Des trois ambassadeurs au roi
. — Vienne
1. Rappel du contexte militaire précédant la Montagne Blanche. 2. Récit de la bataille. 3. Victoire permise par le traité d'Ulm, crainte que cela ne pousse les Etats de Bohême à faire appel à Bethlen. 4. Plainte face à leur oiseveté avec le voyage de l'empereur à Salzbourg. 5. Envoi d'un mémoire sur l'état des affaires d'Allemagne.
Original
- l-48-A . BnF, fr. 15930: fol. 498-501.
Copies XVIIesiècle
- l-48-B . BnF, fr. 3972: fol. 213r-215v.
- l-48-C . BnF, NAF 7064: fol. 303v-307r.
- l-48-D . BnF, Dupuy 205: fol. 163r-164v.
- l-48-E . BnF, fr. 23560: fol. 262v-265r.
- l-48-F . BnF, fr. 23562: p. 706-712.
- l-48-G . BnF, fr. 7098: fol. 143r-148r.
- l-48-H . BnF, fr. 23559: fol. 138v-142r.
Edition
- l-48-a . Ambassade extraordinaire de messieurs le duc d'Angoulesme, comte de Béthune et de Preaux Chasteauneuf: envoyez par le roy Louis XIII vers l'empereur Ferdinand II et les princes et potentats d'Allemagne, en l'année M.DC.XX, Henri de Béthune [éditeur] [Paris: F.Preuveray], 1667: p. 382-385.
Sire
[1.] Nous avons tenu monsieur de Puysieulx
advertia soigneusement informé a de tout ce qui c'est passé tant enb à G H la response que l'empereur nous a faite sur les propositionsc la proposition B C D E F G H a du prince
de Transylvanie qu'autrese aux G occasions qui sont survenusd que sur les occasions qui se sont
presentées a desquelles la plus signalée estant la route de l'armée des Bohemesf de Boheme G H et la prise de Prague, Nnus avons creug sceu H qu'il estoit de nostre devoir d'en rendre Vostre Majesté la plus informéeh le meilleur compte à Vostre Majesté a qu'il nous sera possible. Pour cet effect, Sire, nous envoyons à
Vostre Majesté le plan de l'assiette du combat, lequel s'est fait plus
par hasard que par dessein, car comme Vostre Majesté aura peu juger pas
nos precedentes, quoy que les armées fussent depuis un mois auparavant
le combat tousjours quasi à veue l'une de l'autre, toutesfois ou les
lieus estoient si difficiles ou la crainte de hasarder i un combat
a
estoitj G Omis si grande que le tout se passoit enk à H legeres escarmouches. Mais depuis que les Bohemes eurent prins le logisl poste a de Raconis et que les armées imperiales furent logées si
pres que le canon pouvoit grandement incommoder lesdits Bohemes, j'ayn je B D F jugém nous jugeasmes G H a ou qu'il falloit que l'electeur palatin hasardast la bataille pour
faire desloger les Imperiaus ou que se retirant lesdits Imperiaus ne fussent pas cappitaineso ne sceussent pas la guerre a s'ils ne les defaisoient à la retraicte, apuyant ceste opinionp
raison, corrigé en opinion
H sur ce que c'estoit duditq depuis a
Raconis jusques à Prague un pais ouvert
et où le plus fort avoit un tres grand advantage.
