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CCCCLXXXVIII

Don à Jean Chauveteau, de Brossac, des biens confisqués sur Denis de La Touche, en Anjou.

  • B AN JJ. 100, n° 26, fol. 16 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 36-38
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à tous, presens et. avenir, [p. 37] nous avoir receu l'umble supplication de Jehan Chauveteau, de Brochessac, contenant que comme il ait esté et soit bon françois et loyal, et tous dis tenu nostre parti, et pour ce ait perdu ses maisons, terres, possessions et demainnes estans près du fort de Viers1, qui est en la frontiere de Guyenne, lequel fu prins et detenu longuement par noz ennemiz ; pour occasion de laquelle chose il est miz à telle povreté qu'il n'a de quoy vivre ne dont soustenir son petit estat, si comme il dit, en nous suppliant humblement que sur ce luy veuillons pourveoir, et en remuneracion de ce lui donner et octroier les terres, rentes et autres possessions que soloit tenir en la duchié d'Anjou Denys de La Touche, à nous confisquées et acquises par la fourfaiture du dit Denys qui s'est rendu nostre ennemi et rebelle, en tenent le parti de Edouart d'Angleterre et de Edouart, son fil ainsné. Les quelles possessions par comune estimacion ne puent pas valoir par an x. livres tournois ou environ. Nous, eue consideracion aus choses dessus dictes, voulans le dit Jehan estre relevé de partie de ses dommages, à icelui avons donné et octroyé, donnons et octroyons, de certaine science et grace especial, par ces presentes, les diz heritages du dit Denys, à tenir et poursevir par lui ou ses hoirs, ou ayans cause de luy hereditablement, en la maniere que les tenoit le dit Denys, avant qu'il se rendist nostre ennemi ou rebelle. Pourveu que, se par paix, accort ou traitié fais entre nous et les diz Edouars, ou autrement, avenoit que chascun revenist à sa terre, il ne nous puist pour ce demander aucune restitucion. Si [p. 38] donnons en mandement au seneschal d'Anjou et du Maine, et à tous les autres justiciers de nostre royaume, ou à leurs lieux tenans, presens et avenir, que le dit Jehan mettent ou facent mettre en possession et saisine des dictes possessions du dit Denys et en icelles le gardent et maintiengnent, en l'en faisant joir et user paisiblement, et contre la teneur de nostre presente grace ne le contraignent ou molestent en aucune maniere. Et que ce soit, etc. Sauf, etc. Donné à Paris, le iiiie jour de janvier l'an de grace mil ccc. soixante nuef et de nostre regne le vie.

Ainsi signée : Par le roy en ses requestes. De Beaufou. — Visa. L. de Faya.


1 Il y a dans la commune de Thurageau en Mirebalais un hameau de Brossac et un hébergement de Villiers (aujourd'hui ferme) qui a pu être fortifié au xive siècle ; mais on ne saurait affirmer qu'il s'agisse de cette dernière localité. Peut-être même serait-il plus sûr d'identifier ce lieu avec Vihiers (Maine-et-Loire), dont le nom est souvent écritViers dans les textes de l'époque, et où il y avait certainement un château fort. (Voy, C. Port, Dict. hist. et géogr. de Maine-et-Loire, t. III.) Vihiers put tomber au pouvoir des Anglais, lors de l'expédition du comte de Pembroke sur Saumur, en septembre 1369. (Froissart, édit. Luce, t. VII, p. lxxxi, et 189-190.)