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DXXVI

Restitution à Jean de Bauçay, chevalier, de la terre qu'Amaury, son père, avait été contraint d'abandonner à Gautier Spridlington.

  • B AN JJ. 103, n° 367, fol. 177 v°
  • a P. Guérin, Archives historiques du Poitou, 19, p. 157-159
D'après a.

Charles, par la grace de Dieu roy de France. Savoir faisons à tous, presens et avenir, que, consideré la requeste de Jehan de Baussay, chevalier, fils de Almaurry de Baussay1, chevalier, contenant que entre pluseurs grans pertes et dommages que son dit pere ot et soustint pour le fait de noz guerres, ès quelles il nous a bien longuement et loyaument servi, il fu prins par noz ennemis englois et tenuz prisonnier à Clavieres2 près de Poitiers, ès fers et en la [p. 158] fosse tellement et si durement que il le convint raençonner à la somme de sept mille viez escus de Philippe, pour lesquelx paier et soy acquitter de pluseurs obligacions où il estoit obligiez à cause de sa dicte raençon, il vendi à Phelipon le Boulengier six vins sextiers de fourment de rente à la mesure de Lodun, par le pris de cinq cens frans, parmi ce que le dit Almaurry povoit retraire la dicte vente et rente dedans certain temps, pendant lequel le dit Phelipon moru, et se remaria sa femme à Guautier Sparlinton, anglois, tenant le parti de Eddouart d'Angleterre, le quel Gautier fut forment requis de par le dit Almaurry qu'il le receust au retrait de la dicte rente, ainsi comme le dit Phelipon, paravant mari de la dicte femme, lui avoit promis et accordé, dont il ne voult riens faire, mais une foys escript par ses lettres au dit Almaurry qu'il alast parler à lui à Poitiers, lequel cuidant que ce fust en bonne en tencion et qu'il le vousist traictier amiablement de ce qu'il avoient à faire ensemble, y ala, et si tost comme il y fu le dit anglois le print par sa force et le detint prisonnier jusques à ce qu'il li eust delaissiée toute sa terre qu'il avoit en Guyenne, c'est assavoir ès seneschaucies de Poitou et de Xantonge, et autrement ne le voult delivrer ; et la dicte terre a le dit anglois tenue jusques à naguerres que le païs est venuz à nostre obeissance, qu'il s'en est departis et ralez à l'obeissance du dit Edouart d'Angleterre, par quoy ses biens sont demourés au païs et en nostre povoir, entre les quelx est la dicte terre, et pour ce nous sont demourés confisqués ; en nous humblement suppliant que le dit Jehan de Baussay, comme il et son dit pere nous aient ou temps passé, au plus diligenment et curieusement qu'il ont peu, servi et exposé leurs corps contre noz ennemis et en noz guerres, et par ce moult fraié et perdu, et encores y est et sert ycellui suppliant soubz le gouvernement de nostre connestable, nous, afin qu'il ne demeure desherités de la dicte terre de son dit pere, le veillons à ycelle restituer [p. 159] Nous qui le dit suppliant des pertes et services dessus dis voulons aucunement estre remuneré, en recompensacion d'iceulx, au dit suppliant avons donné et octroyé, donnons et octroions, de nostre certaine science, auctorité royal et grace especial, par ces presentes, la terre dessus dicte avec ses appartenances, la quelle fu au dit Almaury, son pere, et la quelle tenoit ainsi le dit anglois, comme dit est. Et donnons en mandement à tous noz officiers et justiciers, presens et avenir, et à chascun d'eulx, si comme à lui appartendra, ou à leurs lieuxtenans que la dicte terre ilz li baillent et delivrent, et d'icelle et de nostre present don et grace le facent et laissent user et joir paisiblement, sans l'empeschier ou souffrir estre molesté ou empeschié au contraire, non obstant dons fais ou à faire ou temps avenir de la dicte terre. Et pour que ce soit ferme et estable chose à toujours, nous avons fait mettre nostre seel à ces presentes lettres. Sauf ès autres choses nostre droit et l'autrui en toutes. Donné à Paris, en nostre chastel du Louvre, l'an de grace mil ccc. lxxii, et de nostre regne le ixe, le xxvie jour du mois de novembre.

Recourt. — Par le roy, en ses requestes. Hugo.


1 Voy. sur ces deux personnages les nos CCCCXCVI et DIX ci-dessus. Les présentes lettres sont la ratification de la promesse que leur a faite le roi en mai 1371 (ci-dessus, p. 91).
2 Les faits dont il est ici question sont peut-être antérieurs en partie, du moins en ce qui touche la captivité d'Amaury, au traité de Brétigny. Nous avons vu que Clavières tomba entre les mains des Anglais dès les premiers jours de l'année 1357 (vol. précédent, Introduction, p. xl).