École des chartes » ELEC » Correspondance active des duc d'Angoulême, comte de Béthune et abbé de Préaux avec l'autorité royale » Année 1621 » Des trois ambassadeurs à Puisieux

Des trois ambassadeurs à Puisieux

. — Vienne

1. Suspension particulière d'armes accordée par l'empereur. 2. Peur que Bethlen ne se tourne vers le Turc comme le comte de la Tour s'est tourné vers le Hongrois. 3. Situation peu enviable de l'électeur palatin. 4. Critique de l'ambassadeur d'Espagne. 5. Préparation des Turcs à la guerre et annonce d'une grande victoire des Tartares.

Original
  • l-57-A . BnF, fr. 15931: fol. 1-4.
  • l-57-AA . BnF, fr. 15931: fol. 9-12. Duplicata. Les passages chiffrés de la lettre originale n'ont pas été déchiffrés lors de la réception de la lettre, probablement postérieur à celle du duplicata. Le déciffrement a été fait à l'aide de ce dernier.
Copies XVII e siècle
  • l-57-B . BnF, fr. 3972: fol.254r-255v.
  • l-57-C . BnF, NAF 7064: fol. 363v-366v.
  • l-57-D . BnF, Dupuy 205: fol. 194r-194v.
  • l-57-E . BnF, fr. 23560: fol. 310r-312v.
  • l-57-F . BnF, fr. 23562: p. 814-819.
  • l-57-G . BnF, fr. 7098: fol. 226r-230v.
  • l-57-H . BnF, fr. 23559: fol. 186v-189r.
Edition
  • l-57-a . Ambassade extraordinaire de messieurs les duc d'Angoulesme, comte de Béthune et de Preaux Chasteauneuf: envoyez par le roy Louis XIII vers l'empereur Ferdinand II et les princes et potentats d'Allemagne, en l'année M.DC.XX, Henri de Béthune [éditeur] [Paris, F. Preuveray], 1667: p. 432-435.

Monsieur

[1.] Nous vous avons desja mandé comme le courrier qu'il a pleu au roy nous envoyer est arrivé le 27e du mois passé avec ses commandements, lequel nous avons jugé à propos de retenira retirer H jusques à ce que le traicté que nous esperons de faire entre l’empereur et le prince de Transylvanie et Estats de Hongrie soit commencé. Pour cet effect nous avons renvoyé il y a trois jours un gentilhomme que ledit prince nous avoit deputé pour la seconde fois avec resolution d'entrer dans ledit traicté aux conditions que vous verrez portées par la copie dub par le G H memoire qu'il nous avoit presenté, sur lequel Sa Majesté Imperiale nous a fait apres quelques dificultez sa response, qui est qu'à nostre priere et pour nous tesmoigner combien il vouloit defererc differer F aux advis et conseilz du roy, il nous accordoit pourd que F quinze jours une suspension d'armes particuliere depuis le Danube jusques à une autre petite riviere qui se nomme Laytae qui s'appelle Leyta G ; qui s'appele le Leyta H entref contre F lesquelles sont sittuées les villes de Neustat, lieu du traicté, Vienne et jusques au passage de Presbourg, ayant pour cet effect estéh D Omis expediég fait expedier des a lettres pour le sauf conduit des deputez de Bethleem et Estats de Hongrie1 et consigné en nos mains les lettres de ladite suspension2.

[2.] C'est audit prince de Transylvanie de se resoudre maintenant sur lei de F tout, lequel par apparance des affaires ne peut ce nous semble refuser de traicter ou il fault que tirantj refusant G k le B D E F G H party de la crainte etl ou C D E a ; ou, corrigé en et H du desespoir, il se jecte entre les bras du Turc car il est tresm G Omis certain que toute la Moravie s'est rendue entre les mains de l’empereur sans aucune condition que celle de sa grace, ayans receu dans leurs villes les troupes que le comte de Buquoy a jugées necessaires pour s'en rendre le maistre. Le comte de la Tour eust pris la mesme condition s’il n’eust esté adverty que l’empereur ne vouloit luy pardonner. Cela l'a n le G fait jecter parmy les Hongrois où maintenant il est et y commande o en qualité a de general d’armée. Nous n’aprouvons pas le conseil que l’empereur a pris sur son subject car p comme G H outre que la clemence est la vertu des roys qui sont les imagesq l'image G H de Dieu parlant humainement, son pardon estoit plus advantageus que sa perte, estant personne etr G Omis de credit, de courage et de sens.

