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DLXXXVII

Rémission en faveur de Girardin de La Poype, qui avait servi contre la France sous Charles d'Artois, en Poitou et en Touraine, et avait pris part aux excès commis par sa bande.

  • B AN JJ. 107, n° 284, fol. 138
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 380-382
D'après a.

Charles, etc. Savoir faisons à touz, presens et avenir, nous avoir esté signifié de la partie de Girardin de La Poype1, escuier, que par long temps il a esté serviteur de nostre très chier et amé cousin Charles d'Artois, conte de [p. 381] Pesenas2, et cedit temps durant, en la compaignie de Gascoins et autres estanz avecques le dit nostre cousin et soubz son gouvernement, il a esté à Champigny3 et ailleurs ou païs de Guienne et de Tourainne, là où pluseurs vivres et autres biens ont esté prins sur pluseurs noz subgiez et autres, desquelx vivres et biens il a aidié à despendre partie, sanz ce qu'il ait bouté feux, violé ne ravi femmes, ne murdri aucun, ne commis autre crime. Et pour ce doubte le dit signifiant que il n'en soit molestez ou empeschiez ou temps avenir, si comme il dit, en nous humblement suppliant, comme, pour occasion de son dit service de nostre dit cousin, il ait convenu faire ce que dit est et n'aist entencion de renchoir en telx euvres, ainçoiz ait voulenté et affection de nous loyaument servir, tant en noz gueres comme autrement, nous sur ce lui vueillions eslargir nostre grace. Nous adecertes, pour consideracion de ce que dit est, qui ne voulons en ceste partie garder rigueur de justice au dit signifiant ou dit cas, avons remis, quictié et pardonné, et de grace especial remettons, quictons et pardonnons les diz faiz, avecques toute peinne et amende corporelle, criminelle et civile, que pour ce il puet avoir encouru envers nous, et satisfait premierement et avant toute euvre à partie bleciée, nous le restituons au païs, à sa bonne renommée et à ses biens quelxonques, parmi ce que devant celui de noz juges qui cognoistre [p. 382] devra ordinairement de la visitacion de ces presentes, le dit signifiant jurra et sera tenuz de jurer que doresenavant il se abstendra de faire telles ou semblables euvres et que jamais n'y rencherra, et se il enchiet, ceste presente grace nous voulons estre de nulle valeur. Si donnons en mandement au bailli des Exempcions de Touraine, d'Anjou, de Poitou et du Mainne, et à touz noz autres justiciers, ou à leurs lieuxtenans et à chascun d'eulx, si comme à lui appartendra, que le dit signifiant facent et seuffrent joir et user paisiblement de nostre presente grace, sanz le molester ne contraindre, en corps ne en biens ; et s'aucuns de ses biens estoient pour ce saisiz, prins, levez ou arrestez, qu'il lui mettent à plainne delivrance. Et imposons sur ce silence perpetuel à nostre procureur. Et pour ce que ce soit ferme chose et estable à tousjours, nous avons fait mettre nostre seel à ces presentes lettres. Sauf en autres choses nostre droit et l'autrui en toutes. Donné à Paris, ou mois d'octobre l'an de grace m. ccc.lxxv. et de nostre regne le xiie4.

Es requestes de l'ostel. Henry. — F. de Metis.


1 La famille de La Poype ou de La Poipe est originaire de Dauphiné. La Chenaye-Desbois a donné sa généalogie. Le nom de Girardin n’y figure point à cette époque. Suivant ce recueil, Girard de La Poype, seigneur de Serrières et de Tossieu, mourut en 1336, laissant cinq filles et un seul fils, Jean, qui testa le 24 avril 1397. (Dictionnaire de la noblesse, t. XI, p. 485.)
2 Charles d'Artois, comte de Longueville et de Pézenas, 5e fils de Robert III d'Artois, comte de Beaumont-le-Roger, et de Jeanne de Valois, fille puînée de Charles de France, comte de Valois. Il fut fait prisonnier à la bataille de Poitiers. Nous avons dit quelques mots de sa rébellion et des excès commis par ses partisans, dont les principaux furent le sire de Mussidan et le sire d'Aubeterre, dans le précédent volume, p. 280 note, 360 et note 2. Il sera question ci-dessous de sa femme, Jeanne de Bauçay, et des démêlés au sujet de sa terre de Sainte-Néomaye avec Alain de Beaumont, de 1381 à 1385. Charles d'Artois mourut entre ces deux dates. (Voy. plus loin, sous le n° DCII, des lettres du 10 février 1377 n. s.)
3 Il s'agit de Champigny-sur-Veude, dont Charles d'Artois était seigneur du chef de sa femme.
4 A la suite on lit : « Autre semblable et semblablement signée pour Philebert Froissart, escuier » (n° 285).