École des chartes » ELEC » Correspondance active des duc d'Angoulême, comte de Béthune et abbé de Préaux avec l'autorité royale » Année 1620 » Des trois ambassadeurs au roi

Des trois ambassadeurs au roi

. — Lunéville

1. Réception à Nancy par le duc de Lorraine. 2. Confirmation et utilité de l'assemblée des princes unis. 3. Tensions au sujet du pont de Brisach et menace apportée par Bethlen Gabor.

Duplicata
  • l-2-A . BnF, fr. 15930: fol. 148-151.
Copies XVIIesiècle
  • l-2-B . BnF, fr. 3972: fol.26r-28v.
  • l-2-C . BnF, NAF 7064: fol. 31r-34r.
  • l-2-D . BnF, Dupuy 205: fol. 17r-18v.
  • l-2-E . BnF, fr. 23560: fol. 31v-34r.
  • l-2-F . BnF, fr. 23561: p. 57-62.
  • l-2-G . BnF, fr. 7097: fol.43r-46v.
Edition
  • l-2-a . Ambassade extraordinaire de messieurs le duc d'Angoulesme, comte de Béthune et de Preaux Chasteauneuf: envoyez par le roy Louis XIII vers l'empereur Ferdinand II et les princes et potentats d'Allemagne, en l'année MDCXX, Henri de Béthune [éditeur] [Paris: F.Preuveray], 1667: p. 56-59.

Sire

[1.] Nous avons estiméa creu a devoir rendre compte à Vostre Majesté du commencement de nostre voyage et luy faire entendre comme nous arrivasmesb l'informer à mesme temps de nostre arrivée a à Nancy dimanche dernier 18c 17 F e du mois et le bon accueil et reception qui nous y a esté faited ont esté faictz C D E F par monsieur le duc de Lorraine comme il a accoustumé faire àe qui n'en fait pas moins à tous a ceux qui le visitent de Vostre part, faisant tousjours paroistre une affection tres particuliere au service de Vostredite Majesté. Le lendemain il nous donna audience et apres luy avoir fait les compliments ordinaires et l’avoir asseuré de la bienveillance de Vostre Majesté en son endroitf a Omis et luy avoir presenté la lettre qu'il Vous a pleu luy escrire, nous luy fismes entendreg exposasmes en long a le subject de nostre legation et Vos bonnes et saintesh B C D E F a Omis intentions au commun advantage, conservation et repos de toute la chrestienté avec prierei le prians à mesme temps a de nous assister de ses bons advis et conseils et y contribuer de sa part ce qui peut dependre de luy comme en un affaire qui le regarde et tous princes chrestiens. Ledit sieurj D Omis duc s'excusa duk s'en excusa dans le a commencement par modestie, disant qu'il ne pouvoit rien adjouster au commandement que nous avions de Vostre Majesté.