[3.] Mais les interests des ministres particuliers et quelque animosité d'Espagne ont abusé de la bonté de l'empereur, lequel allant à la chasse dist au duc d’Angoulesme que le Palatin avoit eu recours au duc electeur de Saxe pour traicter des D E G H Omis sa paix et que pour cet effect il luy avoit escrit mais que ledit duc de Saxe avoit fait response qu'il ne pouvoit porter ceste parole si elle n’estoit accompagnée d’une entiere submission envers ledit empereur, auquelu lequel F ledit duc de Saxet G H Omis sans avoir voulu ouvrir la lettre dudit electeurv G H Omis palatin nyw ne G H luy faire response par escrit, il l'a envoyée à Sa Majesté Imperiale de laquelle ledit duc d’Angoulesme apprist encoresx D G H Omis deux choses: l’une que le prince d'Yagrandorf avoit envoyé demander audit duc de Saxe lieu et jour où il pourroity ilz pourroient B C D E F G H s'aboucher avec luy, auquel il z luy H fist response qu'il ne luy pouvoit donner que premierement il ne se fust soubzmis aux volontez de l’empereur. Sur quoy ledit Yagrendorf renvoyantaa dire G ; luy renvoyant une second fois luy promit a qu'apres qu'ils se seroient abouchez, il promettoit audit ducab G H Omis electeur faire ce qu'il luy plairoit, ledit duc se tenant à sa premiere response, il ne luy en voulut faire d'autre; la seconde que l’electeur palatin avoit envoyé ses ambassadeurs et lettres vers les Estatz de Boheme assemblez à Kenigretz par lesquelz il leur remonstroit que si le hasard des armes luy avoit esté contraire au dernier combat, toutesfois la perte n'estoit pas si grande que desja il n'eust moyen de tourner teste vers ses ennemis comme il yac G H Omis estoit resolu pourveu qu'ilz le voulussent assister en ce dessein et se maintenir tousjours enad dans G H la fidelité qu'ilz luy avoient jurée. Sur quoy lesdits Estats sans vouloir veoir ses lettres les auroientae avoient C E envoyées fermées à l’empereur disants ausdits ambassadeur du Palatin qu'ilz vouloient vivre et mourir soubzaf sur H l'autorité dudit empereur, donnant seulement un certificat d'avoir receu ses lettres sans y vouloir faire aucune response. Par là, Monsieurag Messieurs D E , vous verrez l’instabilité de ces peuples, lesquelz plus que tous les autres courent apres les changementsah courent après le changement B C D E F ; courent au changement G H ; se portent aux changements a sans trouver placeai une scituation a quiaj qu'il D leur soit agreable que celle qui est la plus nouvelle.

[4.] Mais quoy qu'il semble que les ministres d'icy et principalement ceux d'Espagne veulent donner la loy par les armes afin que ilz puissent comme conquerantz ravir toutes sortes de privileges, toutesfois ne croyez pas que nous perdions courage pour la Hongrie car nous y employrons soin al et G , vigilance et si peu de dexterité que nous avonsak tous nos soins, la vigilance et le peu d'industrie dont nous sommes capables a . En quoy si nous ne succedonsam nous ne reussissons pas a selon le bien general de la chrestienté, les justes intentions du roy et nos souhaits, soyez asseuré, Monsieur, qu'il ne tiendra à nous et que s'il fault partir d’icy, au moins sera ce avec ce que nous devonsan desirons G à la dignité du roy et à nostre honneur. L'on a parlé depuis deux jours au duc d’Angoulesme d’un raccomodementao accommodement C D E a avec l'ambassadeur d'Espagne mais ce n’est pas avec des paroles qui le puissent contanter. Voila pourquoy les choses en sont demeurées là si elles passent plus avant, croyez qu'il ne s'y fera rien qui soit contraire à ce qui est deubap B G H Omis à l’autorité du roy non que les pointilles3 prevalent sur ce qui est de la raison. Nous attendons le courrier Picault avec ce que nous vous avonsaq nous luy avions G H ; nous avons a demandé et ce pendant nous souhaitons que le voyage que le roy a fait sur les frontieres luy aye apporté toute sorte de satisfaction et quear qu'à D E G a son retour à Paris toutesas les D G H a choses succedent à l'advantage de ses justes et genereux desseins comme àau H Omis vous, Monsieurat vous desirant aussi, Monsieur, en vostre particulier a , toute av sorte de D E G H a prosperité estantz