Toutesfois, Sire, ny les uns ny les autres ne firent ce
que j'estimoisr nous estimions G H a car à la veue des Imperiaus, les Bohemes deslogerent et firent
deux logis sans qu'il y eust guere de combat de part nys et G H d'autre et croyu croions G H que ce fut à cause que le comte de Buquoy, en une poste advancéev un post avancé G H où il plantoit une batterie pour faire retirer desw les F G Hongrois, y fut blessé d'une mousquetade x de
B C D E F quasy hors de portéet que la blessure que le comte de Buquoy receut
d'une mousquetade quasi hors de portée dans un poste avancé, où
il faisoit faire une batterie pour faire retirer des Hongrois,
en ayans à ce que nous croyons esté la cause a et en receut tant d'y une si notable a incommodité, le lieu où c'estoitz il estoit G ; il fut blessé a estant tres sensible queaa qu'il fut G a contrainct de se retirer, si les Bohemes eussent pris ce temps ab là
G a
au rapport de plusieursac selon que plusieurs l'asseurent a , la victoire estoitad estant E ; eust esté G H entre les mains du Palatin. Mais ce vieu mot fut vrayae le proverbe se trouva veritable a que l'ost ne scait pas ce que faict l'ostaf que l'on ne sçait pas ce qui se passe d'un camp à
l'autre a 1, de façon que les uns et les autres prirent leurs logis: les
Bohemes tirants droit le chemin deag droit à a
Prague, ce qu'estant apperceu par
les imperiaus, le duc de Bavieres ayant ce jour là l'avant-gardeah l'advantage C D E F a , il se trouva si pres de ses ennemis qu'il jugea pouvoir emporter
la victoire; recognoissant qu'il y avaitai eut F G H du desordre enaj à F G leur marche et concluant à la bataille, ak il
G H manda paral
pour, corrigé en par
H plusieurs fois au comte de
Buquoy de s'advancer mais inutilement de façon que le duc de Baviere
s'eschapaam ne se peust empescher a de dire qu'il manderoit à l'empereur qu'il estoit trahy. Le
soir les armées se logerent à la veue les unes des autres.
[2.] an et
B D E F G a Sur la minuit les Bohemes laissants leurs feus allumés delogerent
non si secrettement que le bruit n'en fist cognoistre quelque chose aux
premieres sentinelles lesquelles ao en
G H advertissants, le comte de
Buquoy
ap qui
G H envoya recognoistre si leurs advis estoient veritables, ce que trouvant à l'heure mesme il fist sonneraq ce qui se rencontrant veritable, il commanda
qu'on montast a à cheval et suyvants lesdits Bohemes sur les neuf heures du matin
sabmedy septiesme du mois passé, il ordonna que deuxar des G H troupes de cavalerie s'advançassent pour veoir la contenance des
ennemis lesquelles ayants saisy un petit haultas s'estans saisis d'une petite eminence a en furent repoussez jusques aux premieres troupes du gros de
l'armée imperiale et à cause de l'esloignement donnerent subject à ces
deux troupes at detachées
a de faire leur retraicte avec une espece de fuiteau en quelque espece de desordre a . Cela n'empescha pas que l'armée neav H Omis marchast en ordre non pas de combattre, car ce n'estoit nyaw C D E F Omis le dessein ny le commandement, mais bien d'aller droit à ceste
petite eminence2 pour y camper et de là juger la
contenance de leurs ennemis. Ce fut lors, Sire, que les Bohemes
quittants deux postes où estoit leur artillerie et se retirants à deux
gros bataillons deax que F quatre mil hommes chacun qui estoient ou Moraves ou Bohemes, les
Vallons de l'empereur3 voyants ceste fuite sans ordre ny commandement
les presserent de pres. Mais la resistance par cesay les G H deux bataillons fut telle que contraincts àaz de G H ce retirer en desordre, il y eut un vieil cavallier qui jugeant
le mal plus grand qu'il n'estoit vint imprudemment dire au duc de Bavieres qu'il montast sur le
meilleur de ses chevaux et que tout estoit perdu.
Sur ce temps le cappitaine La Croix qui a
l'honneur d'avoir une place de cappitaine entretenu en vostre cavalerie
legere chargea si heureusementba rudement G H qu'il fist tourner teste aux Bohemesbb tourner le coeur aux Bohemes H ; fondre le coeur aux Bohemes et leur fit tourner
teste G , ce qui redonna lebc G H Omis courage à toute l'armée et particulierement au regiment de
monsieur le princebd comte D E G H a de Vaudemont et à celuy des Neapolitains4
lesquels fondants dans l'armee de Boheme, ils la mirent en route5, le reste des
Imperiaus n'ayants afairebe plus a qu'à tuer sans trouver aucune resistance. Le marquis de
Colligny, le comte de Pontgibault6, le vidasme Daneval et plusieurs autres françois y ont esté et
paru dignes de porter le nom de subjects de Vostre Majesté. Pontgibault y a esté blessé mais fort
peu. Lebf ce B D F G H a jour mesme, Sire, les Imperiaus allerent droit à Prague où ils ont fait ce que Vostre
Majesté verra par les copies que nous envoyons. Il y a cent treize
enseignes ou cornettes de prises, dix canons, le fils
du prince d'Anhalt et huict àbg ou G neuf mil hommes bh de
G H tuez.
