De Béthune à Villiers

Monsieur

[1.] Ancore que je n'aye poinct eu de voz lettres ceste sepmaine, je n'ay voulu neantmoings manquer de continuer à vous faire part de ce qui se passe icy qui est que proprement, nous ne ferons rien consommant le temps en des longueurs sans subject de quoy nous ennuyans, nous avons aujourd'huy declaré aux partyes c'est à dire aux commissaires de l'empereur et du prince de Transilvanye que sy pour toute la sepmaine prochaine ilz ne resolvoyent, nous estions resoluz de nous retirer pour parler franchement. Je recognois que l'empereur estimant qu'il luy sera plus advantageux de rantrer dans la possession de la Hongrie par la force, il se prepare à la guerre. Le prince de Transilvanye se promect secours du Turcq pourveu que la chrestienté n'en receust domage, il n'y auroit pas grand danger que la maison d'Austriche eust icy de l'exercice puisque le roy d'Espaigne qui en est le chef nous procure en la Valtoline ce que nous voyons, mais que j'espere qui retournera à sa confusion et que ces peuples assistez reconnoistront leur faulte et se retireront de l'ingratitude de laquelle ilz avoient commancé à user vers nous.

Je vous baise les mains et suis tres veritablement

Monsieur

Vostre

[Bethune]