Monsieur

Vos bien humbles serviteursbj Vos tres humbles et obeissans serviteurs G

bi H Omis

Charles de Valois

Bethune

Preaux

Monsieur, depuis ceste lettre escrite nous avons eu quelques nouvelles que nous vous devons mander. Premierement voyantsaw qu'envoyant a l’ambassadeur d’Angleterre pour luy dire adieu et lequel part dans deux jours, il nous a reconfirméax a confirmé F ; confirme G H que l’electeur palatin s’estoit retiré chez le Brandebourg en sa ville de Berlin et qu'il sembloit que ledit electeur tesmoignoit vouloir abbandonner ses pretensions de Bohesme. Le comte de la Tourse retirant en Hongrie a porté auay a joint aux interests et a service de Behtleem une ville de Moravie qui s'appelle ouaz G H Omis Radix ou Scalix. Il a esté pris lettres du Turc lesquellesba que G H l'empereur a faict dechiffrer dans lesquelles ledict Turc ordonne à tous les jannissaires4 et spay5 qu'ilz ayent à se tenirbb trouver G prests pour marcherbc D Omis aussy tost que la saison le pourra permettre et ce vers la chrestienté où il pretend faire la guerre. Les uns tiennent que son dessein va vers labd B F Omis Poulongne où les Turcs assistez des Tartares ont emporté une grande victoire, le nombre des morts estant ainsy que l'on dit be jusques au nombre B C E F ; jusques au nombre de D a ; de G ; au nombre H 18 mil hommes, le general mort etbf E, H Omis quantité d'autres seigneurs de qualité, ayants lesdits Turcs emmené hommes, femmes et bg quantitté de G petitz enfans esclaves et ce jusques à un nombre infiny. Les autres croient que ce desseing est pour la Hongrie d'où nous n'avons encores nouvellesbh aucune nouvelle G H


a retirer H. b par le G H. c differer F. d que F. e qui s'appelle Leyta G ; qui s'appele le Leyta H. f contre F. g fait expedier des a. h  D Omis. i de F. j refusant G. k le B D E F G H. l ou C D E a ; ou, corrigé en et H. m  G Omis. n le G. o en qualité a. p comme G H. q l'image G H. r  G Omis. s  D E G H Omis. t  G H Omis. u lequel F. v  G H Omis. w ne G H. x  D G H Omis. y ilz pourroient B C D E F G H. z luy H. aa dire G ; luy renvoyant une second fois luy promit a. ab  G H Omis. ac  G H Omis. ad dans G H. ae avoient C E. af sur H. ag Messieurs D E. ah courent après le changement B C D E F ; courent au changement G H ; se portent aux changements a. ai une scituation a. aj qu'il D. ak tous nos soins, la vigilance et le peu d'industrie dont nous sommes capables a. al et G. am nous ne reussissons pas a. an desirons G. ao accommodement C D E a. ap  B G H Omis. aq nous luy avions G H ; nous avons a. ar qu'à D E G a. as les D G H a. at vous desirant aussi, Monsieur, en vostre particulier a. au  H Omis. av sorte de D E G H a. aw qu'envoyant a. ax a confirmé F ; confirme G H. ay a joint aux interests et a. az  G H Omis. ba que G H. bb trouver G. bc  D Omis. bd  B F Omis. be jusques au nombre B C E F ; jusques au nombre de D a ; de G ; au nombre H. bf  E, H Omis. bg quantitté de G. bh aucune nouvelle G H. bi  H Omis. bj Vos tres humbles et obeissans serviteurs G.

1 On peut trouver des copies de ce sauf-conduit, rédigé en latin, donné par l'empereur aux commissaires de Hongrie dans les manuscrits suivants: fr. 3972 (fol. 263r), fr. 7098 (fol. 247v), fr. 15930 (fol. 17), fr. 23559 (fol. 192r), fr. 23560 (fol. 320r), fr. 23562 (p. 840), NAF 7064 (fol. 377v), Dupuy 205 (fol. 199v).
2 On trouve trace de cette lettre de cessation d'armes et trêve accordée par l'empereur pour douze jours dans les manuscrits suivants: fr. 3972 (fol. 264v), fr. 23560 (fol. 321r), fr. 7098 (fol. 250v), fr. 23562 (p. 844),NAF 7064 (fol. 379v), Dupuy 205 (fol. 200v).
3 Pointille: chose vain et sans solidité.
4 Janissaires: corps d'infanterie d'élite de l'armée ottomane. Ils sont recrutés uniquement parmi des enfants chrétiens arrachés à leurs familles, soit comme prisonniers de guerre, soit en vertu d'un décret qui oblige tous les chrétiens des pays conquis par les Turcs à donner au sultan un sur cinq de leurs fils. Ils ont une place particulière dans l'armée turque, le haut commandement militaire de l'empire ottoman se fondant principalement sur eux: on les reconnaît à leurs bonnets de feutre blanc et à leurs armes particulières (arquebuse à serpentin et coudjear).
5 Sipahis: corps de cavalerie lourde d'élite de l'armée ottomane. Ce sont l'équivalent, à cheval, des janissaires: ils escortent et protègent par ailleurs ces derniers. Ce sont parfois des janissaires brillamment promus. En période de paix, ils se répartissent dans la campagne autour de Constantinople et sont employés dans l'administration à des taches de confiance (perception, distribution de dons...).