[p. 240]

DXLIII

Anoblissement pour Jean Bigot, maire de Poitiers.

  • B AN JJ. 104, fol. 19
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 240-241
D'après a.

Item une pareille nobilitation pour Jehan Bigot1, à present [p. 241] maire et bourgois de nostre ville et cité de Poitiers. Signé et donné comme dessus2.


1 Jean Bigot fut également maire l'année suivante, si l'on peut ajouter quelque foi aux listes existantes. Celle du manuscrit 20084 de la Bibl. nat. porte son nom encore à l'année 1374. Nous avons démontré, dans la note précédente, que c'est une erreur et que Jean Regnault fut de nouveau maire cette année-là. L'anoblissement personnel de Jean Bigot mentionné ici coupe court aux prétentions émises dans un mémoire sur la famille Bigot, dont parlent MM. Beauchet-Filleau (Dict. des familles de l'anc. Poitou, t. 1, p. 350, 351). Jean fut seigneur de Clazay et épousa, suivant le même auteur, Agnès de La Forêt, dame de Brion, qui lui donna trois fils. Ses armes étaient échiquetées d'argent et de gueulles.
Un Jean Bigot, chevalier, appelé parfois le Bigot (nous ne saurions dire s'il s'agit du maire ou d'un personnage différent), eut plusieurs affaires au Parlement, dont une fort curieuse, que nous avons déjà mentionnée dans une note du précédent volume, p. 352. Dans la première, il s'agit de cas civils et criminels non specifiés ; Jean Bigot avait pour adversaires Alaudon Vigier et André Levraut, écuyers de Poitou, qui étaient appelants d'une sentence du connétable et s'étaient constitués prisonniers à Paris. Par mandement du 16 décembre 1373, la cour les élargit jusqu'à nouvel ordre (X2a 8, fol. 344 v°). Les faits de la seconde remontent à une époque antérieure à la réduction du Poitou, et on pouvait opposer à Bigot l'amnistie générale qui avait été accordée, en décembre 1372, par le traité conclu entre le roi et les trois états de la province. Ce procès criminel avait été porté en appel du siège du bailliage des Exemptions de Poitou, Touraine et Anjou, au Parlement de Paris. Jean Bigot était châtelain de Mareuil (nous avons dit Moreille précédemment ; les textes latins portent castrum de Marolio ou de Morolio) pour Amaury sire de Clisson, du temps que les Anglais étaient maîtres du Poitou. Un jour, pendant qu'il était à la messe dans l'église de la localité, des hommes d'armes, qui s'étaient introduits dans la place par ruse, les uns couchés dans des charrettes recouvertes de fagots, les autres portant sur leurs épaules des barils de vin, le firent prisonnier, s'emparèrent du château et dépouillèrent le châtelain de tout ce qu'il y possédait. Celui-ci poursuivait Pierre de Velors, Jean Pascaud, Jean Meschin, Jean de La Forêt, Gilles Berchou, sieur de Puiset, et Jean de Bègues, « super facto capcionis persone sue, ablacionisque bonorum suorum et aliorum dampnorum, necnon occupationis castri de Mavolio in Pictavia, cujus erat capilaneus, dum ducatus Aquitanie erat in manibus principis Wallie ». Il avait été retenu prisonnier pendant dix-huit mois et estimait à 8,000 francs la valeur des biens qui lui avaient été enlevés ; il réclamait en outre 3,000 francs et 100 marcs d'argent qu'il avait dû payer pour sa rançon. Un accord intervint, le 10 juin 1376, entre le demandeur et les quatre premiers accusés. Ceux-ci s'engagèrent à lui payer en trois termes la somme de 900 francs d'or pour ses dommages et intérêts (X1c 32). Gilles Berchou et Jean de Bègues n'avaient point accepté cette convention, et les poursuites continuèrent contre eux et plusieurs autres. Le 18 février 1380 n. s., ils furent de nouveau ajournés au Parlement (X1a 29, fol. 214), et l'affaire n'était pas terminée le 16 juin 1385. A cette date, on trouve de curieuses plaidoiries. Les défendeurs prétendent qu'ils ont agi d'après l'ordre du sénéchal de Poitou, parce que, malgré un traite conclu entre le prince de Galles et le sire de Craon, la garnison de Mareuil courait sus aux marchands qui passaient dans le voisinage et ruinait le pays, que d'ailleurs le château fut par eux remis entre les mains du sire de Craon qui en confia alors la garde à Jean de Rougemont, chevalier de Bourgogne. Ils disaient encore que cette mission ne leur avait rien rapporté, « et s'aucune chose en orent, ce fu par l'ordenance du sesnechal de Poitou ». Bigot répond que lors de cette affaire, il y avait guerre ouverte et déclarée entre la France et l'Angleterre, et qu'il n'était pas licite aux défendeurs d'obéir aux ordres du sénéchal anglais, et que d'ailleurs ils ne faisaient pas foi de leur commission par écrit. Ceux-ci répliquent et disent qu'en l'an 1370, il « n'y avoit nul tant fut grand, fut viconte de Thouars, ou sire de Partenay, qui osast désobéir au seneschal de Poitou. » (X1a 1472, fol. 286.) En 1375, Jean Bigot, chevalier, soutenait un troisième procès criminel contre Jean Sanglier, seigneur de Sainte-Gemme, dont nous avons dit un mot ailleurs, dans une note relative à ce dernier personnage.
2 Ces lignes suivent immédiatement sur le registre du Trésor des Chartes les lettres données en faveur de Jean Regnault.