[2.] Et neantmoings comme nous entrasmes en conference, il tesmoigna approuver grandement l'assemblée des princes unis, et pour ce que nous avions jugé qu’en suite de ladite assemblée il seroit bon d’en moyenner une des trois electeurs eclesiastiques nous luy en fismes ouverture, ce qu’il approuva pareillement. Et estimansl comme nous jugeasmes a estre plus à propos que la proposition en fust faite auzditz electeurs eclesiasticques par ledit sieur duc, il s'offrit d’envoyer vers eux et de fait y a envoyé un gentilhomme1 lequel nous doit apporter la resolution desdits electeurs dans le 8m 3 F e du mois prochain à Heylbron ville imperiale où nous serons pour l’assemblée desditz princes unis et si l’assemblée des eclesiasticques se resoult n d'un commun consentement a cela apportera un grand advencement ào cela apportera un grand contentement à F ; elle avancera sans doute beaucoup a nostre negociation pour ce que les trouvans tous ensemble nous serons deschargez dup gagnerons a temps qu'il nous faudroit employer pour les aller trouver en q leur a particulier. Nous avons trouvé audit Nancy un gentilhomme qui nous estoit envoyé de la part desr que nous avoient depesché le a duc de Wirtemberg et marquis Daonsbach pour nous faire scavoir que l'assemblée desdits princes unis est indites G Omis ; indiquée a au premier du mois prochain audit Heylbron et nous at F Omis asseuré que le duc de Deux-ponts, le landgrave de Hessen, ledit marquis Daonsbach, ledit duc de Wirtemberg, le marquis de Dourlach et autres comtes, barons et deputés des villes de l’Union s’y trouveront, qui sera un moyen pour advanceru ce qui n'avancera pas peu a le fruit de nostre negociation d'autant que nous pourrons beaucoup plus utilement concerter avec eux ainsyv etant a assemblez et prendrew comme aussi penetrer et decouvrir a leurs sentiments et recognoistre mieux leurs inclinationsx F Omis au fait qui se presentey sur le sujet dont il s'agit a que si nous les eussions veuz en particulier. Nostre plus grande diligence, Sire, auroit esté jusques icyz a Omis inutile pour ce que le gentilhomme vesnu de la part dudit duc de Wirtemberg a fait cognoistre que ces princes qui s'assemblent desireroient bien que nous ne nous rendissions audit Heylbron que le 3 ou 4e dudit mois prochain afin qu'ils eussent aa le B C F G a loisir de se veoir devant que nous fussions arrivés à euxab arrivassions a , tellement que nous serons contrains de sejourner deux ou trois jours à Strasbourg .

[3.] Nous eussions desiré employer ce temps à visiter l'archiduc Leopold, n'estoit que nous apprenons qu'il est party depuis quelque jours de Saverne pour s'acheminer vers le pont de Brisac pour faire faire monstre2 generale à ses troupes le 25 ou 26 de ce mois, et ainsy nous estimons qu'il suffira de luy envoyer un gentilhomme avec celle qu'il a pleu à Vostre Majesté luy escrire, n’estant pas une des personnes desac D Omis plus necessaires à nostre negociation. Messieurs les ducs de Lorraine et de Vaudemont commead et a plusieurs ae autres C D E F a cappitaines que nous avons rencontrez qui vontaf s'en allans a au service de l’empereur nous ont parlé assez diversement du passage des troupes à Brisac, les uns tenansag trouvans D ; estimans a que lesdites troupes ne peuvent passer sans venir aux mains avec ledit sieur marquis de Dourlac et les autres au contraire croientah croyans a que les forts que ledit marquis a faits estans à un quart deai un grande E lieue dudit pont, ils pourront passer sans se battre si ce n’est que d'eux mesmes aj ilz B C D E F a se portent volontairement au combat ce qui n’est pas à presumer d'autant queak vu que a nous voyons les uns et les autres fort retenuz à ne vouloir estreal en ces commencements dans l'apprehension de passer pour a les premiers autheurs de la guerre civile dans leurs pais. Et mesme quant ledit marquis de Dourlac pourroit empescher le passage desdites troupes, il laissera tousjours passer celles qui s'avoueront et diront aller servir l’empereur en Boheme. Et pour ce qui regarde les levées du duc de Baviere qu’on dit estre de vingt mil homme de pied et quatre mil chevaulx (ce que difficilement nous croyons), nous n'avons peu, Sire, certainement apprendre dudit sieur de Vaudemont où il les veult employer. Et sur ce que nous l'avons pressé pour essayer de penetrer am sur D ce qui estoit de leur desseinan leurs desseins a , il nous a dit lesdites levees se faireao que ces levées se faisoient a pour la conservation du pais dudit duc de Baviere au mouvement general qui se prepareap dans l'apprehension d'un mouvement et revolution generale a . Toutesfois nous avons recognu qu'il n'est pas marry qu'on croyeaq se persuadast a que lesdites troupes se levent pour l'execution duar d'un D ban imperial qui semble devoir interveniras qui semble intervenir E ; qu'on croit se devoir faire a contre l'electeur palatin pour l'advancement duquel on luy mande de Vienne qu'on a ja envoyé quelques monitoires3 audit electeur, d’où ledit sieur de Vaudemont receut aussy nouvelles le jour de nostre partement de Nancy qu’en la diette qui se doit faire en Hongrie Bethleem Gabor pretend s’en faire eslire roy et pour y parvenir y a praticqué4 les plus grands et mesme beaucoup de catholiques qui jusques icy estoient demeurés fermes pour l’empereur et qui maintenant inclinent au désir dudit Bethleem, lequelat panchent de son costé. On adjoute encore qu'il a travaille à s'affermir en ceste couronne par le moyen mesmeau l'assistance a du Turcq et empescher qu'il ne vienne av du a secours àaw de D l’empereur du costé de la Pologne par la menace qu'il fait d’y faire entrer les Tartares, de quoy les Polonois semblent estre refroidizax ce qui me semble refroidir et destourner les Polonois a d'envoyer leurs troupes en Silesie comme ils avoient promis à sa Majeste imperiale, ce que Vostre Majesté pourra desja avoir aprins par les advis du sieur de Baugy ay son resident à Vienne a . Toutesfois nous n'avons pas voulu faillir de luy en mander ce qui nous a esté ditaz manquer à l'informer de ce qui est venu à nostre connoissance a sur ce subject comme nous ferons toujours en ce que jugerons importer àba nous estimerons regarder a son service.

