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MCXXV

Lettres d’amortissement d’un terrain destiné à l’agrandissement du cimetière de la paroisse Notre-Dame de Légé en Poitou.

  • B AN JJ. 178, n° 50, fol. 32
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 29, p. 394-396
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et avenir, nous avoir receue l’umble supplicacion des manans, habitans et parroissiens de la parroisse de Nostre Dame de Ligé en nostre païs de Poictou, contenant que ladicte parroisse s’est puis certain temps ença fort peuplée et habitée, et joingnant l’eglise de la parroisse dudit lieu a ung cimetiere d’ancienneté, lequel est à present bien petit, et à l’un des boutz d’icelui y a ung mur, à l’occasion duquel convient [p. 395] à iceulx supplians, quant ilz veulent faire aucune procession, prendre bien long tour et passer par certain chemin ancien au bout par dehors dudit cimetiere, et lequel est mal aisié, et aucunes foiz y a plusieurs inmondices. Et pour ce iceulx supplians augmenteroient et acroistroient voulentiers leur dit cimetiere du dit chemin ancien qui n’est large que d’une toise et demie et de long de sept à huit toises ou environ, et romproient ledit mur, qui est joingnant d’icelui, pour faire leur tour et procession plus aisiement, s’il nous plaisoit de ce faire leur donner congié et licence, et admortir ledit chemin, et sur ce leur impartir nostre grace ; en nous humblement requerant que, consideré que c’est pour le bien et augmentacion du service divin, et qu’ilz sont contens de bailler au plus près autant d’aussi bonne ou meilleure place pour faire le dit chemin que le dit ancien, et recompensant ceulx qui y ont interestz, il nous plaise iceulx noz congié et licence leur donner et avec ce admortir le dit chemin ancien, et sur ce leur impartir nostre grace. Pour quoy nous, ces choses considerées, voulans l’augmentacion du dit service divin, et aussi pour la singuliere devocion que avons à la glorieuse Vierge Marie dont la dicte eglise est fondée, et aussi à ce que soyons participans ès prieres et biens faiz qui doresenavant seront faiz en icelle eglise, ausdiz supplians avons donné et donnons par ces presentes congié et licence de abatre ou faire abatre et demolir ledit mur, et de accroistre et augmenter ledit cimetiere du dit chemin ancien, des longueur et largeur dessus dictes ou autre telle qu’ilz verront estre à faire. Et laquelle place ou chemin nous avons admortie et admortissons de grace especial, pleine puissance et auctorité royal, par ces presentes, et voulons qu’ilz la tiengnent oudit cimetiere comme admortie et à Dieu dediée, parmi ce qu’ilz seront tenuz de faire ou faire faire autour du dit cimetiere ung autre chemin, bon et aussi aisié et convenable que le dessus dit, et de recompenser [p. 396] raisonnablement ceulx qui en ce auront interest. Si donnons en mandement, par ces presentes, à noz amez et feaulx les gens de noz comptes et tresoriers, au seneschal de Poictou et à tous noz autres justiciers et officiers, ou à leurs lieux tenans, presens et avenir, et à chascun d’eulx, si comme à lui appartendra, que de noz presens grace, don, congié, licence, admortissement et de tout le contenu en ces dictes presentes ilz facent, seuffrent et laissent les diz supplians et leurs successeurs joïr et user pleinement et paisiblement, sans leur faire, mettre ou donner ne souffrir estre fait, mis ou donné, ores ne ou temps avenir, aucun destourbier ou empeschement au contraire, mais, se fait, mis ou donné leur estoit en aucune maniere, le reparent et remettent ou facent reparer et remettre sans delay au premier estat et deu. Car ainsi nous plaist il estre fait. Et afin que ce soit ferme chose et estable à tousjours, nous avons fait mettre nostre seel à ces presentes. Sauf en autres choses nostre droit et l’autruy en toutes. Donné à Rasilly près Chinon, ou mois d’octobre l’an de grace mil cccc. quarante et six, et de nostre regne le xxiiiime.

Ainsi signé : Par le roy, vous, l’arcevesque de Reims1, les sires de la Varenne et de Precigny2, et autres presens. De la Loere. — Visa. Contentor. Ja. de La Garde.


1 Jacques Jouvenel des Ursins, alors archevêque de Reims, évêque de Poitiers en 1449. (Cf. ci-dessus, p. 239, note 2.)

2 Pierre de Brézé et Bertrand de Beauvau (ci-dessus, p. 178, note).