[3.] Mais, Sire, à la verité, outre que Dieu y a monstrébi tesmoigné G H qu'il est celuy des armées, si fault il avouer que l'empereur tient ceste victoire des mains de Vostre Majesté, car sans le traicté d'Ulme, le duc de Bavieres ne pouvoit venir à son secours; et cela estant le comte de Buquoy reduit à une telle necessité qu'il eust esté contrainct de se retirer de Cremsbj Olmutz G ; Crems, corrigé en Olmutz H et venir chercher la vie de ses soldats aux faulxbourgs de ceste ville, d'où il s'ensuivoit que la religion catholique estoitbk ce qui eust porté le dernier prejudice à la religion catholique a perdue en ce pais et l'empereur reduit dansbl à B D E F G H a des extremités si grandes qu'elles ne se peuvent exprimer. Ceste victoire, quoy qu'elle soit tres grande, toutesfois l'opiniastreté de ces peuples rebelles et qui ne peuvent souffrir la domination d'Espagne est telle que tirant party de leur desespoir, ils ne songent à rien moins qu'à se remettre dans l'obeissance et protestants de chercher leur remede où ilz trouveront leur ruinebm leur perte et ruine infailible a n'ont que le Turban7 dans leur pensée, aiants sommé Bethleem Gabor de leur tenir promesse et envoyer les soixante mil Tartares, Turcs, Hongrois ou Transylvains quibn qu'il D G leur est obligé de fournir moiennant la somme de quatre cents mil florins de laquelle ils ne bo luy G H sont plus redevable que de vingt que l'on tientbp retenoit a icy qu'ils luy ont envoyée. Neantmoins nous esperons que le voyage de monsieur de Preaux aura proffité sur ce subjectbq à cet esgard a et que ledit Bethleem se resoudra à quelque accord. De quoy Vostre Majesté sera advertie tout aussy tostbr G H Omis .
[4.] Cependant l'on tient icy que l'empereur va faire un voyage d'un mois à
Salsebourg pour bs y B C D E F G H a voir le duc de
Bavieres et bt y D E F G H a conferer d'afaires avec autres princes de la ligue
catholique. Cela nous laisse en suspens et bien oysifs et mesme avec
creance que les affaires prosperants et l'ambassadeur
8
9
d'Espagne disant tout hault qu'il fault achever par les
armes que nous nebu G H Omis soyons icy au mespris de ce
qui regarde Vostre autorité.
C'est à Vostre Majestébv Vostre Majesté. C'est à vous G H d'en ordonner et à nous debw d'y B D E F G H a rendre nos obeissances dans lesquelles nos vies seront tropbx tres G H bien employées pourveu qu'elles soient agreables à Vostre
Majesté, à laquelle apres avoir tesmoigné l'extreme contentement que
comme ses tres humbles etby G H Omis tres fideles serviteurs, nous avons receu de l'heureus progres de
ses voyages.
Nous suplions àbz suplions F G H ; prions a Dieu qu'il luyca y G H augmente ses graces, demeurants jusques au tombeaucb dernier soupir a , de Vostre Majesté
Sire
cc Vos G H ; les a Tres humbles, tres obeissants et tres fideles subjects et serviteurs
[5] cd Nous prenons la liberté d'envoyer à Vostre Majesté avec cette depesche, un discours raisonné sur l'estat present des troubles d'Allemagne, apres cette victoire si considerable de l'empereur contre le prince palatin et luy representons avec tout respect, ce que nous estimons par sa grande prudence qu'il y ait à faire en cette occurrence si importante, laquelle change sans doute la face des affaires de la pluspart des princes de la Germanie. a