Estants de Vostre Majesté,bb pour lequel nous n'avons pas moins d'attachement et de zele qu'elle doit en attendre de a

Sire

Tres humbles, tres obeissants et tres fideles subjectz et serviteurs

Charles de Valois

Bethune

Préaulx


a creu a. b l'informer à mesme temps de nostre arrivée a. c 17 F. d ont esté faictz C D E F. e qui n'en fait pas moins à tous a. f  a Omis. g exposasmes en long a. h  B C D E F a Omis. i le prians à mesme temps a. j  D Omis. k s'en excusa dans le a. l comme nous jugeasmes a. m 3 F. n  d'un commun consentement a. o cela apportera un grand contentement à F ; elle avancera sans doute beaucoup a. p gagnerons a. q  leur a. r que nous avoient depesché le a. s  G Omis ; indiquée a. t  F Omis. u ce qui n'avancera pas peu a. v etant a. w comme aussi penetrer et decouvrir a. x  F Omis. y sur le sujet dont il s'agit a. z  a Omis. aa  le B C F G a. ab arrivassions a. ac  D Omis. ad et a. ae  autres C D E F a. af s'en allans a. ag trouvans D ; estimans a. ah croyans a. ai un grande E. aj  ilz B C D E F a. ak vu que a. al en ces commencements dans l'apprehension de passer pour a. am  sur D. an leurs desseins a. ao que ces levées se faisoient a. ap dans l'apprehension d'un mouvement et revolution generale a. aq se persuadast a. ar d'un D. as qui semble intervenir E ; qu'on croit se devoir faire a. at panchent de son costé. On adjoute encore qu'il a. au l'assistance a. av  du a. aw de D. ax ce qui me semble refroidir et destourner les Polonois a. ay  son resident à Vienne a. az manquer à l'informer de ce qui est venu à nostre connoissance a. ba nous estimerons regarder a. bb pour lequel nous n'avons pas moins d'attachement et de zele qu'elle doit en attendre de a.

1 Il s'agirait de Dattel, conseiller du duc de Lorraine.
2 Montre: revue des troupes effectuée pour voir si elles sont complètes afin d'en régler la marche et le paiement.
3 Monitoire: lettre qui s'obtient du juge de l'Église et qu'on publie au prône des paroisses pour obliger les fidèles à venir déposer ce qu'ils savent des faits qui y sont contenus sous peine d'excommunication.
4 Pratiquer: corrompre, suborner.