École des chartes » ELEC » Correspondance active des duc d'Angoulême, comte de Béthune et abbé de Préaux avec l'autorité royale » Année 1621 » Des trois ambassadeurs à Puisieux

Des trois ambassadeurs à Puisieux

. — Vienne

1. Nécessité d'un traité de paix pour la sauvegarde de la Hongrie et pour y éviter une toute-puissance impériale. 2. Envoi d'ambassadeurs de la part des princes unis auprès de l'empereur. 3. Refus de l'empereur d'accorder au duc de Neubourg les biens du palatin ainsi que sa dignité électorale. 4. Bonnes relations avec les autres ambassadeurs.

Original
  • l-73-A . BnF, fr. 15931: fol. 172-165.
Copies XVII e siècle
  • l-73-B . BnF, fr. 3972: fol. 342v-343v.
  • l-73-C . BnF, NAF 7064: fol. 491r-493r.
  • l-73-D . BnF, Dupuy 205: fol. 260r-261r.
  • l-73-E . BnF, fr. 23560: fol. 401v-403v.
Edition
  • l-73-a . Ambassade extraordinaire de messieurs les duc d'Angoulesme, comte de Béthune et de Preaux Chasteauneuf: envoyez par le roy Louis XIII vers l'empereur Ferdinand II et les princes et potentats d'Allemagne, en l'année M.DC.XX, Henri de Béthune [éditeur] [Paris, F. Preuveray], 1667: p. 543-545.

Monsieur

[1.] Par la lettre que nous avons receue du roy du 4e mars et la vostrea nostre a du mesme datte1, nous jugeons bien que les armes d'Espagne s'eslevant comme elles font, non seulement Sa Majesté en doit avoir jalousie mais yb B D E Omis mettre une barre pour en arrester les prosperitez, comme aussy tousc D E a Omis les princes, qui de naissance sont souverains, dans une juste crainste de leur domination rechercheront toutes sortes de moyens pour s'i opposer. Mais, Monsieur, comme tres humbles et tres fideles subjects du roy assez cognoissantsd instruits et informés a des affaires de deça pour en dire nos advis, jamais la guerre de Hongrie ne sera capable de donner divertissement à leurs armés, la situation de ce royaume estant dans les extremitez de ceux de l'ampereur et les regnicoles2 si incapables de faire mal à autruye leur faire mal a sans le secours de leurs voisins qu'il fault infailliblement ou qu'ilz se soubzmettent à la puissance du Turc, mal irreparable pour la chrestienté, ou que l'empereur entrant dans leur pais comme il l'eust faict sans les treves qu'avons obtenues, il s'en fut rendu le maistre par la force d'où il s'en feust ensuivi une loy d'heredité comme la victoire de Prague la luy a faict imposer dans la Boheme, Silesie, Moravie, n'apellant ces provinces dans tous les decretz qu'il expedie que son royaulme hereditaire où si la paix s'execute en Hongrie, et de laquelle nous n'avons entreprins le traicté qu'avec le pouvoir et commandement du roy, d'un costé le Turck en sera exclus et de l'autre l'empereur n'y aura la puissance que selon les formes antiennes du pays, lesquelles mi partissent entre le roy et les Estatz l'entiere puissance et autorité. C'est avec ces raisons que nous avons jugé devoir obeir aux commandements de Sa Majesté et faisant recognoistre f son authorité C D E a en pays si esloignez servir à l'accomodement d'une paix qui se fust ou faicte par la necessité ou se venant à manquer voir des pais libres devenus esclaves de la maison d'Austriche d'où elle se feust rendue encore plus puissante. Nous poursuivrons donc d'en veoirg Nous poursuivons donc d'en veoir E ; Nous continuons donc nos soins pour tascher d'en venir à a une fin. Pour cet esfect

<subst> monsieur de Preaux et moy monsieur d'Angoulesme et de Preaux </subst>
sommes venuz icy ayants laissé monsieur de Bethune un peu malade à Hambourg où nous suivrons l'intention du roy, car si la paix, laquelle pourh par B C D E a la dureté et mauvaise forme de negocier des Imperialistes i nous D E a croions tres difficille, ce fait, l'empereur luy en aura entiere obligation et le prince de Transilvaniej Bethleem B C D E a tiendra son accomodement sans lequel il est perdu et tout le pays de la main de Sa Majesté.

[2.] Quand aux affaires de l'Empire elles s'i manifestentk paroissent a de jour en jour plus floibles du costé des princes uniz, lesquelz nous apprenons devoir envoyer icy des ambassadeurs pour traicter avec l'empereur qui sont le comte de Solmes, Bunickhausen et le chancelier[omitted]3 tant du restablissement de l'electeur palatinl du palatin B C D E ; du Palatinat a en ses bienz que de la seureté pour eux en leurs estats. Strasbourg semble se vouloir desunir d'avec eux et l'assemblée tenue à Sequemberque conclud aux suplications avant que d'en venir à une formelle opposition.

