 1457 n.s.), à Jean de Brusac, fils bâtard qu’il avait eu d’une nommée « Thievrine Dulieul » ou plutôt Dubreul. (JJ. 191, n° 244, fol. 132.) Il paraît qu’il eut un autre fils naturel, nommé Guillaume de Brusac, légitimé en 1478 et qualifié chevalier, chambellan du roi en 1481. (Bibl. nat., Pièces orig., vol. 542, cité par le Dict. des familles du Poitou, nouv. édit., t. II, p. 60.) Les neveux de Gautier étaient les fils de son frère aîné Mondot de Brusac, c’est-à-dire Mondot II, chevalier, vivant en 1439 ; Pierre, qualifié aussi écuyer d’écurie du roi en 1444 et renommé capitaine de routiers, et Guyot ou Guynet, écuyer, sr des Prés et de la tour d’Asnières en Châtelleraudais (sur lequel voy. Arch. de la Vienne, G. 714). Une partie des exploits de Gautier et de Pierre de Brusac sont rapportés par M.A. Tuetey dans son ouvrage intitulé Les Écorcheurs sous Charles VII, 2 vol. in-8°, 1875.

2 Pierre de Brézé, sr de la Varenne, sénéchal de Poitou, a été l’objet d’une notice ci-dessus, p. 178, n. 2.

3 La présence de Jacques de Clermont en Poitou, à la tête d’une compagnie de cent lances des ordonnances, à la fin de l’année 1445, est constatée dans deux autres actes. (Bibl. nat., Pièces orig., vol. 783, dossier Clermont, nos 18 et 19.)