École des chartes » ELEC » Correspondance active des duc d'Angoulême, comte de Béthune et abbé de Préaux avec l'autorité royale » Année 1620 » De Préaux à Puisieux

De Préaux à Puisieux

. — Vienne

1. Voyage de Préaux en Hongrie et crainte que les Hongrois s'allient aux Turcs. 2. Demande d'un pouvoir de la part du roi afin de pouvoir venir à un traité avec Bethlen, l'électeur palatin, la Bohême, le royaume de Hongrie et l'empereur. 3. Difficulté de maintenir l'honneur du roi dans cet essai de négociation.

Original autographe
  • l-50-A . BnF, fr. 15930: fol. 514-515.

Monsieur

[1.] Je ne puis laisser escouler ceste année sans vous renouveler les veus de mon affection et de mon tres humble service à vous asseurer de l'entier puissance que vos bienfaits et vostre bon naturel vous ont aquis sur moi; que me contantan de l'advouer pour n'en estre point ingrat, puisqu'il ne me reste autre moien de le vous tesmoigner, vous verés par nostre despesche commune comme je faict un second voyage en Hongrie vers ce prince de Transilvanie duquel je vous envoi le portraict avec ceste occasion et vous dirai que j'apprehende que lui et la plupart des seigneurs de l'Hongrie se jettent plustost entre les bras et la protection du Turc que non pas celle de la maison d'Austriche de laquelle je les trouve entierement esloignés pour la crainte qu'ils ont qu'ils ne se resentent avec le temps de leur rebellion; que neantmoins puisque Sa Majesté les exhortoit à la paix, ils me promettoient de entendre pourveu qu'elle fust mediatrice des conditions et comme caution de l'observation d'icelles par l'empereur de la facilité duquel ils se mefie plus que de sa bonté comme du pouvoir que les Espagnols ont sur lui.

[2.] C'est pourquoi nous vous depeschons Pico affin que s'il plaist à Sa Majesté que nous continuions soubs son nom ce que nous avons commencé en Hongrie, qui lui plaist nous envoier un pouvoir dedans lequel j'estime que debvés comprendre tant nous, le prince palatin, la Boesme que le prince de Transilvanie et le roiaume de Hongrie pour intervenir au traicté de paix general qui se fera entre eux et l'empereur ou bien en autres traictés particuliers qui se feront entre le prince de Transilvanie, le roiaume de Hongrie et l'empereur. Quant à la clausse qu'ils demandent de Sa Majesté qu'elle veuille estre caution des choses qui leur seront promisses par l'empereur, comme l'empereur ne nous requiert point de repromettre la garantie des conditions que leur offrira pour lui, mais seullement que nous voulions estre mediateurs d'icelles, je ne scai comment le pouvoir que nous serons obligés de communiquer aus deux parties pouroit contenir cette clausse; ainsi il me semble qu'il suffist que à la fin d'icelui il i ait clausse generalle de plaine puissance de pouvoir faire et promettre au nom de Sa Majesté tout ce que nous reqerons estre necessaire pour le bien de la paix et seureté du traicté avec clausse de ratifier et avoir agreable tout ce qui sera par nous faict et stipulé.

[3.] Pardonnés moi, Monsieur, si je vous ouvri si au long ce qu'il me semble de ce pouvoir, n'estant que mon advis que je sousmet à vostre correction, n'estoit qu'afin que vous soiés mieus informé de l'intantion du prince de Transilvanie et Estats d'Hongrie, je ne vous dit rien de ce que nous vous escrivons en commun de monsieur de Baugy. Vous savez comme je suis facille à me confermer à tout ce que l'on m'ordonne, mais il seroit difficile que parmi plusieurs deputés de roys et de princes nous lui pussions conserver le rang qu'il pretend avoir en toutes assemblés meme chatiment apres nous, sans mesme vouloir ceder à l'ambassadeur d'Angleterre et que je ne croi pas qu'il peut maintenir avec raison. Mais quant nous lions cela à nostre conduitte, je vous supplie de croire que nous tascherons touiours à l'honorer autant ou plus qu'il sauroit desirer comme nous avons faict jusques ici et à tout subject dire, louer de nostre procedure laquelle messieurs mes collegues et moi mettrons peinne de continuer comme je scuis de ma part mes soins et mon obeissance à meritter tousjours la continuation de vos bonnes graces, estant

Vostre tres humble et tres affectioné et obligé serviteur

Preaux