[3.] Le duc de Neubourg est icy depuis dix jours pour negocierm requerir B D E a l'investiture des terres de l'electeur palatinn du palatin B C D E a avec l'electorat. Ses raisons sont fondées sur les anciennes o constitutions C D E concessions et promesses qu'il dit avoir de longue main des empereurs. A quoy Sa Majesté Imperiale, apres plusieurs remises, a respondu que le bien luy estant acquis par confiscation et le crime estant de leze majeste, il se vouloit attribuer ledit bien et se l'approprier et conserver pour luy mesme. Maisp E Omis c'est plustost une deffaicte4 qu'une raison, car toutes les constitutions de l'empire y repugnent. Aussy ledit de Neubourg lequel est tres inteligent en negociations et pressant pour ses interests, a donné de grandes replicques. Cet affaire trouble et mest en peine q et B C D E l'empereur et tous ses ministres par ce que d'un costé le duc der B D E a Omis Bavieres qui pretend ce tiltre les tient attachez par de grandes sommes de deniers et de l'autre que la commission de l'execution du ban5 estant donnée à l'archiduc Albert c'est à dire à Espagne, l'empereur n'a plus la puissance d'en disposer. Ledit de Neubourg nous a visitez et parlé de ses affaires, comme esperant que le roy ne luy seroit contraire mais s'en est plus eslargy avant nostre arrivée avecs à a monsieur de Baugy auquel il a prié mais comme de luy mesme qu'il voulust pressentir si l'intention du roy seroit de luyt l'y C D E a assister.

[4.] Il est arrivé icy un ambassadeur ordinaireu C D E a Omis de Venise lequel nous a envoyez visiter et qu'apres qu'il aura eu audiance, il le fera en personne. Nous luy avons rendu le semblable ce que nous continuerons aux occasions. Savoye s'est resjouye avec nous de l'honneur que Sa Majesté a fait au cardinal6. Et nous esperons que par le premier ordinaire nous vous donnerons advis certain de l'accomplissement de nos desirs qui ne tendent qu'à servir où il nous sera commandé v par Sa Majesté a , mais à la verité aupres du roy auquel par nos voeux deubs et accoustumezw a Omis demandons à Dieu sa conservation et augmentation dex des B ; de ses a prosperitez et qu'il s'offre occasion continuant nos tres humbles services où nous puissions vous tesmoigner y en vostre particulier a que nous sommes

Monsieur

Vos bien humbles serviteurs

Charles de Valois

Preaux

z D E a Omis

a nostre a. b  B D E Omis. c  D E a Omis. d instruits et informés a. e leur faire mal a. f son authorité C D E a. g Nous poursuivons donc d'en veoir E ; Nous continuons donc nos soins pour tascher d'en venir à a. h par B C D E a. i nous D E a. j Bethleem B C D E a. k paroissent a. l du palatin B C D E ; du Palatinat a. m requerir B D E a. n du palatin B C D E a. o constitutions C D E. p  E Omis. q et B C D E. r  B D E a Omis. s à a. t l'y C D E a. u  C D E a Omis. v par Sa Majesté a. w  a Omis. x des B ; de ses a. y en vostre particulier a. z  D E a Omis.

1 Ces deux lettres écrites le 4 mars ont été reçues par les ambassadeurs à Vienne le 27 mars. On en trouve des copies dans les manuscrits (la lettre du roi est présente uniquement dans les quatre premiers manuscrits): fr. 3972 (fol. 338r; fol. 339r), NAF 7064 (fol. 483r; fol. 484v), Dupuy 205 (fol. 256r; fol. 256v), fr. 23560 (fol. 396v; fol. 397r), fr. 23562 (p. 1027), fr. 7098 (fol. 415r), fr. 23559 (fol. 253r).
2 Régnicole: sujet né et domicilié dans un royaume, avec le dessein d'y finir ses jours, sauf s'il a obtenu des lettres de naturalité. Au contraire, un sujet installé définitivement dans un autre royaume n'est plus considéré commer régnicole mais comme aubain. Seuls les régnicoles peuvent posséder des offices et bénéfices dans ledit royaume et succéder à ses parents, tant dans leur office que dans l'administration de leurs biens.
3 Christian d'Anhalt-Bernburg est alors chancelier de l'électeur palatin. Cependant seuls Solms et Buwinckhausen vont se rendre à Vienne
4 Défaite: excuse, échappatoire.
5 Il s'agit de l'exécution du ban impérial prononcé à l'encontre de l'électeur palatin, du prince d'Anhalt, du margrave de Jägerndorf et du comte de Holac. Pour rendre cette mesure de bannissement effective, l'empereur doit faire appel à l'armée, et ici aux troupes de l'archiduc Albert.
6 Le roi a envoyé le 10 février 1621 au cardinal Maurice de Savoie un brevet de la protection des affaires de France en le priant de s'en bien prévaloir aux occasions qui s'y présenteront, à savoir l'affaire de la Valteline.